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Tranches de vie de Marocains à New York

Mais tous avoueront sans exception que l’Amérique a changé depuis le 11/09. Karim M., est originaire du Rif, il tient une pizzeria sur Lexington Avenue. Marié et père de deux enfants, il avoue avoir un peu le mal du pays.

Son village sur les hauteurs de Ajdir lui manque terriblement mais malheureusement les finances ne suivaient pas.

Dieu merci, hormis l’éloignement, il n’a pas à se plaindre, les affaires marchent à Big Apple. Visiblement, les tristes évènements de septembre 2001, n’ont pas eu d’impact sur son commerce ou si peu. D’ailleurs, il n’a jamais été inquiété par la police . Ou peut-être une fois, une seule en 15 ans, mais sans plus. Il ne peut s’empêcher de ressentir, toutefois, cette espèce de gêne, ce malaise .

Deux blocs plus loin, au croisement de Lexington et de la 5-ème Avenue, Ahmed K., 24 ans, vêtu d’un tee shirt rouge avec par-dessus un basket ball Jersey vert, long pull sans manches très prisé par la jeunesse américaine, debout devant son push cart, offre hot dog, pretzel et autres bagel (pains en forme d’anneaux à base de farine) dont raffolent les Américains.

Il y a un an et demi, il a découvert l’Amérique grâce à la loterie, confie-t-il à des journalistes marocaines en visite aux Etats-Unis. Il est content de son travail mais compte reprendre le chemin de l’université dès qu’il aura mis un peu d’argent de côté. A Kénitra, il poursuivait des études en sciences physiques.

Il ne tarit pas d’éloges sur sa vie aux Etats-Unis mais tient des propos très durs à l’égard de ses concitoyens qui sont un peu trop individualistes à son goût.

Bien sûr que son pays lui manque, dit-il, le regard nostalgique. Dites à ma mère que je me porte bien, dit-il en notant sur un bout de papier d’une écriture mal assurée son adresse au Maroc. Il est tellement ému de rencontrer des concitoyens qui viennent du pays.

L’ombre du 11 septembre

L’air à New York est frais en cette fin d’après midi de mai, le long de Central Park les derniers joggers accélèrent la cadence, encore une dernière foulée tandis que l’horloge du célèbre parc New Yorkais, marque 19 heures. La circulation est très dense à Manhattan, célèbre quartier des affaires de la métropole, où les cab (taxi jaunes) défilent sans arrêt au milieu de buildings sans fin et de parterres de tulipes multicolores.

Sur Madison Avenue, un restaurant affiche pompeusement en lettre dorée Barbès sur sa devanture, du nom du célèbre quartier parisien. Ici, on offre un menu 100 % marocain, préparé par …des cuisiniers chinois et servi au son de la musique arabe. Siham, jeune serveuse marocaine de 29 ans est installée depuis 5 ans aux Etats-Unis. Maman d’un petit garçon, elle était hôtesse de l’air, mais a dû, pour des raisons personnelles, quitter le pays.

Ici, pour gagner ta vie décemment, il faut travailler dure, se battre sans cesse.

Pour faire sa place à New York, explique pour sa part Omar, un des propriétaires du restaurant, lunettes tendances et costard de dandy, il faut être unique et avoir son propre concept. A Time Square, le coeur touristique de New York, où le visiteur est accueilli par un déluge de néons et de publicités, Aziz, 45 ans chauffeur de taxi la nuit pour améliorer son quotidien, est fatigué de se battre, toujours se battre et aspire à une vie plus tranquille chez lui à Mohammédia où il compte d’ailleurs s’installer définitivement.

Avant, la vie ici était beaucoup plus simple, plus insouciante, cela fait dix huit ans qu’il vit le rêve américain, mais aujourd’hui, les choses ont changé, la suspicion s’est installée, confie t-il avec amertume.

En effet, la suspicion est là, insidieuse jusqu’à l’aéroport JFK de New York, où la préposée aux douanes, Denise, quelque peu confuse, après une fouille au corps, lance un non, il ne faut pas s’offusquer, You are nice girls (vous êtes de chouettes filles), à l’adresse des cinq journalistes marocaines en partance pour Casablanca.

Incontestablement le 09/11 a bouleversé la vie des Américains et marqué leur quotidien. La sécurité y est plus visible et renforcée. Le Ground Zero offre toujours à la vue des visiteurs ses immenses cratères telles de grandes plaies béantes. Un énorme vide.

Bouchra Benyoussef (MAP)

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