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Une vengeance mortelle

Hicham semble avoir la conscience tranquille bien qu’il risque une lourde peine. Cet accusé, un jeune homme de 26 ans, se tient, tête baissée, devant les magistrats de la chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca. De temps en temps, il cherche du regard sa sœur et sa mère assises dans les premiers rangs.
«Oui, j’attendais l’occasion pour lui donner une bonne leçon, mais je n’avais pas l’intention de le tuer», répond-il en substance à la question du président de la Cour.
Hicham est un clochard, qui aime aller à la bagarre, un type décrit comme cruel, qui picolait sans fin, se droguait plus que de mesure, provocateur qui agresse ses victimes sans aucune pitié. Bien qu’il n’ait pas encore la trentaine, il a fait plusieurs séjours en prison, un univers impitoyable auquel il a fini par s’habituer, dont il connaît les codes et les règles. D’abord, savoir se faire respecter en ne se laissant pas marcher sur les pieds. C’est du moins ce qu’il pense. Pour lui, être derrière les barreaux, dans la rue ou à la maison, c’est presque la même chose.
La seule personne qu’il craint n’est ni son père ni sa mère. Elle s’appelle Saïd. Plus cruel que lui, personne n’ose le contrarier. Un grand bagarreur taillé en athlète, sadique qui ne lâchait sa proie qu’une fois bien malmenée avec plusieurs blessures graves. Les urgences garanties. Hicham a peur de Saïd au point qu’il évite de se frotter à lui. Mais il savait qu’un jour, il le provoquerait. Ça n’a pas raté. Hicham est en compagnie de sa maîtresse, une prostituée de son état. Ils déambulent au centre-ville, main bras dessus bras dessous. Avant de retourner chez lui, au quartier Moulay Rachid, il s’est arrêté avec sa maîtresse chez l’un des épiciers près du marché central où il achète un trois quart de vin rouge et quelques bières. En arrivant dans son quartier, il se réfugie avec sa compagne dans un coin. Le couple enchaîne les verres tranquillement, loin des regards indiscrets. Cette sérénité sera perturbée par le fameux Saïd qui s’est planté devant eux, un couteau à la main, le regard menaçant. Ce qu’il a toujours fui va se produire. Pour se faire respecter de ce salopard , il est obligé d’en découdre. Mais pas cette fois-ci, décide-t-il «Fils de…», lance Saïd tout en s’approchant de la fille. Au début, Hicham ne bronche pas, faisant comme s’il n’avait rien entendu. Il laissera même Saïd, qui était visiblement ivre, lui prendre la fille de joie qu’il emmène dans les parages pour la violer avant de la relâcher. Mais Hicham en veut à mort à celui qui l’a humilié de cette façon. Décision est prise d’attendre le moment propice pour se venger.
Les jours passent et Hicham rumine jour et nuit cette scène d’agression. Un jour, il était en train de picoler comme d’habitude dans le quartier avec cinq clochards et deux jeunes prostituées. Tout en buvant du mauvais rouge, ils faisaient du bruit. Cette nuit-là, les habitants, perturbés, n’ont pas fermé l’œil de la nuit. C’était tellement insupportable que Saïd n’ose plus affronter les regards rageurs de certains gens du quartier. Il a peur d’être à partie. Mais la menace viendra de son vieil ennemi. Hicham. Un jour, celui-ci, qui marche derrière lui, le prend de court et lui assène plusieurs coups de couteau dans différentes parties de son corps. Saïd s’effondre, gravement atteint. Sur le moment, Hicham était content. Il a pris sa vengeance. Alertés, la police et les éléments de la protection civile se sont dépêchés sur les lieux. Une enquête a été diligentée immédiatement et Saïd a été évacué vers les Urgences où il succombe suite à ses blessures.
Arrêté, Hicham avoue être l’assassin de Saïd qui le provoquait à chaque fois au point qu’il a osé lui voler sa maîtresse et la violer sous ses yeux. Jugé coupable, il a écopé de 15 ans de réclusion criminelle.

Aujourd’hui.

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