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Les députés démissionnaires donnent leur version face à l’USFP

Pour Ahmed Tahiri, du Parti du progrès et du socialisme (PPS), son départ a été encouragé par les professionnels de Meknès. Justement, le lien devient évident si l’on sait que Tahiri est président de la Chambre de commerce et d’industrie de la même ville. Il aurait donc voulu se concentrer sur ses prérogatives à la Chambre professionnelle, exauçant ainsi les vœux des Meknassis.

Pour Tahiri, sa démission de la première Chambre n’est pas une trahison des électeurs qui l’ont porté au poste de député. «Je ne considère pas ma démission comme une infidélité car le mode de scrutin de liste utilisé lors des élections 2002 engage la responsabilité des programmes des partis et non pas les personnes», estime-t-il. Les choses auraient été différentes, selon lui, s’il s’agissait d’un vote à l’uninominal engageant directement la responsabilité du candidat envers ses électeurs. Tahiri, comme d’autres députés démissionnaires, pense qu’«il est, du droit constitutionnel de tout représentant de quitter ses fonctions de député à n’importe quel moment». Par ailleurs, ajoute-t-il, «je fais partie d’une circonscription qui regroupe trois autres candidats.

Ce n’est donc pas une fatalité si un des députés quitte son poste et délègue ses fonctions aux autres».
Sur un autre registre, les députés démissionnaires s’en remettent également à la loi qui, faut-il le reconnaître, tolère ce genre de comportement. Rappelons, à ce sujet, que le Conseil constitutionnel, saisi sur la question, a innocenté les députés ayant déposé leurs démissions, il y a presque un mois, au bureau d’Abdelouahed Radi, président du Parlement. Selon le verdict du Conseil qui a la valeur d’un jugement de tribunal, il n’y a aucun texte de loi qui condamne l’acte de se défaire de ses responsabilités de député.

Pour sa part, l’istiqlalien Ali Kayouh, septuagénaire, ayant également démissionné, pense qu’il sera plus efficace à la Chambre des conseillers. Président de la commission de l’agriculture à la région de Souss-Massa-Darâa et ancien président de la Chambre professionnelle d’Agadir,
il compte capitaliser sur son expérience dans le secteur pour mieux défendre les intérêts des professionnels de la région. «Il est contradictoire que des jeunes siègent à la Chambre des conseillers alors que les personnes âgées ayant une certaine expérience de la vie et de la politique continuent à la Chambre des députés», souligne-t-il. M. Kayouh a siégé au Parlement depuis 1977.

Lors des dernières élections, il a été, lui et son fils, à la tête de la plus grande liste au Maroc avec un score de 50.000 voix, tient-il à rappeler. Tel n’est pas l’opinion de Lahcen Hasnaoui, président du groupe parlementaire le Mouvement populaire.

Celui dont le nom avait figuré sur les colonnes des journaux comme faisant partie des démissionnaires avant de le démentir, pense que les députés doivent se pencher sur les lacunes législatives qui, justement, leur permettent de quitter leurs postes en plein mandat. «En attendant, nous condamnons fermement leur comportement qui porte atteinte à la crédibilité de l’institution législative».
Hasnaoui considère, par contre, que la presse a donné trop d’importance au phénomène de démission au détriment de celui de transhumance beaucoup plus scandaleux.

En effet, alors que les démissions sont considérées, malgré tout, comme légales, les changements de groupes parlementaires sont clairement sanctionnés par la loi sur les partis. Plusieurs noms ont circulé. Certains parlent d’une dizaine de cas ayant concerné presque tous les partis politiques à l’exception de l’USFP et du PJD.

Mostafa Bentak
LE MATIN

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