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Il tue son amant et l’enterre chez lui

Le quinquagénaire balbutie quelques mots incompréhensibles. Le policier lui demande alors de parler plus clairement. «J’ai tué mon ami et je l’ai enterré dans le jardin…», lance-t-il.
Le policier fait appel aux éléments de la quatrième section judiciaire qui assurent la permanence. Face à eux, cet homme qui se dit s’appeler M’hamed répète ses aveux. On lui demande alors de raconter toute l’histoire.
C’est à Ouezzane qu’il est né en 1949. Veuf, il n’a pas eu d’enfants. Bien qu’il ait décroché son DEUG en sciences économiques, il n’a jamais cherché d’emploi. Il préférait toujours les petits boulots.
Les larmes aux yeux, M’hamed s’arrête de narrer son récit avant de reprendre. Il parle alors de sa rencontre avec la victime et la relation qui les a liés durant cinq ans avant de se terminer par un drame.
Ce jour-là de 2002, il pleuvait quand M’hamed a croisé un jeune homme de Sidi Moumen. Jawad, né en 1973, qui avait fugué, a facilement accepté d’être hébergé par M’hamed disposant de deux chambres situées au jardin d’une villa dans la rue Chefchaouni.
Tous les deux ont dîné ensemble avant de se retrouver sur le même lit. Ils sont tous les deux homosexuels. Depuis, un amour est né entre les deux hommes au point que M’hamed ne pensait jamais abandonner Jawad. Cet amour a encouragé même M’hamed à consacrer un budget mensuel à Jawad pour lui permettre de poursuivre ses séances de formation en mécanique dans une école privée. Diplôme en poche, les comportements de Jawad ont changés complètement depuis janvier 2007. Il n’est plus ce jeune homme calme, tranquille, qui consacre son temps à ses études, à son travail et à son amant, M’hamed. Il est devenu toxicomane et violent. Sa dose quotidienne en comprimés psychotropes est devenue nécessaire, pour lui.
Une dose qui le transformait complètement et le poussait à être agressif avec son amant. Ce dernier l’a menacé à maintes reprises de porter plainte contre lui. Mais il renonçait à chaque fois d’aller à la police, pourtant il avait des certificats médicaux attestant de la maltraitance.
Mercredi 25 juillet, M’hamed sirotait du café noir et fumait une cigarette au jardin de la villa quand il a entendu des bruits étranges provenant des chambres. Spectacle terrifiant : dans un état hystérique, son amant, Jawad a égorgé deux chattes avant de se jeter sur le téléviseur pour le casser. Face à M’hamed, il est resté immobile, sans aucune réaction avant de tenter de lui asséner un coup de couteau. Jawad perd son équilibre et lâche le couteau.
M’hamed le saisit rapidement et lui donne un coup fatal à la poitrine. Ne réalisant pas ce qu’il venait de faire, il est resté près du cadavre jusqu’à 4h du matin. Après quoi, il a creusé un grand trou dans le jardin pour y enterrer le cadavre.
Depuis ce jour, il a abandonné sa maison. Il n’a pas pu y vivre en présence du cadavre de son amant, Jawad. Il s’est donné à l’errance. Mais, à chaque fois, le fantôme de Jawad lui hantait l’esprit au point qu’il ne pouvait plus dormir. Il décide de se débarrasser de ce fardeau qui a transformé sa vie en enfer pendant un mois et demi. C’est là qu’il se décide d’aller tout avouer à la police.
Les enquêteurs ont creusé le lieu indiqué par M’hamed. Ils ont découvert le cadavre de Jawad.

Abderrafii ALOUMLIKI
Aujourdhui.ma

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