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De bonnes surprises derrière notre mauvaise graisse

Dès 2003, des Américains ont montré que certaines cellules du tissu adipeux pouvaient se comporter autrement qu’en microscopiques sacs à graisse, en se changeant en cellules osseuses. En France, l’équipe (CNRS-Inserm) de Louis Casteilla, au Laboratoire neurobiologie, plasticité cellulaire et métabolisme énergétique de Toulouse, a démontré en 2004 qu’il était possible chez la souris d’obtenir in vitro des cellules cardiaques à partir des tissus adipeux, ce qui ouvre la perspective d’une thérapie régénératrice du coeur, particulièrement après un infarctus. Ces mêmes chercheurs, associés à l’équipe de Bernard Lévy (unité Inserm 541, à Paris), ont aussi réussi à utiliser ce type de cellules, de tissu humain cette fois, pour reconstruire le réseau vasculaire endommagé d’une souris.

Pour envisager des traitements efficaces, encore faut-il pouvoir démêler la bonne graisse de la mauvaise, en identifiant les cellules souches. C’est chose faite grâce aux travaux, bientôt publiés dans le Journal of Experimental Medicine, de l’équipe de Christian Dani, un biologiste Inserm d’un laboratoire du CNRS à Nice, qui a réussi à repérer ces cellules réparatrices, à ne cultiver que celles-ci et à les injecter pour fabriquer du muscle de souris. Il ne se passe plus un mois sans qu’une publication signale une avancée sur ces tissus, note M. Casteilla. Aux Etats-Unis, des start-up se sont montées pour guetter les possibilités de commercialisation des premiers traitements.

Le marché du tissu adipeux humain peut en effet devenir florissant. L’utilisation de ce tissu ne devrait pas soulever de difficultés éthiques, contrairement à celle des cellules souches embryonnaires. Son prélèvement, par liposuccion sous anesthésie locale, est une technique éprouvée. Il présente aussi l’avantage d’éviter les rejets, puisque l’on pourra injecter à un malade ses propres cellules. Sa disponibilité, enfin, paraît assurée, tant la graisse humaine est devenue une ressource inépuisable. Les tissus adipeux représentent 10 % du poids corporel d’un adulte sain et 50 % de celui des obèses, victimes d’une épidémie exponentielle dont aucune bonne nouvelle ne laisse jusqu’ici entrevoir le déclin.

Jérôme Fenoglio
Article paru dans l’édition du 17.04.05

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