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Pour un salut, il tue son collègue

Sitôt informé, le chef de l’arrondissement demande à ses agents de se rendre au siège de ladite société à Hay Mohammadi.
Devant l’entrée, des employés, l’air consterné, attendent leur arrivée. Certains d’entre eux ont même les larmes aux yeux. Il y a également un attroupement de badauds.
Une fois sur les lieux du crime, dans la rue, les limiers découvrent le cadavre d’un homme gisant dans une mare de sang. A ses côtés, un homme agenouillé, en sanglots. Les policiers remarquent deux blessures béantes sur le cadavre : une au niveau de la poitrine et l’autre au niveau du cœur.
Après avoir informé le procureur du Roi, le chef de l’arrondissement alerte le chef de district de la PJ de Aïn Sebaâ-Hay Mohammadi et le responsable de l’institut médico-légal, qui s’attelèrent à trouver des réponses aux questions posées par le crime.
Les employés encore attroupés à l’entrée de l’entreprise sont pétrifiés. Ont-ils vu celui qui a poignardé la victime ? Non. Quelques-uns parmi eux ont assisté au crime, mais ils ne sont pas en mesure d’en parler avec clarté. Jusqu’à ce que le jeune homme qui sanglote près du cadavre déclare, de son plein gré, les yeux débordant de larmes: «C’est moi qui l’ai tué, je le regrette mais je l’ai fait…».
Le jeune homme qui se prétend le meurtrier tend alors aux policiers un couteau souillé de sang, avant de présenter ses poignets pour recevoir les menottes.
Après l’évacuation du cadavre par un fourgon mortuaire, les policiers conduisent le suspect au commissariat de police de la rue Zoubir Bnou Al Awame (quartier des Roches-Noires). Son interrogatoire peut alors commencer. Les enquêteurs n’auront aucun mal à faire la lumière sur les circonstances du meurtre dans la mesure où le mis en cause se montre extrêmement coopératif.
Originaire d’Ouarzazate, le jeune homme se prénomme Ali, il est âgé de trente ans et n’est pas marié. Sérieux, calme, jusque-là sans problème, cela fait quatre ans qu’il est employé par cette société où il jouit d’une bonne réputation. Pourquoi donc est-il arrivé à perpétrer un acte aussi terrible ?
«Je ne sais pas au juste, mais le comportement de l’homme que j’ai tué ne me paraissait pas normal…», lâche-t-il aux policiers.
La victime s’appelle Youssef. Originaire de Marrakech, il était âgé de vingt-neuf ans et n’était pas marié, lui non plus.
Il avait été recruté par la société la même année que son collègue Ali. Il était l’ami de tout le monde, du fait de son humour et sa gaieté. Des caractéristiques, somme toute, banales pour un Marrakchi mais qui n’ont jamais plu à Ali.
Ce mardi 9 janvier, Youssef entre à ladite société et se dirige vers son poste. Souriant comme à son habitude, il salue son collègue Ali, en lui tapotant l’épaule.
Un geste anodin pour le Marrakchi, mais pas pour le Ouarzazi qui ne supporte plus que son collègue prenne le moindre prétexte pour le toucher, non seulement sur l’épaule, mais aussi sur d’autres parties de son corps.
C’est ainsi que Ali a fini par se convaincre que Youssef était homosexuel et qu’il lui faisait des avances. Et c’est ainsi que cette dernière tape sur l’épaule a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. De là à se mettre en situation de devoir défendre l’honneur de sa virilité, il n’y avait qu’un pas que Ali avait, hélas, vite franchi.
Le soir, après le travail, il a donc fait l’acquisition d’un couteau et le lendemain, vers midi, il s’est arrangé pour sortir avant tout le monde et se poster devant l’entreprise dans l’attente de son collègue marrakchi.
Quand ce dernier a fait son apparition, Ali s’est jeté sur lui et l’a poignardé de deux coups mortels. Après ses aveux, il a été conduit, vendredi dernier, devant le siège de la société, pour la reconstitution du crime. Puis il a été remis entre les mains de la justice.
Ali médite aujourd’hui sur l’inconséquence qu’il y a à agir sur la base de présomptions, tant il est vrai que les apparences sont parfois trompeuses.

Abderrafii ALOUMLIKI
Aujourdhui.ma

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