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Dix ans de prison pour avoir tué son amie

Fatéma, célibataire, trente-trois ans, a une longue expérience en la matière. Pourtant, elle ne possède aucune qualification professionnelle ni la moindre bribe d’instruction. Son enfance a été vouée au travail comme domestique, avec en plus, selon ses déclarations consignées dans le procès-verbal, les traitements avilissants qui sont souvent le lot des petites bonnes sans défense. Son destin est désormais tracé. Elle sera bientôt récupérée par une femme qui l’emploiera, en échange d’un toit, d’un maigre matelas et de quelques dirhams pour ses menus besoins.
Un jour, de guerre lasse, Fatéma décide de se mettre à son propre compte, elle parvient à économiser de quoi louer une chambre. C’est une vie un peu moins dure qui commence pour elle. Mais ce confort n’est que relatif. Pour supporter l’avilissement de sa chair et la solitude psychologique de celles qui se vendent ou se louent, elle plonge dans l’alcool et la drogue.
Puis Fatéma fait la connaissance d’une jeune fille de 18 ans, qu’elle décide de prendre en charge. Fatéma et sa protégée se mettent à partager les mêmes affaires. Seulement voilà, la jeunesse de la nouvelle fait de l’ombre à Fatéma, bien forcée de prendre acte du succès de sa protégée.
«J’étais sous l’effet de l’alcool et de la drogue quand je l’ai croisée en compagnie de l’un de mes clients», déclare Fatéma à la Cour.
Hors d’elle, Fatéma se jette sur sa protégée. «C’est mon client et pas le tien», lui crie-t-elle, ivre de colère.
Le client parvient à repousser Fatéma en lui proposant d’attendre d’être dans leur chambre pour discuter. Les voici donc tous les trois embarquant à bord d’un petit taxi en direction du domicile des deux filles. Une fois sur place, Fatéma recommence à reprocher à sa protégée de lui avoir volé son client. Les reproches s’accompagnent bientôt d’injures, puis de menaces et enfin…
«Je ne me souviens pas comment j’ai pu saisir un couteau qui était sur la table», explique-t-elle à la Cour.
Sous le regard terrifié du client, Fatéma plonge le couteau dans le cœur de sa rivale.
«Je n’avais pas l’intention de la tuer, je voulais juste la blesser», affirme Fatéma.
Mais le coup de couteau, en plein cœur, ne pardonne pas.
«Fatéma s’est rendue coupable d’un homicide volontaire», tranche le représentant du ministère public.
Pour sa part, l’avocat de la défense plaidera les coups et blessures ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner, an ajoutant que Fatéma a été provoquée par la victime et par son client…
La Cour admettra finalement que Fatéma n’avait pas l’intention de tuer son amie et la condamnera à 10 ans de réclusion criminelle.
Quant au client qui était l’objet du litige meurtrier, il écopera d’un an de prison ferme.

Abderrafii ALOUMLIKI

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