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Un film pour réparer l’oubli

Au-delà du cinéma, «Indigènes» se met au- devant de la scène politique comme un véritable plaidoyer pour une cause qui, jusqu’ici, a subi toutes sortes de reports, de temporisation voire de dédain de la part des autorités françaises.
En ce qui concerne le Maroc, le lancement casablancais d’«Indigènes» n’a pas été vain. Elle aura suscité l’intérêt de la majeur partie de la presse nationale, d’une part pour le poids politique que ce film a eu sous d’autres cieux, et d’autre part pour marquer le rôle essentiel du Maroc dans la matérialisation de cette aventure cinématographique.

En effet, revenir sur ce pan de l’histoire sous cet angle s’imposait, car sans être des hauts gradés qui reçoivent les honneurs, les tirailleurs sénégalais, les goumiers marocains ou algériens, et bien d’autres ont servi une cause qui n’était pas forcément la leur.

Pour Rachid Bouchareb, réalisateur et co-scénariste de ce film, c’est une aventure qui a demandé plus de deux ans de recherches et de recoupements pour arriver à écrire un scénario assez proche de ce qui s’est réellement passé lors de cette abjection humaine que l’on appelle communément «2e Guerre mondiale». En 1943, Saïd, Abdelkader, Messaoud et Yassir vont s’engager comme 130.000 autres «indigènes» dans l’armée française pour libérer «la mère patrie» de l’ennemi nazi.

Cet engagement, ces sacrifices, ces douleurs et ces morts n’ont, en effet, jamais empêché l’armée française de pratiquer la politique des deux poids deux mesures quant au traitement des troupes selon leurs origines et leur couleur, malgré le fait que les «canons allemands ne faisaient pas la différence !».
La sortie du film dans l’Hexagone a coïncidé avec une nouvelle attendue depuis des lustres par les anciens combattants de l’empire colonial : la revalorisation de leurs pensions à la même hauteur que leurs compagnons d’armes français.

Revendicative, cette œuvre porte en elle les maux, les injustices et les non-dits d’une histoire qui, officiellement, a été «teinte de blanc». Pour des raisons qui imposaient une remise en question de cette histoire, Rachid Bouchareb affirme «qu’il était vraiment temps de raconter cette tragédie humaine, de donner une image de ce qui avait été si souvent tu. Malgré tout ce que j’avais ressenti, j’ai quand même été surpris par ce formidable élan. Tous ces témoignages m’ont appris une chose qui m’a encore plus impressionné. Je l’ai également retrouvée dans le discours de tous les survivants. Cet amour et cet attachement pour la France restent incroyablement plus forts que tout autre sentiment.»

Cette fiction, qui se base sur des témoignages et une documentation solide, a nécessité une grande dose d’impartialité pour ne pas tomber dans le piège du pamphlet. Le réalisateur a cependant tenu à relever un grand nombre de paradoxes inhérents à la condition de ces hommes de valeur pendant et après la libération. D’après Bouchareb, «ils sont venus, ils ont libéré la France, ils ont été des héros.

Ce n’était pas seulement des mecs qui balayent les rues ! Ils étaient des héros aimés, accueillis à bras ouverts ! Cela reste souvent les plus beaux moments de leur vie. C’est aussi pourquoi l’attitude qui a suivi jusqu’à aujourd’hui leur paraît d’autant plus bizarre !»
Pour le cinéma, «Indigènes» reste un film chargé en émotions, en actions et en sensations fortes. Les performances de Sami Naceri, Djamel Debbouze, Rochdi Zem et surtout celle de Sami Bouajila auront marqué les esprits par la véracité dans le propos et dans le geste, mais aussi par la maestria d’un cinéaste qui semble avoir conçu ce film avec ses tripes.

Mustapha Bourakkadi
LE MATIN

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