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L’héritage qui pousse au crime

La victime de Omar est Abdelkbir, son beau-frère. Ce dernier est né à Tnine Laghyate, province de Safi, en 1966. Sans fréquenter ni l’école coranique ni l’école publique, il est resté chez lui jusqu’à son quatorzième printemps. À ce moment, il a commencé à travailler dans les champs.
Un travail extrêmement pénible pour un adolescent de son âge mais il ne pouvait plus rester les bras croisés à attendre que son père lui donne à manger. Il a donc décidé d’aider sa famille indigente.
Serviable et jouissant d’une bonne réputation, Abdelkbir est devenu le bien aimé de son douar. Jamais personne ne l’a vu en train de se saouler ou de se droguer. Bref, c’est un garçon laborieux, sérieux, qui ne porte atteinte à personne.
Du fil en aiguille, Abdelkbir l’adolescent devient le jeune homme croyant et pratiquant qui ne manque aucune prière et supporte de moins en moins bien le célibat: le mariage lui apparaît comme le seul moyen de ne pas succomber à la tentation du péché. C’est ainsi que son cœur l’a conduit à Fatna, la fille d’un propriétaire de plusieurs hectares de terres agricoles. Mais le père de Fatna acceptera-t-il de lui donner sa fille en mariage?
«Tu es un homme qui travaille avec abnégation pour gagner ta vie, tu jouis d’une bonne réputation au douar, je n’ai aucune raison de te refuser ma fille», lui déclare le père de Fatna.
Le père de Fatna se montra donc généreux avec Abdelkbir et sa fille. Il organisa leur nuit de noces et leur offrit une maison mitoyenne à la sienne. Quelques jours après le mariage, Abdelkbir rejoint ses beaux-frères dans les champs de son beau-père.
Deux ans plus tard, ce dernier rend l’âme, laissant derrière lui un héritage de plusieurs milliers d’hectares de terrains agricoles. Un héritage qui n’a pas été partagé entre les héritiers, mais qui a été placé entre les mains d’Omar, le frère aîné de la famille. Ce dernier est devenu le gérant de l’héritage. C’est lui qui a le premier et le dernier mot. Personne ne devait lui faire le moindre reproche, et encore moins lui réclamer la moindre part que ce soit. Pire encore, il est devenu cruel au point que tout le monde a commencé à l’éviter. C’est ainsi que Abdelkbir décida d’aller travailler chez des tiers plutôt que de devenir l’esclave d’Omar.
«C’est inconcevable que tu travailles chez les propriétaires de terrains agricoles alors que ta femme dispose de sa part de l’héritage… Il faut que tu la réclames, c’est votre droit», l’encouragent quelques habitants du douar.
En retournant chez lui, il a incitédonc sa femme à réclamer sa part d’héritage. Ce qu’elle fait sans tarder. Malheureusement, Omar réagit violemment : «Je ne te donne rien de l’héritage et je vous conseille de vous tenir à l’écart des champs… Et si tu oses encore une fois me demander quoi que se soit je te chasserai, toi, ton mari et votre petite fille…».
Abdelkbir a commencé par faire appel aux hommes sages du douar pour intervenir après d’Omar. Mais en vain. Et pourtant, Abdelkbir a persisté à lui réclamer la part de sa femme, ce qui a eu pour effet de pouser Omar à bout.
Le jour du souk hebdomadaire de Tnine Laghyate, Abdelkbir s’est levé très tôt. Alors qu’il se rendait vers le Souk, il fut surpris par son beau-frère, Omar, armé d’un bâton qui l’a attaqué violemment. Le crâne fracassé, ligoté, Abdelkbir finit par succomber à l’agression. Son cadavre sera découvert par les passants.
Les gendarmes, alertés, n’ont pas eu à enquêter. Omar s’est rendu spontanément au poste de la gendarmerie de la région.
«Je n’avais pas l’intention de le tuer, mais de le corriger», a-t-il affirmé. Mais cette phrase, répétée en leit motiv par Omar, n’a pas abusé la Cour. Cette dernière a fini par conclure que tuer Abdelkbir était un choix pour Omar et a jugé de dernier coupable d’homicide volontaire avec préméditation et guet-apens. Omar a été condamné à 30 ans de réclusion criminelle.

Abderrafii ALOUMLIKI

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