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Comment Troussier a été débarqué

« La démission de Troussier a obéi aux mêmes mécanismes qui ont présidé aux desseins de ceux qui voulaient la peau de Zaki », souligne ce journaliste fin connaisseur des arcanes du football marocain. Il sous-entend par cette assertion que les luttes d’influence au sein de la Fédération, loin d’être éteintes par l’éviction du sélectionneur marocain, n’avaient fait qu’être ravivées.Car, si le limogeage de Zaki entrait dans le cadre d’une union sacrée entre les membres du bureau fédéral, instance émanant des clubs cooptée par le président de la Fédération, le général Hosni Benslimane, et son personnel administratif et militaire de la fédération, ce sont seulement ces derniers qui ont concouru au départ du Français Phillipe Troussier. Cette démission consacre aussi leur victoire sur le clan des « civils », les Casablancais du bureau fédéral.
Tout commence lors de la première conférence de presse du Français au cours de laquelle il s’attellera à définir son credo, son programme et ses objectifs. Au détour d’une question, il lâchera pourtant une terrible phrase qui le poursuivra pendant la courte période il prendra en charge les destinées de l’équipe nationale : « je ne veux pas avoir affaire aux militaires ». Les militaires, ce sont ceux qui prennent en charge, avec les cadres administratifs de la Fédération, l’intendance, l’aspect administratif et qui rendent compte au président, le général Hosni Benslimane (qui tranche en cas de conflit interne) de tout ce qui gravite autour de l’équipe nationale. Ils sont censés répercuter les décisions prises par un bureau fédéral en première ligne au pouvoir a été lourdement affaibli depuis l’élimination de l’équipe nationale de la Coupe du monde. L’arrivée du Français va précipiter leur déclin et conduire à la prise de contrôle de ce clan des « administratifs » sur celui du bureau fédéral.

Quiproquo
Tout partira d’un quiproquo. Troussier quelques semaines après son arrivée, devait présenter au bureau fédéral son « plan d’action » en vue de la coupe d’Afrique des Nations et pour la restructuration du football national. Il devait ainsi se réunir avec le staff de la Fédération à la mi-décembre pour entendre leurs remarques et recommandations. Arrivé au siège, il va découvrir médusé que la réunion venait d’être annulée et reportée à deux jours plus tard. Entre-temps il avait prévu une conférence de presse pour présenter ce même plan d’action sensé être amendé et retouché la veille par les membres de la fédération. Troussier va immédiatement expliquer son désarroi à « l’administratif » qui lui conseillera d’annuler la rencontre et se proposera même de prévenir les journalistes. C’est médusé qu’il verra ces mêmes journalistes débarquer le lendemain après-midi au centre sportif de Mâamora. Le refus de Troussier de tenir une conférence de presse, dont l’ordre du jour était un « plan d’action » pas encore avalisé par la Fédération, va être très mal pris par les journalistes arrivés en nombre. On leur conseillera même de monter une pétition dénonçant vigoureusement ses pratiques à adresser au général Benslimane. Ce qui fut fait et quelques jours plus tard, Troussier était convoqué au bureau du général avec le président délégué de la Fédération M’hamed Aouzal et le directeur financier Ahmed Ammor. Il s’agissait d’aplanir le problème, mais la situation va empirer et Troussier, avant d’annoncer sa démission, va même injurier Aouzal et Ammor. « Il croyait qu’il était au Japon, ici les choses sont beaucoup plus compliquées », souligne ce journaliste. Car en arrivant (seconde erreur après son petite phrase anti-militaristes) va procéder, dans l’entourage de l’équipe nationale, au limogeage en bonne et dire forme de cadres importants

Victoire des militaires
Le médecin, le préparateur physique et le chargé de matériel vont êtres virés, un signal de son indépendance par rapport aux cadres de la Fédération. Il voulait placer ses hommes, des gens en qui il avait une totale confiance. Il va sous-estimer les effets néfastes, sur sa « durée de vie », de cette seconde attaque contre l’appareil fédéral.Le Français va également souffrir de dissensions internes au sein même du B.F. L’élimination de Tunis était pour un clan, l’occasion rêvée d’émerger, celui du président de l’Ittihad de Khemisset, El Gartili, proche des administratifs et des militaires, représentant des petits clubs face aux ogres bidaouis, le Wydad et surtout le Raja.Aouzal, Ammor et Abdelhamid Souiri, le président de la commission marketing dirigeants de ce club, ils sont aussi les fers de lance du bureau fédéral. El Gartili, à coup de déclarations, va d’abord pointer du doigt leur volonté de marginaliser les petits face aux grands. Aouzal et Ammor vont également faire les frais d’une campagne de presse anti-Troussier « inopinée » et mensongère (du moins, sur l’aspect financier) où on les accusera notamment de dilapider les biens publics. On racontera même que le sélectionneur était parti avec des milliards : en clair Trousssier avait roulé Aouzal et Ammor et par ricochet tous les Marocains. « Touchés » dans leur dignité comme ils l’affirmeront dans une lettre écrite et lue à l’occasion de la conférence de presse du nouveau sélectionneur M’hamed Fakhir, Aouzal et Ammor vont démissionner. On y apprendra en outre que Troussier n’avait reçu que deux mois d’émoluments et non les milliards annoncés. Mais leur départ est évidemment une victoire du clan des militaires et des administratifs. La nomination d’un cadre national aux compétences reconnues, mais plus aptes à se fondre dans le moule des militaires (il est aussi l’entraîneur du champion du Maroc, les FAR) en est la plus parfaite illustration. Espérons qu’ils auront eu raison.

Lejournal.

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