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Quatre jours de Transe Gnaouie

Trois maâlem gnaoua marocains :Hamid El Kasri, Abdelkbir Marchane et Abdesslam Alikane, un saxophoniste français : Julien Louran, un pianiste yougouslave : Boyan Zed, un bassiste camérounais : Etienne M’Bappe, un batteur congolais : Roger Biwandu, un guitariste français : Louis Winsberg, un maître de tablas du Singapour : Nantha Kumar, ont fait vibrer la scène dans une entrée en matière musicale fusion remarquable.

Le public, dans une symbiose rythmique avec les artistes à des moments de musique intense et envoûtante, était constitué de jeunes et moins jeunes par familles entières. Une formidable joie expressive en public, dans le respect et la considération de l’autre. Lorsque les touristes s’y mêlent en public, dans un cadre amical, c’est le visage de l’autre Maroc, accueillant, chaleureux et ouvert, qu’on aime tant et qui fascine nos visiteurs.

En effet, le Festival Gnaoua, c’est d’abord ça : une grande fête dédiée à la musique gnaoua et aux musiques du monde ; à la culture aussi et à la jeunesse. La mise en valeur d’un patrimoine musical marocain à la rencontre d’un autre patrimoine occidental, asiatique ou africain, fait la réussie de ce festival dont la musique Gnaoua-fusion est la grande illustration et la parfaite référence.

Dès la première journée, quelques 50 000 personnes, ont pris d’assaut Essaouira. Cela reflète les dimensions nationale et internationale que le festival Gnaoua a prises au fil des sept précédentes éditions. Le vendredi, samedi et dimanche Essaouira est au rendez-vous avec des visiteurs que les observateurs estiment entre 450 000 et 500 000 personnes ( l’édition 2004 avait comptabilisé 400 000 participants).

Le festival imprègne formidablement la ville d’Essaouira et principalement sa Médina. Une ambiance unique en son genre où se mêlent jeunes en groupe, familles, touristes, artistes, journalistes, photographes, hauts responsables et … sans emplois. Le tout baigne dans un esprit décontracté, typiquement gnaoua.

Musiciens, guérisseurs, thérapeutes, les Gnaoua sont tous cela, en fait. Une confrérie issue de la belle terre d’Afrique, qui dialogue avec les saints, dans d’impressionnantes transes de possession. Un rite fascinant, préservé depuis des siècles par ces populations venant du Mali, de Guinée, du Soudan. Longtemps livrés à eux-mêmes, les Gnaoua n’ont eu bien souvent d’autres choix que celui de pratiquer leur musique dans la presque indufférence.

A Essaouira, les maîtres gnaoua, eux, se prêtent au jeu du festival et à son concept unique de fusion des musiques traditionnelles oubliées avec les meilleurs musiciens modernes venus des quatre coins du monde. Dans un esprit d’émotion musicale intense provoqué par les musiques improvisées, les artistes ont toujours laissé d’impérissables et impressionnantes empreintes au sein de la nouvelle musique marocaine comme internationale.

Fusion musicale mais également fusion économique , en matière d’investissement hôtelier et de restauration à Essaouira. De plus en plus d’étrangers, charmés par la ville décident de s’y installer, d’y investir définitivement. Le cas de Felicitas Christ, une allemande, ex-technicienne agricole de Freiburg est très révélateur à ce sujet. Sur un conseil de son ami, elle est venue en 1999 à Essaouira, pour des vacances courtes. Coup de foudre, elle décide en trois jours de s’installer définitivement et de construire un petit hôtel. C’est ainsi que naquit l’hôtel Lalla Mira ouvert au public depuis mars 2004.

13 chambres très sympathiques style Ryiad, un petit restaurant et un hammam, le plus ancien de la ville, qui portait d’ailleurs le nom de Lalla Mira. C’est également le premier hammam, au Maroc, chauffé à l’énergie solaire à 100%, avec un système performant de récupération de l’eau. Cuisine végétarienne, produits agricoles du terroir, le bio hôtel Lalla Mira est une merveilleuse réalisation qui emploie 30 personnes à temps plein. L’esprit gnaoua, avec le respect des couleurs jaune et verte attribuées à Lalla Mira ( une Mlouk féminine bien connue chez les Gnaoua) donnent un charme bien particulier à l’établissement où se conjugue patrimoine marocain et technologie de pointe en matière d’équipement hôtelier.

Métissage et brassage ethniques, investissement technologique, hôtelier, de restauration, musique fusion, Essaouira ne cesse de charmer et d’envoûter les visiteurs par sa simplicité, son authenticité, son accueil dont la renommée dépasse nos frontières arrivant jusqu’aux quatre coins du monde. On se rappelle en fait, le phénomène hyppie, dans les années 70 qui avait parachuté Essaouira dans la grande sphère des cités artistiques et musicales mondialement connues grâce à des séjours prolongés et médiatisés d’artistes célèbres dont le guitariste Jimmy Hindrix, grand amoureux d’Essaouira que les Souiris évoquent encore et dont ils gardent de très bons souvenirs.

En se promenant dans la Médina durant le Festival Gnaoua, c’est cette ambiance plus ou moins nostalgique qu’on retrouve avec plaisir et que nos jeunes découvrent et vivent, faisant ainsi des moments du festival des rencontres dédiées à la musique, mais aussi à la compréhension, à l’ouverture d’esprit à la lutte conte l’extrémisme , le sectarisme et l’obscurentisme.

Mais qu’est qui fait venir tout ce beau mode et cette foule de jeunes marocains et étrangers au festival ? Ne cherchez pas la réponse ailleurs. C’est tout simplement la joie de vivre des moments uniques en matière musicale typiquement gnaoua, dans une bonne ambiance gnaoua avec un parfum de mondialisation artistique exceptionnelle, unique en son genre.
source:lopinion

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