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Fayçal Laâraïchi : «La RTM disparaîtra avant février prochain»

Le Matin du Sahara : La RTM a changé de statut et est devenue Société anonyme de radio et télévision. En quoi cette mutation peut-elle influer sur l’avenir et le devenir de la première chaîne marocaine ?

Fayçal Laâraïchi : Effectivement, c’était, comme vous dites, une mutation que nous attendions depuis longtemps, dans la mesure où aujourd’hui, un outil de communication audiovisuelle et d’information, s’il n’a pas la souplesse et la réactivité suffisante, est toujours en retard sur les autres médias audiovisuels. Il était donc nécessaire pour nous de changer de statut afin de nous doter des mêmes moyens juridiques et de gestion que nos concurrents. Aujourd’hui, la loi est passée.

Le changement de statut est en cours d’achèvement. Nous avons jusqu’au 2 février maximum pour faire disparaître la RTM. Une fois que le cahier de charge sera approuvé par la haute autorité, nous aurons deux mois pour faire disparaître la RTM. A partir de là, nous serons une société anonyme à capitaux à 100% étatique avec un contrôle à posteriori qui nous permettra de réagir et de gérer, de manière beaucoup plus rapide tout ce qui concerne la télévision, la radio et la télédiffusion.

Le concept RTM englobant ces trois direction, plus une direction des affaires générales et des ressources humaines et
Nous serons dotés d’un statut qui nous permettra de mieux faire face à la concurrence et d’accroître notre vitesse de développement.

Et quel sera l’avenir des fonctionnaires de l’ancienne RTM ? Seront-ils maintenus ? Y-a-t-il des plans de départs ?

Il se trouve que de manière absolument fortuite, l’opération de départs volontaires arrive, en même temps que le changement de statut. C’est quelque chose de positif et en même temps négatif. Négatif dans la mesure où nous avons un grand nombre de cadres supérieurs qui quittent la RTM. Sur un nombre de 30 ingénieurs chefs, 25 d’entre eux quittent. Parmi les rédacteurs en chefs principaux, il y a un grand nombre qui part… Mais il y a une relève, il y a des gens très compétents et nous allons rajeunir nos effectifs en embauchant de nouveaux journalistes qui seront formés et intégrés.

Depuis que vous avez été nommé par S.M. le Roi à la tête de la RTM, quels sont les grands chantiers auxquels vous vous êtes attelé ? Quels sont ceux que vous avez menés à bon terme et que reste-t-il à faire, à votre avis ?

Nous avons commencé par le chantier des ressources humaines avec la mise en place d’un plan de formation. Ce plan existe depuis presque 5 ans avec l’Institut national de l’audiovisuel français. Nous avons dispensé plus de 1000 unités de formation. Le résultat se voit. Il y a une progression de la qualité sensible. Il faut continuer dans ce sens-là car dans ce métier, la formation continue est absolument nécessaire. Les technologies évoluent, les techniques évoluent. Il faut que les gens soient au contact de ce qui se fait de mieux et de manière récurrente.

Après Ar-rabiâ, vous allez bientôt lancer une chaîne parlementaire. Qu’en est-il de ce projet ? Et est-ce que Ar-rabiâ, telle qu’elle existe actuellement, répond-t-elle aux objectifs qui lui ont été fixés ?

Ar-rabiâ répond de manière éditoriale aux objectifs qui ont été fixés. Cela ne fait aucun doute. Il nous reste à développer la pénétration dans le monde rural, ce qui ne peut se faire que par le biais d’une mise en place d’émetteurs.

Sans la télédiffusion, sans les émetteurs, on a beau avoir tous les programmes du monde, si on n’arrive pas à les capter, cela ne sert à rien. Ainsi, après les ressources humaines, le deuxième grand chantier est celui de la remise en état de la télédiffusion et l’accroissement de la couverture du territoire nationale à toutes les chaînes. Al maghribiya est satellitaire car elle a pour vocation d’être dirigée vers l’extérieur.

La couverture de la TVM sur le territoire national est très satisfaisante puisqu’on couvre plus de 90 %. Pour Ar-rabiâ, on est en satellitaire et c’est un peu dommage. Mais les investissements pour la capter en terrestre sont très importants. L’avènement de la télévision numérique terrestre nous permettra d’accélérer cette pénétration. La télévision numérique terrestre est à l’ordre du jour, nous espérons mettre en place des sites pilotes dès début 2006.

Avec le changement de statut, la TVM va disposer d’un budget qui lui est propre. Comment va se faire sa répartition dans la pratique ?

En effet, nous passons d’un budget annexe du ministère de la communication puisque nous sommes une direction de ce ministère à un budget propre qui sera constitué par les rentrées publicitaires, la taxe sur le paysage audiovisuel, qui sera alimenté par une subvention de l’Etat. Tout cela se fera dans le cadre d’un contrat-programme par le biais du ministère des finances. Il est évident que si nous prenons notre mission qui est une mission de service public.

