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Nicolas Sarkozy affrontera Ségolène Royal dimanche 6 mai au 2e tour

Et comme d’aucuns n’ont pas hésité à le dire, c’est «la victoire du chiffre de l’abstention». Disons «l’abstention ébréchée». Le premier tour de l’élection présidentielle en France qui a mobilisé quelque 44,5 millions de Français a connu une participation record, d’autant plus significative que de mémoire d’électeur, il faut remonter à 1981 voire à 1965 pour retrouver un taux aussi élevé.

Au total, les experts ont estimé hier la hausse à plus de 20% par rapport à l’élection présidentielle de 2002. Des files d’attente à n’en plus finir, à Paris, à Bordeaux et à Marseille où près de 70 % des inscrits avaient déjà voté aux alentours de 15 heures, à Strasbourg, à Lille et en Bretagne, et le même constat assorti d’une interrogation : la campagne présidentielle de 2007, passionnerait-elle davantage les Français ?
Les enjeux sont-ils plus importants que lors des scrutins précédents ? Le premier tour du 21 avril 2002 s’était soldé par un taux d’abstention très fort, soit 28,4 %.

Celui d’hier renverse quasiment la tendance, et nous oblige à tirer les premiers enseignements d’une campagne qui a vu défiler pas moins de 12 candidats, parmi lesquels d’abord un quarteron de figures emblématiques, habituées les uns et les autres aux joutes oratoires : Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal, François Bayrou et Jean-Marie Le Pen.

La 8e élection présidentielle au suffrage universel – institué par le général de Gaulle par référendum en novembre 1962 – restera marquée par l’irruption sur la scène d’une quatrième femme de gauche après Marie-George Buffet, secrétaire générale du Parti communiste, Arlette Laguillier de Lutte ouvrière (trotskyste) , Dominique Voynet (mouvement des Verts) : il s’agit de Ségolène Royal du Parti socialiste, première force d’opposition, créditée depuis son lancement en campagne il y a plus d’un an de scores prometteurs.

Depuis quelques mois, en effet, la campagne officieuse et officielle ensuite aura été dominée par le poids écrasant des sondages, comme jamais auparavant. Ils ont eu la fâcheuse propension à alimenter commentaires et discussions de salon, sans toutefois déterminer en quoi que ce soit le comportement définitif des électeurs.
Comme Hillary Clinton le rappelle bien à propos, « les sondages ne votent pas, ce sont les gens qui votent ». Il n’en reste pas moins que leur influence dans cette campagne électorale française, pour fluctuante encore qu’elle est, aura été à tort ou à raison déterminante.

A telle enseigne que le ministre de l’Intérieur Michel Baroin s’est cru obligé in fine de publier une circulaire menaçant de poursuites judiciaires tous ceux qui joueraient aux pronostics des sondages. Ceux-ci sont-ils le poison nécessaire ? En 1995, alors que personne ne s’y attendait, les sondages avaient tout prévu, notamment l’arrivée en tête au premier tour de Jacques Chirac et d’Edouard Balladur, mais c’était Lionel Jospin ! En 2002, ils avaient fait l’impasse sur le candidat de l’extrême droite, Jean-Marie Le Pen, qui pourtant créa la surprise et incarna le retour du spectre de l’extrême droite.

Nous sommes en présence de ce que les commentateurs américains appellent avec pudeur (!) une « horse race politics » (la politique de course aux chevaux), caractérisée par l’emballement médiatique et une dramatisation par la presse à des fins de vente.

Une autre caractéristique de cette élection tient à la fois à l’arrivée de nouveaux inscrits sur les listes représentant près de 5% du corps électoral et au nombre considérable d’indécis qui a constitué la grosse « part d’ombre », une zone à l’opacité inaccessible à l’assaut de laquelle les candidats se sont lancés.

Dimanche en revanche, corrélation a vite été établie entre l’arrivée des nouveaux électeurs dans la course, la participation massive précédant l’enjeu d’un scrutin, dominé davantage par la qualité et l’appartenance politique des candidats en lice que par les programmes soumis au vote.

C’est en quelque sorte un « vote identitaire » au finish même si, au premier tour, le choix s’apparente – et la tentation est grande aussi bien à droite qu’à gauche – à un vote sanction, à un rejet, voire à un message d’alerte… Si en 2002 les trois grands candidats supposés principaux du premier tour ( Jacques Chirac, Lionel Jospin et François Bayrou) n’avaient totalisé – forte abstention oblige – que 43 % des voix à eux tous, hier ils ont obtenu quelque 78%, chiffre record qui conforte l’exceptionnelle participation des Français au scrutin.

L’explication en est que d’un côté comme de l’autre de l’échiquier, la participation semble traduire une prise de conscience politique et aussi une sorte de mécontentement diffus.
L’avance de Nicolas Sarkozy sur sa challengère, Ségolène Royal , s’explique par l’âpreté du débat national entre les quatre principaux concurrents qui, tout au long de cette campagne, se sont bousculés, ne se sont épargnés ni phrases assassines, ni vilénie ni déballage d’affaires pour retenir l’attention des électeurs.

Cette passion mise au niveau des candidats et des électeurs tient à cette conviction – chaque année renforcée tout au long de l’histoire de la Ve République – que la place du président élu est d’autant plus significative qu’elle incarne le pilier, la « clé de voûte » du système fondé par le général de Gaulle.

L’homme du 18 juin n’aimait-il pas à dire que le « président de la République ne doit pas être confondu avec aucune fraction et doit servir l’intérêt national » et être au-dessus de la mêlée ? Cette posture, les candidats n’ont cessé de la revendiquer, de Nicolas Sarkozy à Ségolène Royal et, surtout, de François Bayrou, « outsider » en quelque sorte qui, parti de ses terres du Béarnais, entendait rassembler gauche et droite sous la même bannière, séduisant jusqu’à quelques caciques du Parti socialiste au sein duquel il a créé une nette confusion.

Et sans lequel rien ne pourra se faire au lendemain du dimanche 6 mai prochain. L’autre leçon, c’est le recul du Front national puisque Jean-Marie Le Pen ne recueille que 11,1 % accusant une nette débandade, un mouvement en déroulé en arrière…
Le successeur du président Jacques Chirac – qui sera élu dimanche 6 mai prochain – est interpellé à la fois par l’impératif du changement et une continuité institutionnelle. Le premier signe est évidemment un changement qui caractérise cette relève générationnelle de 2007 : Nicolas Sarkozy est âgé de 52 ans et Ségolène Royale de 53 ans.

Même âge, même élan et même exigence de bousculer les certitudes, l’une pour réinventer la République et l’autre pour accentuer la « rupture ». La candidate socialiste n’en démord pas de « laver l’affront » et faire oublier le traumatisme fait à son parti et à son ancien ténor, Lionel Jospin, en 2002, le leader de l’UMP en creusant l’écart à la fois avec l’extrême droite du Front national et le centre dont une partie de l’UDF devrait en principe reporter ses voix sur lui.

L’héritage de la Ve République est lourd : la cohésion nationale, le chômage, l’environnement, l’Union européenne, l’Afrique, le monde arabe, les relations passionnelles avec l’Amérique et tant d’autres sujets majeurs.

Hassan Alaoui
LE MATIN

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