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Fête du travail : Un 1er mai comme les autres

Une fête pas comme les autres, puisque, souvent, il y est question de problèmes à surmonter et de difficultés à aplanir. Surtout, dans un monde globalisé où l’action syndicale, dans son ensemble, n’échappe pas à la remise en cause des différents modes de l’expression sociétale.

Au Maroc, on ne semble pas, ou pas encore, avoir atteint le stade de cette remise en cause ou à la limite en question. Globalement, on reste campé dans les mêmes schèmas de l’acte revendicatif dans son acception traditionnelle. Ceci se résume en cela : rien ne marche et tout est à refaire.

Cela revient tel un refrain, au point que dans certains cercles syndicaux, très réduits, il faut le reconnaître, on commence à se poser des questions sur la pratique syndicale, tant et si bien que, en l’absence de chiffres exacts, l’idée est qu’on enregistre un très faible taux de syndicalisation. Plus encore, s’il est une vérité vérifiée, c’est que la fidélité aux centrales syndicales n’est pas le pain quotidien des salariés.

Pour preuve, il suffit de suivre certains mouvements de grève pour se rendre compte du fait que nombreux sont ceux qui se revendiquent de la centrale X ou Y selon l’échelle de véhémence de son discours. Et quand celui-ci s’estompe là, notre syndiqué ne trouve aucune gêne à trouver place ailleurs. Et parlant de discours, justement, il est de notoriété qu’un syndicat, de par l’histoire, est censé être le haut-parleur de la revendication.

Plutôt normal, selon les canons d’une certaine époque. Seulement, les temps ont changé et la compétition acharnée sur les marchés a fait qu’on a commencé à s’approprier l’approche dite partenariale, où les intérêts du patronat et des salariés convergent dans l’absolu, sans que cela ne réduise à néant les divergences en termes d’appréciation quant aux frontières, aussi étanches qu’elles puissent paraître, entre les deux.

Mais, le hic ne se résume pas seulement à cette dichotomie. En fait, sur la scène marocaine, il est une réalité que d’aucuns ne cessent de remettre sur la table : la relation entre le politique et le syndical. C’est que l’histoire du Maroc a fait que les grandes centrales sont sorties des limbes des partis politiques.

Car, à part l’UMT, qui ne semble avoir aucun label partisan, les autres centrales sont étroitement liées politiquement : l’UGTM au parti de l’Istiqlal, la FDT à l’Union socialiste, l’UNMT au parti Justice et développement et la CDT au Congrès ittihadi. Ceci pour les centrales les plus représentatives de la placen sans omettre, bien entendu, toute la panoplie des petits syndicats relevant de diverses couleurs partisanes qui meublent l’arc-en-ciel politique du pays.

C’est dire que chaque formation politique dispose de son bras syndical qui, selon les analystes, lui permet d’investir, aussi symbolique que cette présence puisse être, le champ des salariés, autant dans le secteur privé que public.

Seulement voilà, en parallèle de la balkanisation du champ politique, on se retrouve avec sa duplication sur le front syndical. Ce qui amène certains observateurs à prôner la nécessité de doter ce dernier d’un cadre juridique à même de le rationnaliser, à l’instar de ce de qui a été adopté pour la scène politique, par le truchement de la nouvelle loi. Pas aisé certes, mais l’idée paraît gagner, doucement, des adeptes.

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L’ambiguïté totale
Le champ syndical marocain pose plus d’interrogations qu’il ne fournit de réponses, que ce soit par sa manière d’agir ou encore par le soubassement de son action. Les liens pour le moins très forts le reliant aux chapelles politiques figurent parmi les raisons qui exacerbent le questionnement, d’autant qu’on a parfois du mal à les dissocier, comme le prouve, d’ailleurs, le fait que la majorité des membres des directions des syndicats sont aussi prééminents au sein des partis.

Autrement dit, les discours qui émanent d’un côté ou de l’autre de cette médaille parti-syndicat s’en trouvent brouillés, car on ne sait plus qui parle au juste. Maintenant, cela fait quelques années, que l’effort est fourni pour signifier l’indépendance des centrales vis-à-vis des formations politiques. Un effort que l’on rencontre à chaque occasion dans les prises de position publiques et des partis et des syndicats. Mais, la réalité est toute autre, même quand les divergences semblent exacerbées.

Le cas de la relation entre la CDT et l’USFP en a donné la plus extrême des illustrations : pour cause de divergence purement politique, la centrale s’est décidée à faire cavalier seul, au moment où le parti a été amené à créer un autre syndicat. Sous ld’autres couleurs, la gestion des différends obéit à la logique du lavons le linge sale en famille , en gardant un front uni à l’extérieur.

On ne sort pas de l’auberge pour autant, puisque, et c’est ce qui est le cas actuellement avec la majorité gouvernementale qui plus est, il faudra gérer l’échéance électorale de septembre prochain, qui se trouve dans une situation d’entre deux feux.

Que faut-il faire : répondre aux exigences des bras syndicaux ou à la raison de la gestion de la chose publique ?

A.G.
LE MATIN

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