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Sexe dans la ville : Le récit d’un scandale

Via un chat qu’elle qualifie de banal, un jour de janvier 2001, l’institutrice à ses 42 ans décide de se laisser aller et de découvrir cet homme qui se fait passer pour Philippe SARFATI et qui prétend être journaliste au quotidien « Le soir », surtout qu’il lui a promis le mariage : pur exercice de manipulation libertine. L’homme ne perd pas de temps, quelques semaines et le voilà à Agadir en train de passer son ‘congé’ dans le confort et le plaisir : le couple sort, fait l’amour librement, et l’institutrice se plie à toutes les demandes. Un an passe sans mariage, et la femme ne doute de rien !? Philippe lui, prend bien le temps de réfléchir et de préparer un stratagème : il désire la voir toujours devant ses yeux quand il est esseulé en Belgique. Convaincue, elle accepte de poser pour lui dans des situations pornographiques par excellence. L’homme prend les photos et s’envole. Le couple garde le contact et se raconte les intimités. Sauf que le hasard voulut que l’institutrice découvre par un sms qu’il est à nouveau à Agadir.

Philippe profite du séjour. En 2004, il a plus d’expérience avec ‘les marocaines’, il change de méthode et de goût. Il drague dans la rue l’ouvrière de 24 ans, la même chanson ‘aimer… épouser… emmener en Belgique’. La fille, violentée par la vie, joyeuse qu’un homme de la race des européens s’eut intéressé à elle, est aveuglément en confiance. Lui, il voit déjà son projet se réaliser : la prise de photos pornographiques inédites où l’évocation de la religion islamique est omni-présente. Une mise en scène à rebondissement où l’ouvrière est d’abord presque voilée, habillée à la traditionnelle avec Jelleba et foulard -préparant du couscous selon certains-, puis totalement nue avec une laisse autours du cou, métonymie des habits ! Du vrai fétichisme !

Ne s’est-elle jamais demandée c’est quoi ce sexe dégoûtant que je subis ? Car il n’est pas question ici de faire ou de plaisir partagé ! Elle est en confiance, mais pas jusqu’à un tel abus où elle se laisse cracher et uriner dessus ! Mais, patience, ce fétichiste est le sauveur ! Elle lui offre son corps, il est désormais une propriété privée de Philippe, cet homme aux promesses d’or qui continue son jeu ou disons son travail et fait tomber la mineure de 17 ans, la mariée, la divorcée puis la prostituée et sa copine. Et pour orner ses plans : un africain sub-saharien. Certainement il n’a pas eu le temps d’introduire un cheval ou mieux encore un âne ! Il a bien étudié la rue, il circule, choisit, fais la collection d’échantillons de Gadiries, et surtout il n’oublie pas les photos de l’album-souvenirs.

Quelques mois après, il lance un site internet où figurent toutes les protagonistes de l’aventure d’Agadir qui sont présentées comme des prostitués puisque le site le déclare manifestement : www.marocsluts.tk ou « Maroc putes ». Certains disent qu’on entend même la ligne nationale ! Quelle honte ! Le drapeau que les sportifs se battent pour hausser, est mouillé d’éjaculations, d’urines et de crachats ! Comme la vérité des choses est parfois humiliante !

Dans les 193 photos ou plus hébergées sur le site, Philippe ne laisse aucune trace de son visage paraître, et gomme les yeux de quelques unes de ses conquêtes.

Ces photos circulent durant trois mois sur le net, un CD regroupe le tout dans une réalisation esthétiquement cochonne. Le CD reste un mystère puisqu’il n’est pas sûr que ce soit Philippe qui l’ait fait, n’importe qui aurait pu télécharger le contenu du site. Une chose est sûr, deux frères décident de faire le commerce, ils le gravent et le revendent à 10, 15 ou 25 Dh selon les quartiers et les pouvoirs d’achat : un scoop sans scrupules qui rend les photos en question accessibles à tout le monde, et surtout aux voisins et aux familles des partenaires. Le scandale se déclenche en rumeurs puis s’officialise lorsque l’institutrice découvre le CD et le site : dénouement tragique d’un roman rose. Elle n’hésite pas à adresser une plainte au parquet d’Agadir, sujet : photos pornographiques commercialisées sans son consentement.

