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Le souk du mouton, un marché juteux.

Le département de l’Agriculture estime que les transactions commerciales liées à la fête du sacrifice dégageront un chiffre d’affaires qui varierait cette année entre 6 et 7 milliards de dirhams, un pactole qui devrait permettre aux éleveurs d’améliorer leur trésorerie et faire face aux dépenses des autres activités agricoles.
Il permettrait également de dynamiser les activités économiques dans le monde rural, selon le département de l’Agriculture qui a estimé les disponibilités en animaux d’abattage à quelque 6,6 millions de têtes, un chiffre largement en deçà de la demande (4,9 millions de têtes). Se faire une idée sur les prix en se fiant à la seule loi de l’offre et de la demande, c’est ne pas connaître la réalité du souk du mouton, qui reste très sensible à plusieurs autres facteurs (intermédiation, spéculation, aléas climatiques, coût d’élevage, transport…).

Le marché du mouton reste, par ailleurs, un espace très fertile pour les intermédiaires et les spéculateurs, dont les pratiques peu loyales font gonfler les prix, ne profitant en rien ni aux éleveurs et ni aux agriculteurs, qui ont goutté cette année aussi aux affres de la sécheresse. Nombre de vendeurs de bétails essayent par tous les moyens d’avoir une idée sur la situation dans plusieurs points de vente avant d’acheminer leurs troupeaux dans tel ou tel souk, aidés dans cette tâche par les nouvelles technologies de l’information, les téléphones portables en l’occurrence.

D’autres innovations sont venues bouleverser les traditions qui accompagnent l’achat du mouton de l’Aïd et menacer sérieusement les modes de vente traditionnels. Il s’agit notamment de l’entrée en jeu des grandes surfaces et de l’utilisation de l’Internet. On parle déjà du souk électronique du mouton ou du e-mouton.

Tous ces comportements nouveaux font du souk du mouton, un marché digne des grandes places boursières, sauf que ces dernières disposent d’un conseil déontologique, qui joue le rôle du régulateur et veille au respect des règles du jeu, alors que la bourse du mouton est livrée à elle-même.

Devant cette situation, les autorités de tutelle et les associations des consommateurs sont appelées à se manifester devant un marché juteux qui mérite d’être régulé pour plus de transparence et de vérité de prix, afin qu’il profite directement aux éleveurs et aux agriculteurs et donc au développement rural.

Face à ces pratiques, le Marocain se livre, à l’approche de la date fatidique, à des calculs très serrés et envisage toutes les situations qui déterminent le prix du mouton. Plus qu’un sacrifice, ce dernier est devenu le symbole de fierté et d’appartenance à un niveau de vie ou à une classe sociale déterminés.
Outre l’achat du mouton, la raison même de la célébration, les dépenses de cette occasion portent aussi sur une multitude de produits en relation directe avec la circonstance, qui vont des ustensiles de cuisines aux vêtements en passant par les produits de pâtisseries, les électroménagers.

Cette énergie au niveau des dépenses fait le bonheur des magasins, mais également des sociétés de crédit, qui sont très sollicités à cette occasion religieuse, si chère à tous les Marocains, qui ne lésinent pas sur les moyens pour la célébrer comme il se doit, traduisant ainsi dans les faits le proverbe qui dit : Quand on aime, on ne compte pas.

Lematin

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