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L’éducation, une priorité nationale après l’intégrité territoriale

dans l’ouvrage collectif Féminin Masculin, la marche vers l’égalité au Maroc 1993-2003 présenté dernièrement à la faculté des lettres de Dhar Mahrez de Fès par la fondation Friedrich Ebert Stiftung, le Pr Chaker consacre son étude à l’analyse du système éducatif marocain (1993-2003) au regard de la parité des sexes quant au droit à l’éducation.

Affirmant ainsi que la charte nationale de l’éducation et de la formation est venue fixer la volonté politique, celle de faire de l’éducation une priorité nationale et d’entériner les orientations officielles dans ce sens, il précise, qu’ en vertu de cette charte, l’éducation est proclamée priorité nationale après l’intégrité territoriale et la généralisation de l’enseignement a été programmée pour l’année 2002.

Au Maroc, poursuit l’auteur, les pouvoirs publics et la société civile ont certes toujours accordé un intérêt particulier aux domaines de l’alphabétisation et de la scolarisation. Mais, selon lui, ce n’est que depuis une quinzaine d’années qu’un accent particulier est mis pour cibler davantage les filles que les garçons, les ruraux que les urbains afin de réduire les disparités considérables entre ces catégories.

Bien que l’objectif ne soit pas encore atteint, le taux de scolarisation ne cesse de progresser. Les statistiques du ministère de l’éducation montrent que les efforts entrepris dans le domaine de l’extension de l’enseignement fondamental se sont traduits par des progrès réels des indicateurs de l’éducation, ajoute-t-il.

Par conséquent, les effectifs des élèves des trois cycles d’enseignement (primaire, collégial et secondaire) ont connu une augmentation de près de 40 % durant la décennie 1993-2003. Les filles ont été les principales bénéficiaires, soit 59 %, de la croissance de leurs effectifs enregistrés durant cette période, contre 27 % pour les garçons.

Dans le primaire, l’amélioration du taux de scolarisation concerne plus nettement le milieu rural, soit 88 % en 2003, contre 42 % en 1991, et la catégorie des élèves-filles rurales connaît un taux de croissance en 2003 de 83 %, contre 31 % en 1991.

Examinant ensuite les indicateurs relatifs au cycle collégial, le Pr Chaker fait état de l’existence de facteurs de déperdition qui selon lui demeurent importants et ce malgré les avancées réelles enregistrées à ce niveau Les différents obstacles à la scolarisation identifiés au niveau du primaire (facteurs économiques, socio-culturels, institutionnels et géographiques) sont désormais de plus en plus ressentis comme obstacles à l’accès au collège.

S’agissant de l’éducation non-formelle, le professeur Chaker indique que le nombre d’inscrits dans ce cursus est en baisse continue ces dernières années. Il est passé de 34.859 élèves (dont 69 % de filles) en 1999/2000 à 27.442 élèves (dont 65 de filles) en 2002-2003.

L’école haut lieu de production et de reproduction des rapports sociaux
Sachant que le nombre d’enfants (garçons et filles) constituant la population-cible était estimé à environ 2.000.000 de personnes pour l’année 2000, l’auteur déduit que le taux de couverture en éducation non-formelle est près de 1,5 %. Aujourd’hui encore, les femmes rurales sont les plus désavantagées car 84 % (près de 9 femmes rurales sur 10) sont toujours analphabètes, contre moins de 45 % de femmes en milieu urbain.

Le Pr Chaker rappelle en outre qu’entre 1960 et 2002, l’analphabétisme a été réduit en termes relatifs de 56 % parmi les hommes mais seulement de 35 % parmi l’ensemble des femmes. En milieu rural, précise-t-il, la réduction de l’analphabétisme féminin en 40 ans n’a été que de 16 % contre une réduction de plus de 40 % chez les hommes.

L’éducation en tant que ressource ne profite donc pas aux hommes et aux femmes de manière équitable. Les différentes dispositions de la charte nationale de l’éducation et de la formation, notamment celles ayant trait à la décentralisation et à la participation des populations concernées, pourraient, si elles étaient suivies d’effets, constituer un des ressorts d’une politique éducative fondée sur l’équité et la qualité, écrit-il.

En vertu de cette charte, la décennie 2000-2009 a été déclarée décennie de l’éducation et de la formation. La généralisation de l’enseignement est un objectif que le Maroc s’était fixé au lendemain de son indépendance. Ce principe est inscrit dans l’article 13 de la constitution et le dahir du 13 novembre 1963 a rendu la scolarisation obligatoire pour les deux sexes depuis l’année où ils atteignent l’âge de sept ans révolus rappelle l’auteur.

La réalité des rapports de genre dans le système éducatif est beaucoup plus complexe et plus subtile, ajoute-t-il. Au Maroc, alors que la réalité féminine d’aujourd’hui connaît une mutation profonde, et que les femmes ont investi plusieurs espaces publics jusque la réservés, l’école haut lieu de production et de reproduction des rapports sociaux, continue à véhiculer une image passive de la femme, et renforce les inégalités des genres, en la confinant dans son rôle reproductif.

Par ailleurs, analysant l’évolution scolaire selon le genre à l’échelle communale, le Pr Chaker, mentionne qu’en 2001-2002, c’est dans la région de Fès-Taounate que l’indice de parité est le plus défavorable par rapport à la moyenne nationale : 25 % des communes rurales de cette région ont un indice de parité entre les sexes inférieur à 0,65 % contre 9 % des communes à l’échelle nationale.

La proportion des communes à très forte inégalité scolaire entre sexes est la plus élevée, soit 66,7 % dans les localités de Zouagha et Moulay Yaacoub, alors que les communes où la sous scolarisation des filles est très intense sont Sebt Loudaya, Aïn Bou’Ali, Laajajra, Louadaine, Oulad Mimoun et Sid Daoud conclut l’auteur.

Source : MAP

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