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Pour 50 DH, Il tue sa concubine

Un peu plus tard, le spectacle est total : les sapeurs-pompiers, les policiers du service de permanence de l’arrondissement de Bourgogne, Casablanca-Anfa, sans oublier les gens du quartier que tout cela a réveillés et qui sont sortis pour en avoir le cœur net. Il est 5 h 30 mn, l’incendie est complètement circonscrit. Les sapeurs-pompiers ont fini donc leur tâche, celle des policiers peut donc commencer.
De la fumée se dégagent encore des ruines et des cendres, mais les policiers “investissent“ la baraque qu’ils passent au peigne fin. Ils apprennent par les riverains que la baraque est la résidence habituelle d’une certaine Naïma. S’y trouvait-elle au moment de l’incendie? Personne ne sait au juste. Les enquêteurs apprennent également qu’elle vend des cigarettes en détail juste à côté du poste de police de Bab Marrakech. C’est alors qu’en pénétrant à l’intérieur de la baraque, un policier remarque un cadavre humain complètement calciné. S’agit-il de Naïma ? C’est probable. L’incendie est-il accidentel ou criminel ? L’énigme sera finalement résolue par les professionnels de la police judiciaire, sur place dès six heures du matin.
Ces derniers commencent par découvrir que « Naïma » n’était que le surnom de la jeune femme évoquée par les riverains. Son vrai prénom est Aïcha, mais elle y avait renoncé lorsqu’elle avait commencé à se prostituer. Certes, elle ne s’adonne plus désormais au plus ancien métier du monde. D’aileurs, des témoins confient aux enquêteurs que Naïma entretenait une relation avec un jeune homme nommé Jamal. Cet homme, les policiers l’identifient très vite : il s’agit d’un dealer doublé d’un marchand d’alcool clandestin qui a purgé à huit reprises des peines d’emprisonnement ferme. D’autres témoins affirment avoir entendu des échanges d’invectives et d’injures entre Aïcha-Naïma et son concubin avant que l’incendie ne se délare.
Jamal est dans le collimateur de la police. Une surveillance autour de la maison du suspect permet bientôt de l’interpeller, alors qu’il s’apprête à y pénétrer.
«C’est la police, tu es en état d’arrestation !». Mais Jamal fait mine de n’avoir rien entendu, entre dans la maison et se dirige vers sa chambre. Les policiers se précipitent à sa suite. Entre-temps, Jamal a accédé à la terrasse, il tente à présent d’escalader un mur pour s’enfuir par les toits. Mais il fait une chute et donne ainsi aux policiers le temps de le rattraper.
Conduit au commissariat, Jamal avoue sans réticence : il est bien l’incendiaire de la baraque de Naïma. Pourquoi donc a-t-il fait cela ? D’une voix éteinte, Jamal déroule le fil sordide de cette histoire de soûlerie qui finit mal.
Comme d’habitude, il était venu boire et passer du bon temps avec NaÏma. Mais contrairement à leurs habitudes, il n’avait pas cette fois, en partant, laissé à Naïma les cinquante dirhams du prix de la passe.
Lorsque Naïma les lui avait réclamés, il avait répondu qu’il n’avait pas le moindre sou sur lui. Hors d’elle, Naïma avait commencé à l’injurier, une avalanche d’obscénités, avant de se jeter sur lui. Jamal l’avait repoussée. C’est alors qu’elle lui avait jeté un verre à la tête, déclenchant la réaction meurtrière de son compagnon. Jamal avait empoigné son cou des deux mains et avait serré jusqu’à ce que Naïma cesse de se débattre.
Jamal desserre sa prise. Naïma semble avoir perdu connaissance. L’homme pris d’inquiétude se met à la secouer pour qu’elle se réveille. En vain, Naïma est morte. Jamal sent le monde s’effondrer autour de lui. Il réalise qu’il vient d’étrangler une femme pour cinquante misérables dirhams. La seule solution consisterait à faire disparaître le cadavre. Sans cadavre, pas d’accusation…
C’est ainsi que le briquet de Jamal entra en action, que le feu se répandit dans la maison et que Jamal fut finalement arrêté pour son forfait.

Abderrafii ALOUMLIKI
Aujourdhui.ma

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