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La mère et le fils derrière les barreaux

A première vue, il croit que c’est un clochard qui dort, mais en s’approchant, il remarque que sa djellaba est de bonne qualité. Alors il se penche pour tenter de l’identifier. En scrutant le visage de l’inconnu, il est choqué d’être en face d’un mort.

Il reste quelques instants comme perdu. Ensuite, il se met à crier de toutes ses forces pour alerter les voisins dont l’un a téléphoné à la police qui ne tarde pas à arriver sur les lieux du crime. Le chef de la brigade examine le corps et constate qu’il s’agit d’un quadragénaire de sexe maxculin. Baignant dans une mare de sang, le corps est criblé de coups portés avec un objet tranchant. Le chef de la brigade commence, comme le veut la procédure pénale, par constater le crime, rassembler les indices pour entamer la recherche de ou des auteurs du crime.
Il écoute les déclarations d’Ahmed, puis s’adresse aux badauds, qui se sont réveillés, pour leur demander si l’un d’entre eux reconnaît la victime.

En effet, quelqu’un le connaît. Il s’appelle Mohamed. Quelques habitants l’ont remarqué à maintes reprises, alors qu’il se rendait chez leur voisine, (F), veuve, mère d’un jeune garçon, âgé de 19 ans.
Le chef de la brigade de Hay Mohammadi décide de tirer au clair cette affaire. Il frappe à la porte de la maison de la dame, et c’est justement (F) qui ouvre. En voyant les policiers et les voisins, elle est prise de panique et tente de refermer la porte. Or le flic, qui s’attendait à une telle réaction, parvient à forcer la porte et faire irruption dans la maison.

Dès qu’il pénètre, il découvre qu’il y a beaucoup de draps et de vêtements lavés la nuit même. Il détecte même quelques taches de sang. Dès lors, il demande à la femme de lui expliquer l’origine du sang trouvé dans sa chambre à coucher. Celle-ci reconnaît sans détour les faits en présence de deux voisins. Elle est arrêtée immédiatement et conduite au commissariat pour enquête.
Le procès-verbal rédigé en la circonstance comporte les déclarations suivantes :
“Je m’appelle F, je suis née en 1964, dans un douar, cercle de Ben Ahmed, préfecture de Settat; je n’ai pas été à l’école, comme d’ailleurs mes 3 frères et 2 sœurs. En 1982, nous avons quitté la campagne pour venir nous installer dans les bidonvilles du quartier Hay Mohammadi. Comme mon père avait des difficultés à nous faire vivre, il m’a obligée à me marier avec un homme plus âgé que moi, dont j’ai hérité cette maison, après sa mort il y a cinq ans…
Avant notre mariage, j’ai entretenu une relation avec D qui devait par la suite quitter le quartier.

Il est revenu en 2000 lorsqu’il a appris que mon mari était décédé. Depuis, je me suis permise de laisser mon amant venir chez moi chaque fois qu’il vient voir sa famille résidant toujours au quartier. Mon fils unique (H) ne l’a jamais vu ni croisé sur son chemin. Ne craignant pas d’être surprise par mon fils, puisque je connaissais bien ses horaires de sortie et d’entrée à la maison…”.

Deux jours après l’arrestation de sa mère, (H) se rend à la police et donne sa version des faits pour ensuite être déféré devant le procureur général qui a demandé l’instruction du dossier. Après cette procédure d’usage, la mère et son fils sont traduits en état d’arrestation pour être jugés jeudi devant la Chambre criminelle près la Cour d’appel de Casa pour les chefs d’inculpation suivants:
Le fils: meurtre avec préméditation, puni de la peine de mort selon l’article 393 du Code pénal.

La mère: complicité d’adultère, délit puni d’1 à 2 ans selon l’article 491 du C.P.(H.) reconnaît devant le tribunal qu’il a appris par un voisin que sa mère reçoit (M). Chose qu’il ne voulait pas admettre. Il donne un alibi à sa mère pour la prendre en flagrant-délit, en l’informant qu’il a un déplacement à effectuer dans le cadre de son travail. Il revient la nuit même, vers 2 heures du matin, se faufile dans la maison et dans la chambre à coucher où il surprend sa mère avec son amant. Il brandit son couteau et poignarde l’intrus de plusieurs coups. Une fois le crime commis, il traîne le corps de la victime une dizaine de mètres plus loin, change de vêtements et quitte la maison. Lorsqu’il a appris par la presse que sa mère a été arrêtée, il se constitue prisonnier.
L’avocat des ayants-droit, en l’occurence les parents, la femme et 4 enfants, demande des dommages et intérêts. Le substitut qui a participé aux débats requiert la réclusion à perpétuité, arguant que (H.) pouvait éviter ce crime. La défense de H, respectueuse de la procédure, opte pour l’application des articles 418 et 423 du code pénal et soutient l’argumentation des circonstances atténuantes.
C’est justement la sanction prononcée par la juridiction du jugement qui condamne le fils à 5 ans et la mère à 18 mois.

Liberation

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