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Un violeur écope de 20 ans de prison

«Tu es poursuivi pour viol, coups et blessures ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner, que réponds-tu à cela ?», lui lance le président de la cour sur un ton sévère.
Il fait semblant de n’avoir rien entendu et garde le silence. «N’as-tu rien entendu ?», répète le président en le regardant. Amine se contente de hocher la tête comme s’il était muet. Mais voilà, le président de la cour lui ordonne de parler : «La cour a besoin des mots et non pas des gestes».
Derrière le visage accablé d’Amine, une histoire tragique transparaît. Abandonné par sa famille, par ses enseignants et par toute la société, il a été happé par la délinquance. Il est vite entré dans le monde des clochards, des ivrognes et des drogués. Un monde pourri qui l’a transformé en quelques mois en monstre. La liste de ses délits et crimes est longue. Mais les plus importants sont les viols et le meurtre qu’il a commis avant son arrestation. Des crimes dont il se rappelle les détails. Au sujet de son premier viol, il raconte : «C’était une femme que j’ai rencontrée au quartier Moulay Rachid. Elle était seule quand je l’ai conduite sous la menace d’un couteau vers un lieu obscur où personne ne passe, pour la sodomiser. Avant de l’abandonner, je l’ai blessée et menacé de la tuer si elle me dénonçait à la police», a-t-il avoué devant la cour.
Le deuxième viol, Amine l’a perpétré contre une mère qui était en compagnie de sa petite fille. Il les a remarquées quand elles sont descendues d’un grand taxi. Armé d’un couteau, il les a menacées de mort avant de les conduire vers un coin, pas loin de la ferraille de Salmia, pour abuser de la mère sous le regard de sa petite fille. Par la suite, il a commis un troisième viol, puis un quatrième, puis un cinquième. Malgré la bestialité de ses actes, personne ne l’a dénoncé. Pourquoi ? Parce que ses victimes ne se souvenaient pas de ses traits et qu’elles ne pouvaient donc pas en dresser un signalement précis et, ensuite, parce qu’il est SDF.
«Pourquoi as-tu tabassé mortellement Saïd ?», lui demande le président de la cour. D’après le récit fait par l’accusé à la PJ, cet assassinat serait le fruit d’un pur hasard: il aurait croisé le chemin de ce quadragénaire qui lui aurait demandé de l’accompagner chez lui, dans un studio, invitation qu’il aurait acceptée sans mot dire. A la maison, il y avait un second hôte. Tous les trois ont dîné avant de dormir.
Le lendemain matin, Saïd remarque qu’une somme de trois mille dirhams qu’il gardait derrière le miroir avait disparu. Convaincu que c’est Amine qui l’a subtilisée, il ne lui a pourtant rien dit. Après avoir pris le petit-déjeuner, puis le déjeuner, ils sont sortis tous les trois pour s’asseoir dans un café. Quand l’ami de Saïd est reparti chez lui, ce dernier et Amine ont regagné le studio. Resté seul avec Amine, Saïd n’a pas tardé à lui avouer son homosexualité et de lui faire part de son désir d’avoir des relations avec lui. Amine ne veut pas en entendre parler et refuse de coucher avec lui. Face à ce refus, Saïd commence à le harceler. Amine fait semblant d’accepter de jouer le jeu avant de l’étouffer avec une petite corde qui se trouvait près de lui. Quand Saïd a perdu connaissance, Amine lui a ligoté les mains et les pieds pour lui asséner trois coups sur la tête à l’aide d’une barre de fer. Après quoi, il a pris la fuite à destination de la ville d’El Jadida. C’est là qu’il a été arrêté puis confié à la police casablancaise qui l’a déféré devant le parquet.
Amine a vite avoué. Un aveu qui a facilité la tâche à la cour qui l’a jugé coupable et condamné à 20 ans de réclusion criminelle.

Abderrafii ALOUMLIKI
Aujourdhui.ma

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