Ils agressaient les taximen

Armé d’une telle philosophie, il était fatal que Mohamed R. se tourne vers la délinquance et à son univers sans foi ni loi. En gravissant très vite l’échelle de la criminalité. Des petits larcins et agressions, il est ainsi passé aux cambriolages. Mais jamais seul. Mohamed agit toujours en compagnie de deux complices. En fait, ce sont eux qui lui ont appris le b-a-ba du métier. Tant et si bien qu’il a fini par devenir leur chef.

Au début, le trio se contentait d’agresser les passants, les femmes notamment, qui s’aventuraient dans les recoins plus ou moins déserts de la ville de Temara ou celle de Skhirate. La dizaine de personnes qui ont eu le malheur de les rencontrer se sont vus délestés de leur argent, bijoux, téléphones portables et lunettes signées…

Mohamed et ses complices avaient fini par se croire insaisissables. Se faire arrêter ? Finir en prison ? Allons donc ! A eux la liberté, les bons moments dans les boîtes de nuit en compagnie de belles et jeunes prostituées et le plaisir de dépenser sans compter. Mais voilà qu’au fil du temps, leurs besoins grandissent tandis que les recettes s’amenuisent. Ils en tirent une évidente conclusion: les petites agressions ne suffisent pas à alimenter leur train de vie. Il faut passer à un autre niveau, explique alors Mohamed à ses acolytes : les cambriolages et les agressions à main armée de chauffeurs de taxis. Outre une série de cambriolages perpétrés à Skhirate, le trio comptera bientôt à son actif six agressions contre des chauffeurs de taxis.

Leur méthode était bien rodée: ils agissaient à la tombée de la nuit, c’est Mohamed qui hélait le taxi. Une fois qu’il s’y était installé, ses deux complices surgissaient et s’installaient sur le siège arrière. Et lorsqu’ils avaient atteint un coin désert et à la faveur de l’obscurité, Mohamed sortait son couteau qu’il plaçait sur la gorge du chauffeur du taxi. Les deux complices intervenaient alors pour assommer la victime de coups de poing avant de lui ligoter les mains et les pieds et de le jeter hors du taxi. C’est Mohamed qui faisait main basse sur la recette, puis prenait le volant, démarrait et ne s’arrêtait que suffisamment loin du lieu du crime.

C’est la convoitise qui a finalement perdu Mohamed R. « Pourquoi partager lorsqu’on peut tout garder pour soi ? Il suffit d’agir seul ! », se dit, un jour, Mohamed. Sa cible ? Un cyber situé au quartier Al Massira I, à Temara. Mais alors qu’il venait de passer à l’action, il a été arrêté en flagrant délit et conduit au commissariat de police. Là, soumis à interrogatoire, Mohamed finit par avouer ses forfaits aux policiers. Mais l’un des policiers, en charge du meurtre d’un certain Abdelaziz Raji, demeure convaincu que le cambrioleur cache encore quelque chose. Abdelaziz Raji est un chauffeur de taxi, âgé de trente-deux ans dont le cadavre a été découvert, il y a quelques jours, non loin d’oued Ikkem, dans la région de Skhirate, le crâne fracassé. Son véhicule a été retrouvé abandonné au quartier Takaddoum à Rabat.

«Non, je n’ai jamais tué personne», se disculpe Mohamed quand l’officier, pris d’une intuition, accuse Mohamed d’avoir assassiné Raji. Les policiers se lancent donc à la recherche des deux complices de Mohamed. Quelques heures plus tard, ces derniers sont arrêtés et, très vite, avouent leur participation à l’agression qui a coûté la vie d’Abdelaziz Raji. Mohamed était-il en leur compagnie lors de ce crime ? « C’est lui qui a fracassé la tête de la victime à l’aide d’une pierre », affirme l’un des deux complices. Confondu, Mohamed avoue tout : «Je lui ai donné deux coups de couteau avant de lui fracasser la tête parce qu’il s’obstinait à résister…»

Mohamed R. et ses deux complices sont aujourd’hui sous les verrous. Ils attendent de passer en jugement. La prison de Rabat les attend.

Abderrafii ALOUMLIKI

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