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Un monde en miniature : Le Net s’élargit et nos foyers se referment

Qu’ils soient victimes de la souris ou de la télécommande, les jeunes sont nombreux à «jouir» d’une oisiveté qui n’a jamais eu autant d’adeptes qu’aujourd’hui.

L’appel au changement est devenu un véritable SOS, c’est le moins que l’on puisse dire de ce phénomène plus qu’inquiétant. Cette pseudo-quintessence pourrait, selon l’anthropologue Mohamed Naji, influer sur le niveau relationnel de l’être humain, cet être social : «Le fait de rester enfermé chez soi pour une raison ou pour une autre pourrait engendrer une absence d’ouverture sociale et même sur le plan culturel. Nous ne représentons pas plus qu’une victime de ce marché qui nous impose ses produits…»

Ces jeunes, a priori pas comme les autres, vivent – à l’instar des sociétés occidentales, devenues sur informatisées – aux pays des songes. Souvent, ils n’éprouvent aucun regret en restant chez eux à longueur de journée, car l’ennui est débusqué de leurs chambres grâce à leurs ordinateurs, Playstations et DVD… L’Occident n’en serait pas souvent la source : «Ce phénomène n’est lié à l’Occident que superficiellement ; ces jeunes, en réalité, fuient inconsciemment leur douloureux vécu : chômage, faible scolarité…», analyse B. Kerroumi, psychologue à Casablanca. Le webfilm, ce genre de cinéma spécialement conçu pour le web, est venu ajouter son grain de sel et enrichir ces moyens de s’évader… «pieds fermes» ! «Ces films favorisent l’oisiveté et cela tue l’envie d’aller au cinéma. A cause d’eux beaucoup de gens deviennent prisonniers d’eux-mêmes, la société n’est pas obligée d’accepter toutes les nouvelles inventions technologiques», affirme l’anthropologue.

Les parents, tour à tour, s’inquiètent, s’affolent… ou ne s’étonnent plus.
Quoi qu’il en soit, le phénomène demeure récent, mais n’a rien d’inquiétant, à la limite de la sobriété, rassure le psychologue Bouchaïb Kerroumi : « Ces jeunes ont trouvé refuge dans le monde virtuel, mais tant qu’ils n’en abusent pas, il n’y a pas de raison pour paniquer. Ils sont tout simplement à la recherche de sécurité.»

Aziz, lui, nous lance d’emblée que la solution est entre les mains des parents : «Ces derniers ont beaucoup de choses à faire pour écarter la dépendance et puis il est clair que la montée en flèche des moyens de communication représente un danger pour les jeunes, surtout ceux qui sont complètement accro !»

Mais qu’est-ce qui fait que tous ces jeunes soient capturés par la toile ? Les plus grands cyberdépendants vous diraient le tout naturellement du monde qu’ils y trouvent de tout, vu ses multiples offres dans le domaine de l’éducation, de la communication et du travail. D’autres favoriseraient les services de divertissement. Mais quand cela mène à la dépendance, il y a de quoi s’alarmer.

«On remarque actuellement que le Net est devenu l’activité principale de beaucoup de gens, la dépendance remplace un manque et quand cela devient compulsif, il faut recourir à une aide psychologique. Car le virtuel ne remplacera jamais le monde réel», continue le psychologue. Iliasse, un jeune universitaire, est fan de jeux vidéo et d’Internet.

Il ne s’inquiète aucunement pour ces «tchateurs» en série, ni pour ces téléjoueurs «obsédés» : «Les jeux vidéo constituent un hobby comme un autre, cela permet de se divertir, mais aussi de s’instruire. Et ce n’est pas non plus parce que j’ai accès à Internet chez moi que je dois me connecter vingt-quatre heures sur vingt-quatre…»

L’évasion, cette sensation de bien-être et cette paix intérieure, risque de faire long feu. Car ses dégâts risquent de jouer les prolongations. Et souvent, ce sont les études qui en pâtissent, voire les relations avec son entourage.
«Mon frère vient de décrocher son baccalauréat, l’an dernier. Il était à deux doigts de rater son année parce qu’il ne se séparait pas de son PC ; quand il rentrait du lycée c’était systématiquement pour se connecter au Web», s’exclame Jihane.

Le divertissement est, certes, un élément vital qui n’a pas son égal pour combler l’ennui, et tuer la peur du vide.
Néanmoins, sortir de sa coquille n’a jamais été synonyme de frustration, car rien ne vaut les plaisirs de la vie externe.
Vivement une journée internationale sans Internet !

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Ces clics qui résonnent de loin
Il est évident que nos compatriotes ne sont pas les seuls à être envahis par ces capricieuses fantaisies. En Occident, les consoles de jeux, les jeux vidéo téléchargés sur portable ou les webfilms se sont imposés comme des loisirs de masse. Le pays de l’oncle Sam reste incontestablement le plus gâté dans ce domaine, c’est dans ce pays-là que la question de vaincre la révolution électronique est devenu un combat au quotidien.

Le concept cyberdépendance fut avancé pour la première fois en 1995 par Yvan Goldberg, un psychologue new-yorkais. En Europe, le syndrome de la cyberdépendance fait partie des sujets qui se discutent même dans les sénats. L’importance de la toile et des moyens de communication n’est certainement pas à sous-estimer. Néanmoins, quand la société se sent heurtée par ces faux amis de compagnie , protéger la scolarité des enfants devient une exigence.

Au niveau des relations via Internet, beaucoup d’internautes occidentaux y croient dur comme fer, tandis que d’autres restent rebutés par le virtuel, parce que cela manque de transparence…
Devant cette multitude de moyens de s’enfuir tout en restant chez soi, les dérivés des TIC ne font que décupler, prouvant à notre génération que le monde n’est pas simplement petit mais qu’il est parvenu à s’installer au fond de nos foyers.

Houda Belabd
Le matin

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