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Mission accomplie pour la sonde Stardust

LA PRÉCIEUSE cargaison cosmique a été livrée hier en temps et en heure par la sonde Stardust de l’Agence spatiale américaine (Nasa). Au petit matin (à 11 h 12 très précisément, heure française), la capsule contenant des poussières de la comète Wild 2 a atterri sans dommage en plein désert de l’Utah, au sud-ouest de Salt Lake City, sur une base d’entraînement de l’armée américaine. Une heure plus tard, l’engin de 46 kg a été localisé par un hélicoptère. Avant d’être transporté avec la plus grande précaution jusqu’à un bâtiment de l’armée.

Ici, la capsule sera ouverte pour y prélever le caisson étanche qui contient les particules. Celui-ci rejoindra dans les jours qui viennent un laboratoire de la Nasa à Houston conçu spécialement pour éviter toute contamination des échantillons avec des poussières terrestres. Une équipe de chercheurs ouvrira le caisson pour vérifier que les grains cométaires ont bien été capturés et les récupérera un à un au moyen de microscopes et d’instruments miniaturisés. On s’attend à avoir attrapé quelques milliers de grains mesurant 10 microns, soit un dixième de l’épaisseur d’un cheveu. Au total, ils devraient peser environ un milligramme et rentrer dans un dé à coudre.

La genèse du Soleil

Les poussières seront ensuite distribuées à part égale à plusieurs laboratoires dans le monde. Leur analyse devrait éclairer les astronomes sur la genèse du Soleil et de ses planètes, voici 4,6 milliards d’années. Les comètes, dont on pense qu’elles se sont formées à cette époque très loin du Soleil, sont en effet considérées comme de véritables archives du système solaire. Elles sont probablement restées intactes depuis.

Il aura fallu sept ans à Stardust, lancé en février 1999, pour revenir sur la Terre et ramener pour la première fois depuis 30 ans des échantillons de poussières extraterrestres. Les derniers étaient d’origine lunaire et avaient été rapportés par des missions américaines et russes. En janvier 2004, après cinq ans et trois boucles autour du Soleil, la sonde américaine atteint enfin sa cible, la comète Wild 2, un «caillou» glacé de 5 km de long situé à 390 millions de kilomètres de notre planète. Des photos révèlent une surface parcellée de cratères, de rochers et la présence de nombreux jets de gaz et de poussières solides.

L’engin spatial, protégé par ses boucliers, s’approche alors à 240 km de la comète et passe dans la queue de cette dernière, un énorme panache de gaz et de poussières qui s’étend sur plus de 100 000 km. Le collecteur est alors déployé. En forme de raquette de tennis, il est fait de petites cases remplies d’un gel de silice, le matériau le moins dense et le plus résistant à la chaleur jamais construit. Les poussières, catapultées à très grande vitesse depuis la comète, se sont logées dans cette substance – c’est du moins ce que semblent indiquer les enregistrements des capteurs présents à bord. Avant d’être enfermées hermétiquement dans la capsule.

Les responsables de la mission ont profité également du voyage pour collecter à deux reprises, en 2000 et en 2002, sur l’autre face de la «raquette», des particules d’un type totalement différent et beaucoup plus petits, des poussières interstellaires. Celles-ci proviennent de l’explosion d’étoiles lointaines dans notre galaxie, il y a probablement moins de dix millions d’années. Une centaine de ces grains ont dû être attrapés et ils ne seront pas étudiés dans l’immédiat. C’est avec une certaine appréhension que la Nasa attendait le retour de Stardust. En septembre 2004, la capsule de la mission Genesis, porteuse d’échantillons de vent solaire s’était en effet écrasée au sol car ses parachutes ne s’étaient pas ouverts. Heureusement, le scénario ne s’est pas répété. Quatre heures après avoir été larguée par la sonde principale, la capsule a entamé sa descente dans l’atmosphère terrestre à la vitesse record de 46 000 km/h. Et à 32 km d’altitude, ses parachutes se sont déployés comme prévu, lui permettant d’atterrir en douceur.

Le matériau de base

Le retour sur Terre des poussières n’est que le début de l’aventure scientifique. Un peu partout dans le monde, les chercheurs attendent avec impatience les premiers échantillons que leur distribuera la Nasa. En France, un réseau de huit laboratoires, avec à leur tête le Muséum national d’histoire naturelle et l’Institut d’astrophysique spatiale d’Orsay (CNRS-Paris 11), se sont associés pour analyser en commun les quelques dizaines de grains. Microscopes, spectroscopes, sondes ioniques et synchrotron dresseront une carte d’identité des poussières.

C’est la première fois que les scientifiques auront accès à cette matière qui, pensent-ils, a servi de matériau de base au Soleil et à ses planètes. «A quelle distance du Soleil ces grains se sont-ils formés au début du système solaire ? Quels constituants n’ont pas évolué depuis et sont différents de ce qu’on trouve sur Terre ? Les comètes ont-elles pu amener de l’eau et des molécules carbonées [indispensables à la vie] sur notre planète ?», s’interroge Marc Chaussidon, du Centre de recherche pétrographique et géochimique du CNRS à Nancy, un des laboratoires impliqués dans la campagne d’analyse. Autant de mystères qui seront peut-être bientôt éclaircis.

Lefigaro.

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