Comme on est au Maroc et que c’est la police marocaine qui se charge de l’affaire, la plaignante devient vite coupable, elle est condamnée à une année de prison ferme assortie d’une amende de 3000 Dh, pour débauche, exposition d’organes, exercice d’activités sexuelles… Le jugement est sévère, le cas de l’institutrice est un abus de confiance de la part de son partenaire sexuel ou ‘petit ami’ si l’on croit son témoignage, son procès aurait dû être traité autrement. Les deux frères récoltent le fruit de leur commerce facile : 4 mois de prison et une amende de 5000 Dh chacun. Une question se pose : sur le CD figurent uniquement les photos du site ou d’autres ont été ajoutées ? Certaines photos normales sans aucune insinuation sexuelle ni pornographique y figurent, est-il possible que ce soit une certaine vengeance de filles totalement innocentes ? Il est sûr que beaucoup de femmes prennent le risque d’envoyer leurs photos par internet : simple est-il de les introduire dans n’importe quel site ou les truquer en collant la tête de la concernée à n’importe quel corps nu !

Le parquet de la ville creuse et suit toutes les pistes surtout après les ordres de la direction centrale, le site internet est fermé. Une dizaine de filles sont identifiées dont l’ouvrière et la mineure. Parmi elles une autre enseignante qui parait dans une photo tout à fait normale, mais qui est dès lors le sujet de chuchotements, de regards et de plaisanteries, elle souffre du comportement de son entourage alors qu’elle est innocente du moins jusqu’à ce qu’on s’assure de son cas.

L’enquête mène également au concierge qui a loué l’appartement à Philippe sans aucune pièce d’identité. Cette pratique est courante à Agadir et dans d’autres villes : on loue immédiatement aux européens et aux arabes puisqu’ils payent sans négocier. L’africain est tombé dernièrement, mais aucune news depuis quelques jours. L’enquête avance à pas de tortue. La piste de l’obsédé sexuel nommé Philippe n’est pas encore largement explorée.

Les gadiris ont toujours été conscients de la réalité de l’activité sexuelle dans leur ville : sa vocation touristique en est certainement la cause hit-parade. Mais pourquoi ils ont tous été choqués par ce scandale ? D’abord, car les intimités anormales de plus de 80 filles dont la majorité n’exerce pas le plus vieux métier du monde ni comme prostituées ni comme entremetteuses, ont été diffusées en flux. Cette diffusion a suscité le dégoût : les photos sont troublantes, elles donnent la nausée, surtout qu’il n’est pas question de simples rapports sexuels, mais de plans cadrés et pris avec beaucoup de plaisir qui est passé à l’excès et avec des intentions nuisibles aux Maroc et à ses femmes. En plus, deux gadiris, fils du bled, ont pris le soin de graver les images sur des CD et dans les mémoires du plus grand nombre d’intéressés.

Plusieurs questions se posent et s’imposent brûlantes : pourquoi une femme se laisse cracher dessus pour une simple promesse sceptique de la part d’un inconnu ? Pourquoi partout on passe des nuits blanches à draguer sur le net pour préparer les nuits rouges ? Pourquoi des femmes qui sont sensées être des éducatrices et des exemples se laissent emporter par le plaisir et démissionnent devant la raison ? Pourquoi elles s’élancent dans un dessin de chimères, et au lieu de garder les pieds sur terre, au simple sourire, elles les gardent sur les épaulent ? Pourquoi même ceux qui travaillent, qui ont leurs salaires, et qui sont plus ou moins stables cherchent à quitter ce pays ? Quand et comment le tourisme sexuel peut-il être arrêté tout en sachant qu’il passe au plus flagrant : des enfants sont exploités et offerts aux pédophiles qui viennent soulager leurs pulsions de chiens chez nous ? Pourquoi cette cité si riche ne peut réduire l’inégalité sociale qui fait souffrir bien des gens dans les quartiers périphériques et pauvres, à la marge de la ville et de la vie ?

Aujourd’hui, les plus jeunes et même des enfants de 5 ans peuvent raconter le récit du scandale devenu national : ils en rigolent en cachette. Les plus vieux s’en moquent, ils connaissent la vraie face d’Agadir, plus rien ne les surprend. Les plus inquiets, ceux qui pensent au noyau du sujet, sont tristes, ils en discutent sans tabou, ils en discuteront encore et encore pour tenter de répondre à une question dévorante : pourquoi le sexe chez les marocains est source de tous les maux ?

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