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La grande colère des cardiologues contre les tarifs de la CNOPS

En fait, selon ces personnes, la CNOPS aurait même rejeté leurs demandes : « Les malades sont automatiquement orientés vers l’hôpital Avicenne de Rabat et cela concerne les malades provenant de toutes les régions du Maroc. Vous imaginez un cardiaque qui doit parcourir des kilomètres avant d’avoir droit à des soins alors que son état nécessite une intervention immédiate !

Sans parler du fait qu’un seul service de cardiologie ne peut drainer tous les malades cardiaques du pays», s’indigne un cardiologue de Casablanca.
Selon tous les médecins concernés par la question, cette décision a été prise de façon arbitraire et aucun écrit officiel n’a été envoyé. Et malgré les différentes demandes d’intervention des cardiologues et des chirurgiens cardiaques du secteur libéral auprès de l’Agence nationale de l’assurance maladie (ANAM) qui a promis d’intervenir auprès de la CNOPS pour la sensibiliser ou régulariser cette situation, rien n’a été débloqué.

Certains médecins, sous réserve de l’anonymat, affirment qu’il y aurait une note circulaire de service, diffusée le lundi 1er août, stipulant la rupture de la convention pour la cardiologie : «Cette note est arrivée au moment où les responsables de l’ANAM et les syndicats sont partis en congé. D’ailleurs, nous pensons que cette note est venue suite à la décision de la CNOPS d’instaurer une nouvelle tarification relative aux opérations à cœur ouvert qui devrait être mise en place et exécutée à partir du 1er septembre et avec laquelle le syndicat des médecins n’est pas d’accord.

La rupture de la convention servirait donc à mettre la pression sur les médecins. Il y a un grand problème de légalité. Nous ne savons pas qui a pris cette décision. Et c’est inadmissible. C’est une rupture de contrat de droit civil», s’écrie ce médecin.
Le Dr. Miloud Belhaj, chirurgien cardiovasculaire à Casablanca ajoute : « M. Adnane, le directeur de la CNOPS, n’évalue pas l’ampleur et l’importance de sa décision. Selon lui, cette décision serait transitoire. Mais rien n’est sûr puisque les demandes de prise en charge continuent à être rejetée.»

Selon le Dr. Saïd Ejjannane, cardiologue à la clinique humanitaire les Bonnes œuvres du cœur, il est impossible que la rupture de convention pour la cardiologie et le refus de la prise en charge des opérations cardiaques soient maintenus car cela signifierait la condamnation à mort de tous les cardiaques du pays. «Il y a au moins 20.000 personnes par an qui nécessitent de faire une opération à cœur ouvert. Donc si jamais cette décision est définitive, nous prenons le risque de voir beaucoup de personnes mourir. N’oublions pas qu’il y a déjà huit enfants et dix-sept adultes qui meurent chaque jour par faute de moyens financiers», rappelle-t-il.

Pour résoudre ce problème de suspension de la convention et essayer de trouver des solutions, quatre-vingt-sept cardiologues se sont réunis le jeudi matin à Casablanca. Depuis, d’autres réunions ont eu lieu également à Rabat, notamment le vendredi 3 août, avec tous les chirurgiens cardiovasculaires et interventionnistes du secteur libéral pour voir comment réagir face à cette décision.
« C’est une décision qui porte un grave préjudice aux malades. Que voulez-vous que l’on fasse si l’on reçoit des urgences ? On ne peut pas laisser les gens mourir. Nous sommes tenus de les prendre. Médico-légalement, nous sommes responsables et tant qu’aucune notification n’est adressée à nos institutions, nous sommes tenus de respecter la convention», affirme le Dr. Belhaj.

Des courriers ont également été envoyés au président et directeur de la CNOPS, aux responsables du Conseil national de l’ordre des médecins et à l’Agence nationale de l’assurance maladie pour, primo, rappeler que grâce au secteur libéral, la majorité des patients cardiaques marocains ont pu être pris en charge alors qu’il n’existait jusque-là qu’un seul centre cardiovasculaire pour tout le Maroc et, secundo, demander une notification quant à la rupture de la convention : «Nous sommes acculés à ne pas savoir comment réagir devant les urgences qui, dans notre secteur, se compliquent d’un taux de mortalité et de morbidité élevés en l’absence de soins adéquats et urgents. Notre responsabilité médico-légale est engagée», déclarent les médecins.

Suite à toutes ces réactions, la CNOPS a de nouveau accepté les demandes de prise en charge des malades cardiaques mais en appliquant cette fois-ci la nouvelle tarification qui, en principe, n’est prévue qu’à partir du 1er septembre. «Les nouveaux prix fixés par la CNOPS et l’ANAM ne sont pas viables et sont en contradiction avec la réalité du terrain et la viabilité des structures de soins actuelles.

D’ailleurs les cardiologues et les chirurgiens cardiaques n’ont pas ratifié la convention générale qui a été signé le 28 juillet dernier. Nous sommes prêts à leur donner nos livres comptables pour qu’ils puissent juger par eux-mêmes que ces tarifs ne sont pas justes. Nous pouvons justifier tous nos chiffres. Or il est inadmissible que des décisions soient prises sans que nous, les premiers concernés, ne soyons avertis ni concertés», déclare le Dr. Chérif Abdelkhirane.

Du côté de la CNOPS, les responsables préfèrent attendre avant de révéler leurs cartes. Une réunion est prévue aujourd’hui même à Rabat entre des cardiologues et la CNOPS : «Nous sommes en phase de négociation. Bien évidemment, nous essayons de jumeler entre les intérêts des assurés de la CNOPS et ceux des praticiens. Des études ont été faites et nous essayons de concilier tout ceci», déclare Aziz El Ghorsi, responsable de la communication au sein de la CNOPS. Affaire à suivre…

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Les tarifs de la discorde

Depuis 1995, le tarif concernant la coronographie est fixé à 8.000 DH. Or depuis la convention générale signée le 28 juillet dernier, la CNOPS et l’ANAM ont fixé le forfait de la coronographie à 4.000 DH. Quant à la dilatation d’une chirurgie cardiaque elle est passée de 135.000 DH à 85.000 DH.

Nous sommes prêts à baisser nos prix parfois, mais pour faire une bonne action. Il est bien évidemment hors de question de généraliser ces tarifs, car cela aura des conséquences désastreuses dans le futur : les outils utilisés lors des opérations ne serviront plus à une seule opération mais à plusieurs, donc il y aura un risque de transmission de l’hépatite, du sida… Nos appareils ne pourront plus être maintenus… , dit le Dr. Chérif Abdelkhirane.

D’autres spécialités ont également été concernées à un moment donné par cette nouvelle tarification : la cancérologie et la dialyse. Mais grâce à des interventions en haut lieu, la situation a vite été réglée, contrairement aux domaines de la cardiologie interventionnelle et de la chirurgie cardiaque.

Dounia Z. Mseffer
LE MATIN

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