Accueil > Maroc > Le débat dérape à la Chambre des représentants

Le débat dérape à la Chambre des représentants

Les scènes qui se répètent témoignent d’un véritable malaise au sein des groupes parlementaires et d’une réalité qui trahit l’inconsistance du jeu politique et l’image du pouvoir législatif au Maroc s’en ressent. Emportés par leurs joutes oratoires, les députés finissent par choquer l’opinion publique.

Lors de la séance plénière de la Chambre des représentants tenue mercredi dernier, le trouble s’est emparé de l’hémicycle. La séance plénière est-elle devenue un rendez-vous pour régler les comptes?
Le parti de la Justice et du Développement et celui de l’Union socialiste des forces populaires étaient à couteaux tirés.

Une confrontation a opposé les parlementaires de la première Chambre de l’USFP à ceux du PJD. Tout a commencé quand le groupe du PJD a posé une question au ministre de l’Aménagement du Territoire, de l’Eau et de l’Environnement, Mohamed El yazghi, sur la pollution atmosphérique à Casablanca, accusant le gouvernement de manquer à son devoir. Une accusation que le ministre ittihadi a rejetée en totalité : Je connais la ville de Casablanca et l’avis des masses populaires.

Nous n’avons pas besoin d’un conseil. La situation à Casablanca est le résultat du développement économique de la ville et de l’augmentation du nombre de voitures qui circulent. Nous avons pris bon nombre de mesures pour lutter contre la pollution. Cette réponse n’était pas pour plaire aux députés du parti de Saâddine El Othmani, qui ont tenu à souligner que la responsabilité de la situation actuelle incombe au gouvernement.

C’est à ce moment-là que Mohamed El Yazghi a voulu répliquer. Mais, les parlementaires du PJD ne lui ont laissé aucune chance de le faire. Cette réaction a mis en colère les députés de l’USFP, qui ne pouvaient pas rester les bras croisés alors que leur ministre était assailli. La tension est ainsi montée d’un cran. Chaque camp ne manquait pas de fustiger l’autre et de critiquer ses comportements. Le président de la séance ne savait plus à quel saint se vouer, essayant autant que faire se peut de détendre l’atmosphère.

En colère, Mohamed El Yazghi a voulu quitter la coupole, même s’il lui restait encore une réponse à fournir. Rappelé par le président de la séance, il est revenu pour répondre cette fois-ci à une question du groupe de l’USFP sur les plages. Le torchon a brûlé encore une fois entre les députés des deux formations politiques quand Lahcen Daoudi a empêché le parlementaire de l’USFP de terminer sa réplique. Le président a levé la séance pour l’accomplissement de la prière d’Al Asr. Une délivrance momentanée qui reflète une réalité peu reluisante du Parlement.
———————————

Absentéisme
L’absentéisme des parlementaires, que ce soit en commissions ou lors des séances plénières reste toujours un sujet brûlant et d’actualité. Les législatures se suivent et se ressemblent, caractérisées par le même comportement de nos députés.
L’application du règlement interne est sans doute une solution efficace au problème.

En effet, l’article 60 du règlement interne du Parlement stipule: les représentants doivent assister à toutes les séances publiques. Si un représentant souhaite s’excuser de ne pouvoir assister à une séance, il doit adresser une lettre dans ce sens au président de la Chambre en précisant le motif de l’absence trois jours au moins avant la date de cette séance. Le règlement interne prévoit des sanctions à l’égard de ceux qui s’absentent sans motif.

Le président peut leur adresser un avertissement écrit et ordonner la citation de leur nom à l’ouverture de la séance plénière suivante. Le président doit déduire aussi de leur indemnité mensuelle un montant correspondant au nombre de jours d’absence sans motif valable.
Cependant, aucune de ces mesures n’est appliquée.

Si les députés ne respectent pas leur propre règlement interne, alors comment peuvent-ils exiger l’application d’autres lois qui touchent la vie de trente millions de citoyens ?

Jihane Gattioui
LE MATIN

Commentaires

Voir aussi

Maroc : un imam pédophile

@360   Une peine de prison a été prononcée par la Cour d’appel de Tanger à …