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Hicham El Guerrouj : le roi du demi-fond quitte la piste

Le nom du Volcan des défis, comme certains de ses compagnons aiment l’appeler, sera ainsi gravé à jamais dans la mémoire de l’athlétisme mondial où il occupera une place de choix aux côtés du Finlandais Paavo Nurmi, de la Locomotive humaine tchécoslovaque Emile Zatopek, du Kenyan Kip Keino, de l’Américain Carl Lewis, de l’Ethiopien Haile Gebrselassie Au Maroc, on se souviendra longtemps de ce point de lumière qui venait éclairer les nuits sombres du sport national, ce signe lumineux d’un Maroc plus vital et plus prospère , comme l’avait qualifié le Prince Felipe de Bourbon, héritier du trône d’Espagne, en lui remettant le Prix Prince des Asturies des Sports pour l’année 2004.

C’est dans les moments les plus pénibles, où la déception dominait, qu’El Guerrouj jaillissait pour redonner espoir et dessiner le sourire sur les lèvres. Il faisait rêver les Marocains. Avec lui, ils pouvaient aspirer au succès, rien qu’au succès, et à un avenir meilleur. A chaque fois qu’il signe une performance, ils avaient la poitrine gonflée de joie et de fierté , indique Lhoucine Benzriguinat, ami intime et compagnon de la lutte sportive d’El Guerrouj.

Le nom d’El Guerrouj est étroitement lié aux performances et records impensables établis sur les pistes. Dix ans de rêve dédiés au Maroc, un pays que le fils prodige de Berkane a servi comme un soldat. Je me suis toujours considéré comme un soldat au service de la patrie. L’argent ne m’intéressait guère, tant il ne peut me procurer ce sentiment de joie et de fierté que tout un chacun peut éprouver en hissant haut les couleurs nationales aux grands rendez-vous sportifs, pour faire plaisir au peuple marocain, ne cessait de le répéter le champion marocain.

Son parcours n’a pas été, toutefois, toujours parsemé de fleurs. Il a dû supporter énormément de pression et de frustrations dues tantôt à l’échec, tantôt aux blessures. Mais le soutien du peuple marocain, de la base au sommet, était toujours là pour le pousser à aller de l’avant. La chute d’Atlanta-1996 a été, paradoxalement, un nouveau point de départ et un tournant décisif dans la carrière d’El Guerrouj qui confie qu’il restera éternellement reconnaissant à Feu SM Hassan II, qui a été le premier à l’épauler en l’appelant par téléphone : Lève-toi, tu es le gagnant, sois sûr que tu remporteras, inchallah, l’or olympique. Le regretté Souverain avait vu juste. El Guerrouj se rachète de la plus belle manière en décrochant deux médailles d’or olympique (1500 m et 5000 m) au berceau de l’Olympisme, Athènes.

Un doublé historique par lequel le Marocain réédite, quatre-vingt ans plus tard, l’exploit du Finlandais Pavoo Nurmi, mais dans un contexte plus difficile marqué par une concurrence acharnée d’athlètes puissants et intraitables.

Ainsi, du ventre de l’échec et de la désillusion est née une performance remarquable qui a fait oublier les années de galère olympique qui ont hanté El Guerrouj et constitué pour lui un complexe au point qu’il avait commencé à se considérer comme l’athlète le plus maudit des Jeux olympiques.

Séduit par le ballon rond comme la majorité des enfants marocains mais jugé trop petit pour être un gardien de but, El Guerrouj s’est reconverti à l’athlétisme et y trouve, finalement, son compte. Il ne tarde pas à attirer l’attention, surtout lors du championnat national de cross country de Fès en 1991 où il fera un grand éclat, surprenant les plus avisés par sa victoire dans la catégorie des juniors en dépit de son jeune âge.

Il imposera son nom et fera son chemin au fil des participations avec l’équipe nationale aux Mondiaux de cross country de Boston (1992) avec un 14-ème rang, et à Amorabeta (Espagne) l’année suivante, où il était entré 15-ème en individuel et décroché la médaille de bronze par équipes. Il s’était également distingué au championnat du monde de course de relais sur route et aux mondiaux des juniors.

