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Le harcèlement au quotidien des femmes marocaines

tout ceci rebute les piétons, surtout les âmes sensibles qui n’arrivent pas à s’habituer à cette situation devenue normale par la force des choses.

Agressions verbales, dragues et autres harcèlements sont, également, le lot de toute jeune femme ayant osé longer une rue ou un boulevard sans escorte masculine.

Qu’elle soit canon ou laideron, couverte d’un «hijab» ou en tenue sexy, aucune femme n’est épargnée par l’espèce masculine qui «tire sur tout ce qui bouge». Démocratie oblige. Quand il s’agit de draguer ou de déranger, nos hommes rangent au placard tous leurs principes discriminatoires. Alors, celles qui pensent que la drague est le meilleur moyen de les rassurer sur leur sex appeal, doivent savoir qu’elles n’ont pas forcément raison.

«Habituellement, je vais au travail en voiture. Les quelques mètres qui me restent à faire pour arriver à la porte de la société me paraissent toujours longs et interminables. Et pour cause. Rien que pour traverser la rue, chauffeurs de voitures, de motos et de bicyclettes marquent un temps d’arrêt pour me lancer quelques mots empoisonnés. Il peut s’agir de remarques désobligeantes, de réflexions méchantes ou de drague maladroite et vulgaire. Rien de plus déprimant pour commencer une journée de travail», se plaint Zineb. A côté des agressions verbales, celles physiques sont légion.

Le sexe dit faible est ainsi plus facile à attaquer. Nadia, âgée de 32 ans, fait partie de celles qui refusent de faire quelques mètres à pied sans être accompagnées.

Il a suffi d’un incident pour qu’une véritable psychose s’empare d’elle. Un jour qu’elle se promenait, avec son mari, le long de l’avenue 11 janvier, ils ont été pris d’assaut par un bonhomme armé d’un grand couteau. Le voyou était drogué et hors de lui. Son mari, qui a dû se battre avec l’agresseur, a fini par recevoir un coup de couteau au genou. «Il est vrai qu’on a eu plus de peur que de mal, mais depuis ce jour je n’ose plus marcher seule dans la rue.

Et quand je suis obligée de le faire, c’est en me retournant sans arrêt. A chaque fois qu’une personne s’approche de moi, je commence à trembler. En plus je soupçonne tout le monde. Pour éviter tout ça, je ne me déplace qu’en voiture. Le seul endroit où je me permets encore de faire de la marche c’est la Corniche, mais à condition que mon mari soit à côté de moi.»

Quand ce ne sont pas les agresseurs, les drogués ou les dragueurs qui gênent ces femmes, ce sont les mendiants ou les fous qui s’en chargent. Assaillies de toutes parts, les passantes sont la cible idéale des vagabonds. Argument : les femmes sont généralement plus sensibles à la misère des autres et ont le geste plus rapide à aller vers la bourse pour offrir une obole. Ces rapaces profitent également du fait qu’une femme aurait plus peur qu’un homme quand un étranger s’approche d’elle.

Elle serait, donc, prête à lui offrir de l’argent juste pour s’en débarrasser. Même les enfants, qui sont de plus en plus nombreux à s’adonner à la mendicité, l’ont compris. Ils collent aux femmes et s’agglutinent autour des groupes de jeunes filles pour les obliger à mettre la main au porte-monnaie. Ce calvaire quotidien vécu par les femmes reste une énigme pour les hommes. Ces derniers n’en mesurent pas l’ampleur parce qu’il ne les touche pas. Il est ancré dans leurs mœurs et ne les choque pas outre mesure.

Certains hommes l’expliquent comme une réaction naturelle et complètement irréprochable. Mohamed, chauffeur de taxi, va même jusqu’à affirmer que ce sont les femmes qui provoquent les hommes et qu’elles sont donc les premières responsables de ce type de dérapage. «Les femmes agressent les hommes avec leur apparence exubérante. Un homme est un être en chair et en os. Il ne peut rester insensible au passage d’une femme. S’il y a donc quelqu’un à plaindre, c’est bien l’homme.»

Autre son de cloche du côté des femmes, qui considèrent ce harcèlement comme une marque de mépris envers elles et une atteinte à leur liberté personnelle. «Est-ce que les femmes n’ont pas le droit de circuler en toute liberté comme n’importe quel homme ?», s’insurge Malika qui a été dernièrement victime d’une tentative de drague qui a viré à la bagarre. «Si mon agresseur avait persisté un tant soit peu, je l’aurais livré à la police. Il faut être intransigeante avec ce genre de personnes !», lance-t-elle avec colère.

Une fois arrivée au poste de police, aurait-elle gain de cause ? Telle est la vraie question.
En attendant que les mœurs de nos concitoyens s’adoucissent et que notre société cautionne moins ce genre de dérive, les femmes continueront à partir à l’étranger pour pouvoir s’offrir de longues promenades en toute quiétude, loin des regards convoiteurs et des gestes insolents.
Un luxe qui n’est pas si dur à vivre chez soi si tout le monde y met du sien.

Kenza Alaoui
LE MATIN

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