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Ariel Sharon entre la vie et la mort

Les neurochirurgiens de l’hôpital Hadassah de Jérusalem, où le Premier ministre israélien a été opéré pendant plus de sept heures, ont dit qu’ils étaient parvenus à stopper l’hémorragie.

Ses signes vitaux sont stables, mais Sharon, 78 ans le mois prochain, est dans un état critique.

Shlomo Mor-Yosef, le directeur de l’hôpital où le chef du gouvernement a été admis en urgence mercredi soir, a précisé à la presse qu’il serait maintenu sous sédatifs, soit en coma artificiel, pendant au moins vingt-quatre heures, afin de maintenir une faible pression dans la boîte crânienne.

Il s’est refusé à tout commentaire sur l’étendue des probables lésions cérébrales provoquées par l’hémorragie, d’un type souvent mortel.

Les spécialistes de la médecine s’accordent à dire qu’il est improbable que Sharon, victime d’un accident vasculaire cérébral bénin le 18 décembre dernier, s’en sorte sans séquelles. Le quotidien israélien Haaretz rapporte sur son site internet que Sharon a été à moitié paralysé par l’hémorragie.

Avec toute la prudence nécessaire, il semble que l’ère de Sharon à la tête d’Israël soit parvenue à une fin tragique, écrit Aluf Ben, correspondant diplomatique de Haaretz.

Même dans les scénarii les plus optimistes, selon des sources de l’hôpital, Ariel Sharon devra rester dans l’unité des soins intensifs durant une période assez longue et suivre un processus de rééducation également long, indique un communiqué diffusé par l’ambassade d’Israël en France.

INCERTITUDES EN ISRAËL…

En cas de décès ou d’incapacité de Sharon, la victoire annoncée de sa nouvelle formation, Kadima (En Avant), aux élections législatives du 28 mars deviendrait plus incertaine.

Ce mouvement classé au centre a été créé par sa volonté et autour de sa personnalité. Sharon, c’est Kadima, et Kadima, c’est Sharon, résume le quotidien Maariv.

Kadima a recruté à droite, parmi le Likoud que Sharon avait contribué à fonder, et à gauche, attirant notamment le vétéran travailliste Shimon Peres.

La disparition, à tout le moins politique, d’Ariel Sharon menacerait l’édifice bâti pour assurer au Premier ministre sa réélection au printemps. L’ancien général, dont les Etats-Unis espéraient qu’il ferait progresser le processus de paix au Proche-Orient, n’a jamais désigné de successeur.

En vertu des dispositions de la Loi fondamentale israélienne en cas d’incapacité temporaire du chef du gouvernement, ses pouvoirs ont été transférés au vice-Premier ministre, Ehud Olmert, pour une période de cent jours. Les élections auront donc bien lieu le 28 mars.

Olmert, qui a présidé une réunion de crise du gouvernement, est considéré comme l’une des personnalités susceptibles de reprendre, ou de tenter de reprendre, le flambeau de Kadima. L’ancien maire de Jérusalem, qui a rallié le gouvernement Sharon en 2003, a lancé des ballons d’essai pour tester d’éventuelles pistes de relance du processus de paix israélo-palestinien.

Tzipi Livni, ministre de la Justice et femme la plus influente dans l’entourage de Sharon, et Shaul Mofaz, ministre de la Défense et ancien chef d’état-major de l’armée israélienne, sont deux autres de ses successeurs potentiels.

Mais aucun n’a l’envergure du Bulldozer qui, aux yeux d’une partie importante de l’opinion publique israélienne, est le seul dirigeant susceptible d’apporter la paix dans la sécurité.

… ET AU PROCHE-ORIENT

Sa disparition de la scène politique accentuerait également l’incertitude au Proche-Orient, où des menaces pèsent déjà sur la tenue des élections législatives palestiniennes, le 25 janvier.

En cas de nouveau succès électoral, Sharon semblait en effet déterminé à régler à sa manière le conflit en renonçant à une partie de la Cisjordanie dont il aurait toutefois conservé pour Israël les plus importants blocs de colonies.

Dès mercredi soir, à peine annoncée son hospitalisation, la Maison blanche faisait savoir que George Bush et son épouse Laura priaient pour son rétablissement. A Paris, Jacques Chirac a dit jeudi son espoir qu’il surmonterait rapidement la douloureuse épreuve qu’il traverse.

Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, dont le pouvoir est menacé par l’instabilité et l’insécurité dans la Bande de Gaza, s’est enquis de sa santé auprès des services de Sharon et a exprimé des souhaits de rétablissement.

Le vice-Premier ministre palestinien Nabil Chaas a dit pour sa part n’avoir jamais cru en la foi de Sharon dans le processus de paix mais, a-t-il ajouté, cela va accroître l’incertitude à laquelle nous sommes déjà confrontés sur le retour au processus de paix.

(Reuters)

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