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Le Samu social de Casablanca, le premier d’une longue chaîne de solidarité

Et en y pénétrant, on découvre un endroit chaleureux, accueillant, bien éclairé et aéré. La peinture blanche et orange confère un ton gai aux lieux, même si briques, pots de peinture et pinceaux jonchent encore le sol… «L’inauguration s’est faite dans la précipitation. Nous devions encore faire la peinture, le carrelage…

Ainsi, juste après la visite de S.M. le Roi, nous avons repris les travaux. D’ici à peu près 15 jours, tout sera terminé. Et si nos portes semblent toujours fermées, c’est pour ne pas déranger les voisins et préserver l’identité des bénéficiaires», explique Afifa Belghiti, directrice du Samu social de Casablanca.

Depuis l’ouverture du Samu social, dont la cible principale sont les personnes en détresse vivant dans la rue, à savoir les femmes, les enfants, les handicapés et les personnes âgés de Casablanca, près de 100 personnes ont été approchées, 70 ont bénéficié de soins soit au centre soit sur place, 24 ont été hébergées et 12 enfants sont encore présents dans l’établissement. «Notre objectif principal est de lutter contre l’exclusion sociale à Casablanca. Nous avons décidé, dans un premier temps, de ne cibler que les enfants de moins de 18 ans et les femmes de moins de 25 ans, dont les mères célibataires», continue Afifa Belghiti.

Unique en son genre, puisqu’il s’agit du premier Samu social du Maroc, le Samu de Casablanca, qui a été financé à hauteur de 5.870.000 DH par la commune urbaine de la ville de Casablanca, le fonds de l’INDH et le Secrétariat d’état chargé de la famille, de l’enfance et des personnes handicapées, se caractérise par cinq principes fondamentaux : la mobilité, la proximité, la polyvalence, le professionnalisme et la permanence, de jour comme de nuit.

Ainsi, l’équipe du Samu va à la rencontre de la population cible là où elle se trouve grâce à des Equipes mobiles d’aide (EMA), qui sillonnent la métropole 24h/24, à bord d’un camion médicalisé et facilement identifiable la nuit, pour repérer les lieux de vie et/ou de regroupement des personnes en situation de rue. Les zones ciblées sont pour l’instant la gare routière de Ouled Ziane, l’ancienne médina, quartier 2 mars, le marché de gros, le port de pêche, Al Hank, le centre-ville, Derb Omar, Sahat Sraghna et El Fida.

Si Mohamed, âgé 16 ans, témoigne : «Cela fait quatre semaines que je traîne dans les rues de Casablanca. J’étais à la gare routière de Ouled Ziane quand l’équipe du Samu social s’est présentée. Au départ j’ai cru qu’ils allaient nous emmener chez les flics mais quand j’ai vu le symbole de la santé sur le véhicule, je les ai suivis. Ce que je ne regrette pas.»

En effet, une fois que les bénéficiaires sont repérés, l’infirmier, le travailleur social et le chauffeur, en même temps accompagnant social, établissent un contact, diagnostiquent les besoins, proposent une aide médicale, sociale et psychosociale et orientent et/ou accompagnent ces personnes. Et pour celles qui le souhaitent, elles peuvent être accueillies en phase de post-urgence au Centre d’hébergement d’urgence avec soins infirmiers et suivi psychosocial (CHUSIP) du Samu social de Casablanca où le personnel répond à tous leurs besoins, les accompagne dans les réhabilitations souhaitées et les dirige vers les structures compétentes. Les bénéficiaires disposent alors de consultations médicales, de soins infirmiers et d’écoutes psychosociales, d’un espace hygiène, d’une aide, d’un accompagnement et d’une orientation sociale.

«Les jeunes hébergés ici sont pour la plupart des enfants de la rue qui ont fui le domicile familial suite à des violences. Nous faisons donc tout pour créer un climat de confiance. Ces jeunes ont besoin de soutien et d’amour et si on leur montre un peu de gentillesse et qu’ils sentent qu’ils sont en sécurité, ils collaborent très vite», explique Lissane El-Haq Ibtissame, assistante sociale. «Dans la rue comme chez mes parents, je vivais dans la misère absolue.

Mes parents ont divorcé et personne ne veut de moi. Au moins ici au centre, on nous traite bien. Je mange à ma faim, on me fournit des vêtements propres, je peux me doucher quand je veux. Les gens sont gentils, ils nous écoutent… cela fait maintenant une semaine que je suis ici. On va m’orienter vers une association. J’ai envie d’apprendre la menuiserie et reprendre le chemin de l’école», poursuit Si Mohamed, le sourire aux lèvres.

Les soins médicaux sont également une priorité pour le Samu social. Ainsi, dès leur arrivée, les bénéficiaires vont directement chez le médecin qui leur prescrit un traitement contre la gale. Ensuite, en fonction des pathologies, il leur indique un régime de soins adéquat. Cependant, d’après l’assistante sociale, la plupart des jeunes recueillis souffrent d’infections dermatologiques et pulmonaires.

Avec une capacité de 32 lits superposés et 6 lits bébé, les bénéficiaires peuvent ainsi rester au centre jusqu’à trois jours, le temps que l’enquête de l’assistante sociale, prenne fin, que les contacts soient pris avec les structures relais associatives et que les jeunes finissent leur traitement. «Nous ciblons avant tout la qualité, c’est pour cette raison que nous ne prenons pas beaucoup de monde.

D’ailleurs, nous préférons garder les gens un peu plus longtemps pour leur donner la possibilité d’être soignés et une chance de réfléchir à leur avenir plutôt que de les rendre à la rue. Nous ne pouvons pas les mettre à la porte. Notre travail consiste avant tout à les écouter, les orienter et à leur expliquer les conséquences de leur fugue et de leurs actes afin qu’ils puissent prendre eux-mêmes la décision de ce qu’ils feront après», continue Lissane El-Haq Ibtissame.

Et c’est à ce moment-là que commence la phase de réintégration des bénéficiaires dans leur famille ou dans le milieu social. Pour cette étape essentielle, le Samu social de Casablanca, soutenu par le Samu social International, s’appuie sur un large réseau institutionnel (Services de santé, Unités de protection de l’enfance) et associatif composé de seize associations couvrant la région du Grand Casablanca, qui prendra le relais de la réhabilitation afin d’offrir à la population cible une panoplie de services diversifiés et spécifiques : prise en charge en phase de post-urgence, réintégration familiale ou scolaire, hébergement, rééducation fonctionnelle, suivi social, médical, juridique et psychologique, formation professionnelle rémunératrice…
Ainsi, le Samu social ne pourra certainement pas éradiquer à lui seul l’exclusion sociale dans le Grand Casablanca, mais contribuera sûrement, grâce à son équipe et aux structures relais, à ce que de nombreuses personnes vivant dans la rue casablancaise trouvent au moins quelqu’un à qui parler, une épaule réconfortante et un lieu où la santé est gratuite.
En attendant que l’expérience soit généralisée dans d’autres villes…

Dounia Z. Mseffer
LE MATIN

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