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Humeur : Pas si mondial que ça

La version 2006 du sport le plus populaire au monde n’a pas sa place dans les modestes foyers marocains équipés uniquement de ces bonnes vieilles antennes râteau. Ainsi en a décidé la toute puissante chaîne ART, ce groupe qui détient les droits de diffusion des matches de la Coupe du monde pour l’Afrique du Nord.

Quelques matches ont toutefois été « gracieusement » offerts aux plus médiatiquement démunis : le tout début, question de se mettre l’eau à la bouche, et la fin pour mieux se rendre compte de ce qu’on a raté.

Quant au nœud et au suspens de la compétition, il faut aller le chercher dans les entrailles des récepteurs numériques, dans les méandres du piratage ou au détour de quelques chaînes allemandes diffusées en clair. Pour ceux qui n’ont pas ce moyen reste les cafés. A signaler que trois cafés par jour peuvent nuire à la santé…

Quoi qu’il en soit, il faut aujourd’hui soit être friqué ou rusé, soit jouer du slalom pour avoir le privilège de se qualifier aux phases finales de visionnage du choc des nations footballistiques.

Suivre le mondial au prisme du commentaire national est aujourd’hui hors de portée du commun des mortels, les Marocains l’ont compris et savent que ce n’est là qu’un prélude à une privatisation complète de ce sport dans les années qui viennent.

Eh oui ! Paradoxe des paradoxes, à l’heure de la mondialisation des échanges, du savoir, des technologies, de la fraternité bla, bla… Le football lui se « démondialise », lui qui fut l’un des premiers vecteurs de la mondialisation.

Voir un match du mondial de football, ce sport dont la simplicité fait sa beauté, est devenu complexe. Or si la fête est aussi grandiose, si les grandes dates historiques de cet événement sont à jamais gravées dans l’imaginaire planétaire, c’est précisément parce qu’il a toujours été possible de voir, sans grande difficulté, un match du mondial dans n’importe quelle contrée du globe ou presque. Aussi perdue et démunie soit-elle.

Le football ou du moins son instance dirigeante – elle qui possède plus de membres que l’Onu – prend le risque d’écorcher la dimension universelle de ce jeu en le rendant inaccessible à une partie de ses plus fervents adorateurs.

Mais n’est-ce pas là le simple reflet d’une mondialisation que certains estiment outrageusement économique, qui n’hésite pas à jeter sur la touche les plus démunis ? N’y a-t-il pas des exceptions à extraire de la marchandisation du monde ? Le football, ce patrimoine mondial, n’en fait-il pas partie ?

Saïd Raïssi
menara.ma

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