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Un vélo pour lutter contre l’abandon scolaire

Les distances entre le domicile et le collège sont importantes et aucun système de transport scolaire n’est mis en place, par conséquent nombre d’entre elles sont contraintes d’abandonner l’école. L’objectif de notre action est donc de promouvoir et de soutenir la scolarisation de collégiennes qui habitent dans des communes rurales, en l’occurrence de la province de Tiznit», explique Myriam L’Aouffir, présidente de l’Association Juste pour Eux.

Cette opération de solidarité baptisée «Un vélo pour elle» est menée en collaboration avec la Fondation Décathlon, dont l’objectif est l’insertion des jeunes par la pratique du sport, et est parrainée par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) dans le cadre de son programme de promotion de l’accès universel à l’éducation.

Les collégiennes se verront ainsi distribuer des vélos neufs, des casques de sécurité, des chaussures fluorescentes et des cartables. Des ateliers Décathlon destinés à former les filles à la réparation des vélos seront également mis en place dans les prochains jours.

«Si nous avons choisi Tiznit pour faire nos actions c’est parce que nous avons été sollicités il y a environ un an par un inspecteur de l ‘enseignement, M. Babanou, pour ouvrir un centre multimédia à Tiznit sur le même modèle que ceux ouverts à Imzouren et Al Hoceima.

Lors de notre visite sur place, en novembre dernier, l’ensemble des inspecteurs de l’enseignement, des professeurs et associations de parents d’élèves, nous ont sensibilisés sur le taux d’abandon scolaire alarmant. Ils nous ont convaincus que pour combattre ce fléau, offrir des vélos était plus urgent à court terme. Nous avons donc sollicité la Fondation Décathlon, qui a rendu le rêve possible», continue Myriam L’Aouffir.

La liste des bénéficiaires a été arrêtée par l’Académie régionale de l’éducation et de la formation de Souss-Massa-Drâa et la délégation régionale du ministère de l’Education nationale d’après un cahier des charges rigoureux défini avec les différents partenaires.

Le déroulement de l’opération sur place sera également assuré par ces institutions. D’ailleurs, des représentants des ministères des Transports, de l’Equipement, du Tourisme et de la Mer se déplaceront à Tiznit pour réaliser une campagne de prévention routière auprès des filles bénéficiaires. «Toutes les bénéficiaires sont issues de régions ou de communes de la province de Tiznit.

Certaines doivent parcourir 4 fois par jour 5 km à pied pour rejoindre leur collège !», précise la présidente de Juste pour Eux. En fin d’année scolaire, en juin 2007, un parcours cycliste sera organisé avec toutes les bénéficiaires. De la même manière, l’Association Juste pour Eux suivra les collégiennes jusqu’à la fin de leur cycle collégial, soit pendant trois ans et restera à leur écoute afin de les épauler face à d’éventuels obstacles.

«En offrant des vélos, nous permettons à ces jeunes filles d’aller à l’école. Car avant de recevoir des livres scolaires, il faut pouvoir se rendre à l’école. Ceci dit, c’est une demande qui émane d’associations de parents d’élèves et de professeurs qui connaissent la réalité des obstacles sur le terrain. Mais dans d’autres provinces, les priorités peuvent être différentes. Nous avons déjà distribué des kits et des livres pour des rentrées scolaires et pour équiper des bibliothèques dans la province d’Al Hoceima.

Plus de 1.000 enfants ont bénéficié de nos kits scolaires l’an passé. Cependant, lorsqu’il s’agit de faire des kilomètres à pied, surtout pour une fille, nous comprenons la réticence des parents qui préfèrent garder leur fille à la maison, même s’ils ne le souhaitent pas nécessairement. Avec un vélo et la garantie de suivre individuellement les besoins scolaires de leurs filles, nous leur facilitons la décision de les laisser aller à l’école», conclut Myriam L’Aouffir.

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L’analphabétisme et l’abandon scolaire en chiffres
Au Maroc, le problème de l’analphabétisme est particulièrement virulent. 46 % des Marocains ne savent ni lire ni écrire. Ce qui représente près de 10 millions de personnes sur les 21 millions en âge de lire. Le monde rural, quant à lui, compte 66 % d’analphabètes et seules 18 % des filles sont scolarisées.

Dans la province de Tiznit, pour l’année scolaire 2004-2005, le taux de scolarisation des filles de 12 à 14 ans était de 52,6 %. En milieu rural, 994 collégiennes sur un total de 2.659 ont abandonné leur scolarité en cours d’année, soit 37,4 %.

Et selon la délégation provinciale de Tiznit, pour l’année scolaire 2005-2006, le nombre d’abandons scolaires pour cause d’éloignement des collèges est de 241, dont 129 sont des filles. Sur les 17 communes que compte la province, les 7 les plus touchées sont Bounnaâmane, Tiourza, Ait Ahmed, Sahel, Mirleft, Regadala et Tizougrane.

Dounia Z. Mseffer
LE MATIN

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