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appelle à l’interdiction du film «Amours voilées» par le député islamiste

Une nouvelle partie de bras de fer s’annonce entre cinéastes et islamistes, douze jours avant la sortie en salles du film d’Aziz Salmy : «Amours voilées». L’ancien prédicateur de la mosquée «Al Hamra», à Casablanca, vient d’annoncer la couleur de cette bataille en ouvrant le feu sur le film. «Le réalisateur montre une fille voilée entretenir une relation illégale avec un jeune homme ; il montre également des filles voilées fumer du narguilé. Ce film véhicule un appel clair à l’abandon du voile », accuse Abdelbari Zemzmi, député du parti Renaissance et Vertu. Le réalisateur du film, Aziz Salmy, rejette l’accusation et invite M. Zemzmi à regarder d’abord le film avant de se lancer dans des jugements «hâtifs». «Ce que je regrette, c’est qu’il y ait des gens qui généralisent et qui portent des jugements hâtifs sur un film sans l’avoir vu», riposte le cinéaste Salmy, qui affirme se garder de toute «généralisation» en évoquant l’histoire de «Batoul», la fille voilée personnifiée par l’actrice franco-algérienne Hayat Belhalloufi. «Il s’agit d’une fille qui n’arrive pas à concilier entre sa vie sentimentale et sa vie religieuse, entre modernité et conservatisme, entre le divin et le charnel», explique le cinéaste, qui indique ne pas avoir l’intention de porter atteinte au port du voile. Mais ce n’est pas de cet oeil que le voit Abdelbari Zemzmi, même si ce dernier reconnaît n’avoir pas encore vu le film. «D’après ce que l’on m’a raconté, car je n’ai pas encore vu le film, c’est que ce dernier comporte un appel clair à l’abandon du voile», certifie le prédicateur Zemzmi. Le député ne compte pas s’arrêter à ce stade de la critique, il annonce à ALM sa décision de porter le «combat» au Parlement. «Je vais interpeller le ministre de la Communication pour obtenir l’interdiction du film, et je demande désormais au gouvernement d’assumer ses responsabilités», dit M. Zemzmi, en annonçant également son intention de poursuivre sa bataille sur les colonnes de la presse nationale. «Il est du devoir de tout citoyen musulman de contester ce film qui met en doute réellement la fonction du voile islamique, qui n’est après tout que l’expression extérieure d’une conviction religieuse», argue le prédicateur Zemzmi.
Face à cette polémique, surgit la question sur la liberté de création. Peut-on, alors, avoir recours à des critères moraux, pour expliquer une œuvre de création ? «Les artistes, qu’ils soient cinéastes, musiciens, ou artistes plasticiens, ont souvent recours au principe de liberté d’expression pour expliquer leurs errements », répond Abdelbari Zemzmi. «Je me demande si on a le droit d’utiliser l’argument de la liberté pour porter préjudice à la réputation du voile», s’interroge M. Zemzmi, sur le ton de l’accusation.
Mais au-delà du voile, «c’est la question du nudisme qui est en ligne de mire», observe un critique de cinéma. «Le film Amours voilées n’est pas le seul à avoir payé les frais des attaques islamistes, bien d’autres films avaient bien avant essuyé les foudres de l’obscurantisme», a-t-il rappelé. Il en veut pour exemple (et preuve) les films «Une minute de silence en moins» de Nabil Ayouch et le film «Marock» de la jeune cinéaste franco-marocaine Leïla Marrakchi. «Au-delà de ce que l’on peut dire sur le contenu de ces films, c’est l’arme de l’image qui semble déranger au plus haut point les gardiens du vieux temple», critique un observateur.

M’Hamed Hamrouch
Aujourdhui.ma

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