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Un berger abusait d’une handicapée mentale

Nous sommes à la Cour d’appel de Settat. A la salle d’audience de la chambre criminelle, Mohamed se tenait au box des accusés. Berger de son état, âgé de dix-huit ans, il s’est retrouvé mouillé dans une affaire de viol sur une jeune fille handicapée mentale. Issu d’une famille indigente d’un douar de la ville Ben Ahmed, province de Settat, il est l’unique garçon de sa famille. Ni frère, ni sœur. Et pourtant, ses parents ne l’avaient pas mis sur les bancs de l’école. Il est toujours resté ballotter entre sa mère, femme au foyer, et son père, berger de son état. En fait, depuis son enfance, il accompagnait son père qui conduisait le bétail aux pâturages. Au début de son adolescence, il a commencé à l’aider. Il gardait le troupeau et veillait sur lui. Son père semble être très heureux puisqu’il est enfin arrivé à avoir un enfant qui le soutient jour et nuit, surtout qu’il n’a pas eu d’autres enfants. Au fil du temps, Mohamed a commencé à penser à quitter le douar vers la ville. Il rêvait de gagner sa vie autrement, loin du bétail et du pâturage. Seulement, ses parents le lui ont interdit. Comment le laisseraient-ils aller en ville et les abandonner seuls sans soutien? Sa mère lui a reproché de penser ainsi. Il lui a expliqué qu’il ne les oublierait jamais, qu’il n’irait pas au-delà de Settat ou d’El Jadida, qu’il les rejoindrait chaque fin du mois pour leur rendre visite et les aider en leur remettant une somme d’argent. Mais, la mère a catégoriquement refusé qu’il quitte le foyer familial. Mohamed est resté chez lui, près de ses parents, à garder le troupeau et à le conduire au pâturage. C’est là où il a croisé Fatiha. C’est sa voisine qui ne quittait chez elle que rarement. Sa famille le lui interdisait. Car elle est handicapée mentale. Mais, quand elle a rencontré Mohamed, elle a commencé à insister à sortir de chez elle. Pourquoi ? Quand il la rencontrait, il ne cessait pas de la cajoler, de lui raconter des histoires, de la faire rire, de lui faire des grimaces… En fait, elle s’est habituée à lui. C’est pourquoi, il a commencé à lui faire des attouchements. Elle ne refusait jamais. Au fil du temps, il osait jusqu’au jour où il lui a enlevé la jupe et le slip. Elle n’a manifesté aucun refus. Elle s’est allongée et l’a laissé faire. Depuis, il ne cessait pas de tout lui faire. Il l’a même dépucelée. Mais, elle n’a rien divulgué à ses parents. À chaque fois, il l’allongeait sous l’ombre d’un arbre, dans un coin loin des regards des autres bergers et abusait d’elle sans qu’elle refusât de lui céder. Enfin, elle est tombée enceinte. Elle, qui est handicapée mentale, ne s’est rendue compte de rien. C’était sa sœur aînée qui a remarqué son ventre plus ou moins gonflé. Hors d’elle, sa sœur lui a demandé de lui raconter ce qui lui est arrivé. Fatiha lui a affirmé que Mohamed l’allongeait, lui ôtait les vêtements et couchait avec elle. «Mais, elle le voulait de son plein gré», répondait à chaque fois Mohamed devant la Cour . Il faisait semblant qu’il ignorait que Fatiha était une handicapée mentale, jugée irresponsable de ses comportements et ses actes.
«C’est elle qui me suppliait de tout lui faire», a-t-il précisé, sans vergogne, devant la Cour.
Mais le président de la Cour lui a rappelé qu’elle est handicapée mentale et qu’elle était irresponsable et qu’il ne devait pas profiter de son état de santé pour satisfaire ses besoins sexuels. Les yeux hagards, Mohamed est resté bouche bée en écoutant les remarques du président de la Cour qui a donné la parole au représentant du ministère public et à l’avocat de la défense avant de se retirer pour les délibérations. Verdict : trois ans de prison ferme assortie d’une amende de trois mille dirhams.

Abderrafii ALOUMLIKI
Aujourdhui.ma

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