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Un foyer pour la réinsertion des détenus mineurs

Dans ce centre de réintégration sociale on apprend à aimer autrui, à continuer ses études et surtout à s’amuser… rien de sorcier ! Toute une stratégie d’encadrement est mise en place pour redonner confiance en soi à ces jeunes qui ont volé, blessé ou tué sans préméditation.

Aujourd’hui, les résidents du foyer d’action sociale «Lalla Yacout» ne pourront pas nous accueillir et les portes du centre ne nous seront pas ouvertes pour autant. Rien de grave, les jeunes pensionnaires sont juste en voyage pour les vacances d’été ! « Nous n’avons que neuf enfants qui sont restés. Les autres sont en colonie de vacances ou rentrés chez eux sur décision du juge », explique Zahra Tragha, déléguée du secrétariat de la Jeunesse à Mers Sultan-El Fida.

En effet, les neuf restants sont trop attachés à « Mama Tragha » pour faire un voyage de plusieurs jours. Cependant, ils bénéficieront de la colonie de vacances urbaine de proximité avec 400 autres enfants issus de Derb Sultan-El Fida. « Nous essayons de faire plaisir à ces enfants et de remplir le vide et le manque d’amour qu’ils ressentent. Ainsi, on crée le climat familial approprié pour leur maturation psychologique et pour développer leur sens des responsabilités », indique Zahra Tragha.

La responsabilité, ce petit résident du foyer, qu’on appellera Ahmed, en fait une tâche quotidienne. «Depuis son intégration au foyer, Ahmed a acquis une grande maturité. Aujourd’hui, il se sent responsable de moi, il surveille mes entrées et sorties et m’accompagne presque partout », indique Mama Tragha.

En fait, Ahmed est le petit homme de Zahra Tragha. D’un grand enthousiasme communicatif et une énergie éclatante, il commence déjà à « gérer » les groupes de jeunes dans les colonies de vacances. « Je suis un responsable ici», lance-t-il avec fierté et confiance. « Je le laisse faire pour développer son sens de la gestion et de la responsabilité.

Toutefois, je le surveille pour le remettre à l’ordre en cas d’abus de pouvoir», affirme Mama Tragha avec ironie. «Le centre est parfois meilleur pour ces jeunes parce qu’on leur assure une bonne éducation sans tendresse excessive», ajoute-t-elle.

En effet, l’équilibre créé entre Madame Tragha et le directeur du foyer permet à ces jeunes détenus de s’épanouir dans un climat familial ordinaire. Preuve : leurs résultats scolaires.

C’est le cas de ces deux frères issus des alentours de Beni Mellal, arrêtés pour le meurtre d’un jeune voisin. Ces détenus très jeunes, complètement inconscients en effectuant cet assassinat, sont privés de rentrer au village en vacances à cause des menaces de la mère de la victime. En attendant, ils ne perdent pas de temps. Le période qu’ils ont passée au centre leur a permis de se concentrer sur leurs études et d’être parmi les meilleurs. Ces enfants habiles sont désormais la fierté des responsables du foyer d’action sociale Lalla Yacout, tel ce jeune âgé de 18 ans qui vient d’obtenir son diplôme du Baccalauréat.

De plus, le centre assure également le suivi des résidents après leur intégration dans la société. Des assistantes sociales sont formées dans ce but. Les fonctionnaires du foyer Lalla Yacout ont donc pour tâche de réformer, éduquer et semer de nouvelles graines en ces enfants, précocement adultes et le plus souvent aigris par des conditions pénibles.

Et pour ce faire, ils comptent aussi bien sur le soutien du gouvernement que sur l’apport des bienfaiteurs. « Le ministère de la Jeunesse nous apporte son soutien en tout ce qui concerne la nourriture, l’hygiène, les soins sanitaires et la scolarisation. En outre, les enfants reçoivent souvent des aides de la part des bienfaiteurs, surtout à l’occasion des fêtes religieuses », indique Zahra Tragha.

Par ailleurs, toute la marchandise des marchands ambulants confisquée par les autorités locales atterrit dans ce foyer d’action sociale.

«Chacun y met du sien pour participer à l’épanouissement de ces jeunes détenus », conclut fièrement Zahra Tragha.

Nadia Ouiddar
LE MATIN

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