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Faux flic… vrai électricien

Une fausse carte d’inspecteur de police, un faux talkie-walkie et le tour est joué : le voilà dans la peau d’un faux policier. Tout ce qu’il y avait de faux dans son entreprise ayant été mis sur pied, il lui fallait alors trouver de vraies victimes.

De préférence, ou plutôt comme condition sine qua non, celles-ci doivent être surprises en flagrant délit, autrement devraient-elles avoir quelque chose de reprochable.

Plutôt que de s’acharner sur des malfrats, chose qui pourrait lui coûter cher et nuire grièvement à sa santé, vu que ces individus sont prêts à tout, notamment lorsque l’autorité répressive du crime est représentée par un seul élément ; ou encore contre des gens en état d’ébriété, indélicats par défaut et avec lesquels la situation peut dégénérer à tout moment, Mounir optera pour les plus inoffensives des cibles : les couples d’amoureux.

Et c’est parti pour une série d’agressions sous couvert de l’autorité. Notre ami avait tellement préparé sa façon de faire que celle-ci faisait mouche à tous les coups. Il débarquait de nulle part, garait calmement sa voiture tout près de ses victimes et en descendait avec une détermination à toute épreuve.

Tenue décontractée, à la Miami Vice, radio de transmission dans une main, l’autre en train de chercher son portefeuille dans sa poche, prêt à dégainer sa carte professionnelle, il se dirigeait vers ses victimes comme le ferait un vrai policier en service. Rien que cette attitude et cette série de gestes bien étudiés et, surtout, longuement répétés, avaient de quoi foutre la trouille de leur vie aux jeunes couples. Ils devinaient qu’un mauvais quart d’heure se profilait à l’horizon. A tort, d’ailleurs, puisque la vraie police n’a plus coutume à s’en prendre aux amoureux, hormis une poignée de flicards encore nostalgiques de temps bien révolus.

Nos tourtereaux sont ainsi pris de panique et appréhendent les minutes qui suivent. Sur un ton des plus solennel, Mounir les interpelle, brandissant sa fameuse carte professionnelle, zébrée de deux traits rouge et vert, et portant sa main raide vers son front, en guise de salut, comme le font les agents de police en général : Papiers d’identité !.

On s’exécute, alors que l’électricien en chef s’active à poursuivre son rôle de vrai agent d’autorité, harcelant le couple de questions sur les raisons de s’embusquer là, ou sur d’éventuels liens familiaux les unissant. La procédure classique quoi.

C’est ma fiancée , est généralement le qualificatif attribué à la petite amie, au risque de franchir les limites du politiquement correct.

S’ensuivent alors des séances de réprimandes quant au caractère illicite d’une posture aussi intime : les victimes se tenant généralement… par la main ! A ce stade, si ce n’est pas Mounir qui le fait, ce sont les jeunes qui essayent d’ouvrir délicatement les négociations, l’optique étant d’éviter d’être embarqué au poste, menace que Mounir brandissait aux côtés de sa fausse carte. Ce dernier pousse la comédie jusqu’au bout et endosse la casquette de flic corrompu, qui fera exception à son devoir en faisant une faveur à ce couple. Chose qu’il ne fait jamais, assure-t-il à ses victimes.

C’est juste que vous avez l’air issus de familles respectables et que vous n’avez rien de commun avec des délinquants , formule usitée généralement dans ce genre de situation afin de justifier une attitude d’indulgence. Les victimes se soulagent alors de quelques billets de banque, afin de mettre fin à cette discussion à la tension évidente. Ainsi, tout se passait à merveille pour cet escroc à part et les affaires marchaient bon train.

Et puis, dans cette affaire, il y a aussi l’histoire de l’arroseur arrosé. Un beau jour, en pleine partie de chasse, Mounir repéra un couple dans une voiture. Sa cible verrouillée, il dirigea, comme à l’accoutumée, son véhicule vers celui de ces victimes potentielles. Même scénario, même panique : l’entourloupette était en marche. Sauf que, il est des jours où le tour de passe-passe foire complètement. Pendant qu’il était en pleine exécution de son rôle, Mounir fut surpris par l’arrivée… d’une patrouille du GUS (Groupe urbain de sécurité).

Etonnés de voir un individu, seul en plus, talkie-walkie à la main, en train de contrôler un véhicule, les éléments du GUS voulait s’enquérir de la situation, sachant qu’un policier en service n’opère jamais en solo. L’usurpateur de service tenta de les duper, mais c’était sans compter sur leur détermination de vrais flics cette fois-ci.

La supercherie éclatera au grand jour, Mounir, le faux flic, sera conduit au vrai poste de police, il passera à table sans grande difficulté et, là où il se trouve actuellement, notre électricien aura tout le temps de mettre un peu d’ordre et, surtout, un peu d’éclairage dans sa vie.

Abdelhakim Hamdane
LE MATIN

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