En 1992, il prend rendez-vous avec les podiums en montant pour la première fois sur l’une des marches de la gloire aux Mondiaux juniors à Séoul après le bronze décroché face à la star éthiopienne Haile Gebresselassie, qui avait au passage réalisé le doublé 5000m-10.000m, et le Kenyan Ismail Kirui. Son idole Said Aouita sera charmé par son talent et lui présageait un avenir des plus radieux au 1.500m. Il ne se trompa point.

Descendant du 5.000m au 1.500m, El Guerrouj va asseoir sa domination depuis 1996 en battant Morceli en finale du Grand Prix à Milan, devenant ainsi le premier à dominer l’Algérien qui n’avait plus été défait depuis 1992. Depuis, il devint le maître incontesté de cette distance dont il a décroché quatre titres mondiaux avant de glaner, enfin, le titre olympique en août 2004, celui même qui était intervenu quatre jours avant l’or du 5000 m et le doublé historique.

La belle chevauchée derrière les chronos débute en 1994, déjà, quand il avait remporté l’or du championnat du monde des courses de relais sur route avec l’équipe nationale en Grèce (record mondial en 1h 57 sec 56 mn).

Ensuite, l’histoire avec les records ne fera que commencer. Il est actuellement le seul athlète au monde à détenir cinq records mondiaux dont trois en plein air (1.500m, le mile et le 2000m) et deux en salle (1.500m et le mile).

Quadruple champion du monde du 1.500m, un record, et détenteur de trois titres en salle (deux en 1500m et un en 3000m), El Guerrouj s’est vu également attribuer plusieurs titres honorifiques tels ceux du meilleur athlète du monde trois années consécutives (2001, 2002, 2003), un exploit inédit, et de la meilleur performance de l’année en 2004, ainsi que les Prix Prince des Asturies des Sports, de Champion des champions mondiaux décerné par le quotidien sportif L’Equipe et de l’Académie française des Sports.

Il est aussi le seul athlète à inscrire son nom trois fois au palmarès de la Golden League en 1998, 2001 et 2002 sachant qu’il avait remporté ses six courses en 2000 sans pouvoir remporter le jackpot du million de dollars pour la simple raison qu’il n’avait pas participé à la finale, somme toute formelle, du Grand Prix à Doha.

Et voilà que cette épopée de 13 ans prend fin. Une décision qui n’a pas été prise sur le coup, mais après profonde réflexion. Depuis le doublé historique de 2004, El Guerrouj était partagé entre la retraite et la poursuite de sa carrière sportive.Ce jour-là (28 août 2004), je me suis libéré de cette affreuse pression. J’ai pu me reposer et me consacrer à ma famille pendant un an. Mais cela ne m’a pas empêché de ressentir les séquelles de cette épreuve quand j’ai repris les entraînements et décidé de retrouver les pistes, raconte El Guerrouj.

Je tremble rien qu’en pensant à la reprise de la compétition. J’hésite entre la retraite et la poursuite de ma carrière, surtout que personne ne m’encourage à continuer comme c’était le cas par le passé. Même dans mon entourage on ne me pousse pas dans ce sens et la majorité me conseille de mettre fin à ma carrière, confie le champion marocain.Ce garçon est incroyable ! Il fait passer les autres pour des coureurs ordinaires alors qu’ils sont bien loin de l’être.

C’est en ces termes que le célèbre champion olympique anglais Sebastien Coe a décrit El Guerrouj qui marque avec sa retraite la fin d’une génération d’or de l’athlétisme marocain. Cette génération des Khalid Boulami, Zahra Ouaaziz, Nezha Bidouane, Salah Hissou, Brahim Lhalafi et Ali Zine (en quasi-retraite) et autres qu’on doit attendre un bon moment avant d’en voir la réincarnation.

Menara.ma

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