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Cuba responsable et interpellée par le drame humanitaire

Aux Etats-Unis, où la force de l’opinion et de la presse demeure incontournable et décisive, le Conseil du clergé national américain, par la voix de son président, le révérend Rob Schenk, vient de dénoncer vigoureusement les méfaits des séparatistes et évoque «une tragédie humaine qui se déroule dans les camps de Tindouf, sur le territoire algérien».

Le propos ne relève pas d’un simple constat, il est aujourd’hui au cœur d’un grave débat, mené à l’échelle internationale, sur l’étrange et criminelle politique menée à trois niveaux par le polisario et ses seuls commanditaires, l’Algérie et Cuba.

Que l’opinion publique américaine soit informée et sensibilisée sur les agissements de ces derniers constitue une avancée remarquable dans le processus d’explication que mènent les Sahraouis marocains, mobilisés à cet effet.

Depuis quelques années, aussi, les observateurs se sont rendus à cette évidence que non seulement le polisario, création de l’Algérie, ne représente plus que lui-même – c’est-à-dire un groupuscule de séparatistes sans foi ni loi – , mais que l’aide humanitaire qu’il reçoit, destinée en principe aux populations séquestrées dans les camps de Lahmada, est constamment détournée au profit d’une nomenklatura de dirigeants et revendue sur les marchés noirs des Etats voisins, monnayée également dans le cadre de recrutement de jeunes en déshérence dans le Sahel…

Le même traitement est réservé aux stocks de médicaments, des matériels pour handicapés que ne cessent d’envoyer régulièrement les ONG et les associations humanitaires. De telles pratiques continuent depuis des décennies, elles ont été dénoncées à plusieurs reprises par des observateurs neutres et notamment par de nombreux gouvernements, sensibilisés au calvaire des populations séquestrées.

On rappellera que jamais les représentants de la Croix-Rouge et HCR (Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies) n’ont pu accéder, ni être autorisés à se rendre dans les camps de Tindouf et Lahmada, Alger ayant constamment opposé un non catégorique… Cependant, il y a pire dans cette escroquerie appelée polisario : la déportation programmée de près de 2000 enfants vers Cuba au prétexte fallacieux qu’ils y seront formés, arrachés à leurs familles séquestrées à Tindouf.

L’opinion publique américaine découvre pour ainsi un véritable drame inédit, génocide enfantin s’il en est, parce que les enfants deviennent l’objet d’un endoctrinement idéologique de type et d’encadrement stalinien, formés à l’anti-marocanisme primaire. Le révérend Rob Schenk, après avoir appelé le peuple américain à saisir ses représentants au Congrès et au département d’Etat, a trouvé le mot qui résume un aussi cruel contexte: «il faut donner une voix aux personnes sans voix, séquestrées dans les camps».

Ils sont nombreux, en effet, à avoir été dépourvus de voix, à supporter le long calvaire et la chape de plomb du système communiste à Cuba. Depuis belle lurette, on sait que Fidel Castro, agitant l’antienne de «l’internationalisme prolétarien», a toujours mis ses troupes et ses experts militaires au service de l’expansion soviétique en Afrique, notamment pour soutenir le régime totalitaire de Mengistu qui semait une «terreur rouge» en Ethiopie, le régime d’Angola, du Mozambique et d’Algérie…

C’est au nom des mêmes principes que le régime cubain « kidnappe » des enfants des camps de Tindouf, au mépris de la morale la plus simple, les déracinant de leurs origines, détruisant ainsi leur foi religieuse et leurs traditions, les embrigadant dans des réseaux de prostitution contrôlés – c’est le comble de l’infamie – par la police cubaine.

Il s’agit là, à coup sûr, du plus grand scandale humain que les associations des droits de l’Homme et les Etats devraient dénoncer et condamner coûte que coûte. Il reste qu’un tel drame est lié à la nature du régime totalitaire imposé par la junte au pouvoir depuis 1959, soit quarante-sept ans de dictature et de privations qui ont fini, outre le splendide isolement de l’île du sud de la Floride, de jeter le pays dans une pauvreté endémique.

La relève en cours que Raul Castro, frère de Fidel, assure, ne laisse pas indifférent, certes, mais elle ne présage aucunement d’un changement radical qui bouleverserait les structures d’un coup de baguette magique dans un pays livré aux sévices des apparatchiks et des bureaucrates.
Le livre , «El Magnifico» que l’ancien patron de renseignements cubains, Juan Pipas, vient de publier, et dont la presse internationale s’est fait l’écho, constitue un témoignage accablant à la fois pour le régime dictatorial cubain, pour le polisario et le gouvernement algérien à l’origine du drame.

Même dénonciation aussi chez Dariel Alarçon, alias Benigno qui fut responsable, des années durant, de la formation militaire et paramilitaire et qui, dans le cadre d’un documentaire diffusé aux Etats-Unis, avoue avoir entraîné des enfants sahraouis âgés d’à peine 9 ans et moins de 15 ans avec l’objectif d’en faire plus tard des agents à la solde de Cuba et des propagandistes. Le voile se lève, et au fur et à mesure se découvre le système concentrationnaire mis en place par Cuba, le gouvernement algérien et le polisario.

Tant que le régime castriste demeure, enraciné dans son aveuglement, le sort des enfants kidnappés ne changera pas, sauf à croire qu’une campagne internationale, menée à l’échelle des pays démocratiques, voire à Cuba même, pourra convaincre le gouvernement de Raul Castro, que l’on dit plus «ouvert» et accessible dans sa discrétion, à mettre fin au clavaire des enfants déportés et à l’arbitraire infligé par le polisario. Les gouvernements et l’opinion mondiale ne peuvent continuer à taire un tel drame humanitaire.

Et Cuba, si tant est que l’on puisse croire qu’elle souhaite normaliser ses relations avec le monde, devrait commencer – gage de bonne volonté s’il en est – par épargner à nos consciences de telles épreuves pour ne pas dire de tels crimes…

Hassan Alaoui
LE MATIN

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