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Il la viole sans pitié et l’abandonne

Ses larmes coulent à flot depuis qu’elle a franchi la porte du tribunal. Samira pleurait à chaudes larmes durant une heure, alors que la Cour examinait d’autres affaires programmées pour cette journée du mois de juillet. Sa mère tentait vainement de la consoler.
Le président de la Cour l’appelle à la barre. Elle rassemble tout son courage et avance jusqu’à la tribune de la Cour. Le prévenu se tenait au box des accusés. Il s’appelle Ahmed. Il est né en janvier 1986 à El Jadida. Vêtu en blue-jean, il n’hésitait pas de temps en temps à la dévisager. Alors qu’elle n’osait même pas fixer les magistrats de la Cour. «Ahmed. R, âgé de vingt ans, célibataire, journalier…C’est toi ?», dit le président à Ahmed.
Le mis en cause répond par l’affirmative en balbutiant un «oui» tout en hochant la tête. Aussitôt son avocat a demandé la parole pour présenter quelques requêtes pour vice de forme : illégalité de la durée de la garde-à-vue et non-information de la famille du mis en cause après son arrestation. Deux atteintes à la procédure pénale qui exigent, selon la loi, l’annulation du procès verbal, a précisé l’avocat dans sa requête. Et le président de s’adresser à Ahmed : «Tu es accusé de viol avec violence et coups et blessures…».
Et sans achever son interrogation, il a été surpris par Ahmed qui clame haut et fort son innocence. «Elle était ma maîtresse, M. le président», a-t-il prétendu. Une allégation qui contredit ses déclarations consignées dans le PV de la police. «Je l’ai croisée alors que j’étais à bord du vélomoteur de mon frère. Je me suis arrêté pour l’aborder. Elle a accepté que je l’emmène chez elle à Sidi Othman. Mais, j’ai changé de chemin pour emprunter la voie de l’autoroute. Je lui ai expliqué avoir changé la route pour emprunter le plus court chemin. Je l’ai conduite ensuite à un endroit désert où je l’ai obligée de se dévêtir…», lit-on dans le procès de son audition.
Et voilà qu’il nie en bloc toutes ses déclarations. «La police s’est contentée de m’interroger sur mon identité», a-t-il précisé à la Cour. Samira l’écoutait sans le regarder et sans réagir. Elle se contentait de sangloter. Et lorsqu’elle a été interrogée par la Cour, elle a relaté toute l’histoire en gémissant. «La faute que j’ai commise est que j’ai accepté de l’accompagner à bord de son vélomoteur… Il m’a menti. Il a dit qu’il demeure également à Sidi Othman… Il était armé d’un couteau. Il a déchiré ma djellaba avec son arme blanche. Il m’a traité comme un animal. Il m’a tout fait…», a-t-elle lâché, toujours les larmes aux yeux.
Elle n’a pas osé continuer le récit de sa mésaventure. Le président de la Cour lui a demandé de retourner à sa place. Et le représentant du ministère public a pris la parole pour requérir la peine maximale contre le prévenu. Prenant la parole, l’avocat a dit dans sa plaidoirie que «Ahmed est la victime de cette jeune fille puisqu’il est tombé dans ses filets en croyant à son amour…». Après les délibérations, la Cour a jugé Ahmed coupable et l’a condamné à trois ans de prison ferme. Ce châtiment réconfortera-t-il Samira ?

Par : Abderrafii ALOUMLIKI
Aujourdhui.ma

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