Nous avons une mission très précise, nos objectifs ne sont pas la profitabilité, nous ne sommes pas là pour lettre une gestion qui dégage les bénéfices. Nous sommes là pour gérer au mieux les deniers de l’Etat tout en offrant le meilleur service. La contrainte est double, elle n’est pas orientée de manière agressive vers le commercial, mais plutôt offrir le meilleur service au citoyen marocain.

Concernant la mission de la TVM, celle-ci donne toujours l’impression d’être une vieille dame qui dort sur ses lauriers et qui ne reflète pas totalement les préoccupations du citoyen. Que faut-il faire, à votre avis, pour se réconcilier avec le spectateur ?

Je ne suis pas d’accord avec vous. Je pense que l’image a changé ces dernières années. Il y a eu une grande progression tant au niveau d’habillage, de dynamisme, de nouveautés de programmes, d’offre de fiction, a été multiplié par sept ou huit la production nationale. Nous avons mis en place un programme 100 % jeunes. Pour la rentrée, nous allons lancer plusieurs programmes, dont un débat politique orienté vers les jeunes, un débat social etc. Bref, une série de nouveauté qui nous permettra de nous rapprocher du citoyen et de ses préoccupations.

Néanmoins, nous ne sommes pas uniquement une chaîne de proximité. A travers notre mission qui est informer, divertir et éduquer, il faut trouver un équilibre qui permette de répondre à cette mission-là. Nous avons aussi pour forte mission de mettre en exergue les actions de l’Etat et du gouvernement marocain dans toutes ses composantes.

Ce caractère dit officiel ne doit pas être pris dans le sens péjoratif, mais plutôt dans son sens positif. Je suppose que n’importe quel citoyen a envie et a besoin de savoir ce qui se passe dans son pays au niveau institutionnel. Si nous ne le faisons pas nous, il y aura un manque énorme. Ce qui peut sembler rébarbatif parfois, est absolument indispensable pour le développement d’une nation. Et cela fait partie de notre mission.

Pour les parts de marchés, vous avez un grand concurrent, la deuxième chaîne…
A valeur d’aujourd’hui, il n’y a que deux grandes études nationales sur la mesure d’audience. Sur la dernière étude, réalisée en juillet de l’année dernière, on relève des résultats satisfaisants pour nous. C’est-à-dire que de 18 h 30 à 21 h 30, nous sommes les premiers.

A ce sujet, nous n’avons pas d’inquiétude. L’avenir s’annonce de manière positive avec ce changement de statut qui va nous permettre d’être plus réactif, plus proche et de mieux répondre aux attentes du public. On ne se fait pas de souci pour la pénétration dans les foyers. Au contraire, c’est un objectif et une motivation positive.

M. Laâraïchi, vous êtes le vice-président délégué du Festival International du film de Marrakech. Le festival a posé les jalons d’une meilleure conceptualisation de cet évènement avec une programmation sérieuse, se positionnant ainsi dans la cour des grands. Qu’en est-il dans les faits ? Pensez-vous que les objectifs fixés ont été atteints ?

Les objectifs que nous a fixés S.A.R. le Prince Moulay Rachid, président de la Fondation du Festival International du Film de Marrakech étaient clairs. Notre mission avait été de mettre en place un festival résolument international. Nous n’avions pas de thème de type Nord-Sud…mais plutôt une contrainte importante, celle de l’ouverture sur toutes les cinématographies du monde.

A ce titre et en collaboration avec Publics Système Cinéma qui est co-organisatrice avec la Fondation du Festival, et en un temps relativement court qui était de 3 à 4 mois, nous pensons, honnêtement que les objectifs ont été atteint. Evidemment, tout est perfectible, mais si nous examinons la programmation, elle est de très haut niveau.

Vous voulez dire que vous confirmez les choix de 2004, concernant l’ouverture vers un cinéma international, un cinéma d’auteur de bonne qualité ?

Absolument, ce sera une sélection très éclectique, très ouverte sur le monde, en provenance de tous les pays, pour réellement découvrir des talents et rencontrer des talents confirmés. Et là, c’est un positionnement auquel nous tenons vraiment.

Pensez-vous que le Festival de Marrakech pourrait bientôt avoir le label grand festival, à l’instar de Venise, Cannes, Berlin ?

Cannes est Cannes. Venise et Berlin viennent juste après en terme de notoriété. Mais il y a d’autres festivals qui grandissent aussi… Mais je peux dire que le niveau de performance que nous avons atteint nous pousse déjà dans l’anti-chambre des grands festivals.

Et c’est véritablement notre souhait est de conforter, de développer et d’améliorer ce Festival pour en faire un grand festival sachant que quand vous vous déplacez d’un festival à l’autre, chacun a sa spécificité, en terme de programmation, d’activités autour du festival, de lieu.

La magie de Marrakech, l’hospitalité légendaire des marrakchis font de cette ville un lieu mythique. Mais attention, nous ne sommes pas dans une démarche touristique. C’est un festival professionnel qui focalise sur l’art du cinéma et sur l’ouverture sur l’international.

source:lematin

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