«Arriyadia» : 100% sport

Désirant connaître le fonctionnement, les objectifs et les espoirs de cette chaîne, «Le Matin» est allé rendre visite aux journalistes qui animent Arriyadia.

Sous un ciel lourd et chargé en ce jeudi 26 octobre, nous découvrons difficilement l’immeuble de la chaîne sportive qui s’érige non loin du consulat de Belgique. L’animation qui règne au-dehors contraste avec le calme et le silence de l’extérieur. Des dizaines de journalistes se démènent, des va-et-vient incessants, Younès Alami, le directeur de la chaîne, met au point les dernières retouches pour la transmission du match de rugby Maroc-Namibie. Bref, une grande effervescence caractérise ces lieux.

«On se prépare pour la conférence de rédaction qui va se tenir dans un moment», nous confie Mehdi Radi, présentateur du journal de la chaîne. Celle-ci programme en effet un flash d’informations à 16h10min et un journal complet à 19h30.

Le journal télévisé, un «vrai casse-tête»

Il est 12h30, les journalistes d’Arriyadia, à leur tête Mehdi, vont assister à la conférence de rédaction dirigée par Hicham Ramram, rédacteur en chef. Après le choix des sujets (conférence de presse de M’hamed Fakhir, polémique WAC-Raja, inhumation de feu Mansour Lahrizi), le compte à rebours commence. Radi cherche des images pour son plateau off, puis on passe au montage. «C’est une opération que je fais tout le temps», nous explique Radi dont le professionnalisme saute aux yeux.

En effet, lauréat de l’Institut de journalisme de Tunis, Mehdi a fait un bref séjour à 2M où il faisait partie de l’équipe de journalistes des deux émissions «Lakoum Alkalima» et «Rihanat Moujtam’a», avant de rejoindre la chaîne sportive. Il n’est pas le seul journaliste issu d’une école spécialisée, puisque ses 18 autres jeunes collègues de la maison sont tous diplômés de différentes écoles, nous précise Younès Alami.

Le montage dure 15 minutes, puis Latifa Zaki, directrice de l’information, visionne et modifie s’il y a lieu avant de donner son aval. «J’ai terminé une bonne partie du travail… Il ne me reste que la rédaction du flash», commente Mehdi Radi. Après un bref repos, il rejoint l’équipe qui a déjà rassemblé les éléments du discours. Vingt minutes auront suffi au jeune présentateur pour rédiger son texte avant de passer au maquillage et à l’habillement.

Tout est fin prêt pour le passage au studio. Celui-ci, exigu, est équipé d’un matériel moderne et sophistiqué. Mehdi procède à quelques essais.

De l’autre côté, dans la régie plus précisément, une dizaine de personnes, notamment le rédacteur en chef et la directrice de l’information, suivent avec attention le déroulement des tests. A 15h50, le réalisateur annonce que le journal commencera dans quelques secondes. «Pour l’instant, on préfère enregistrer le flash et le journal quelques minutes avant les heures fixées, pour éviter tout problème technique », précise Hicham Ramram.

Comme à son habitude, Mehdi Radi s’en sort très bien. Quatre minutes 26 secondes, telle est la durée de ce flash dont la préparation a demandé plus de cinq heures de travail. Maintenant, Radi doit se consacrer à son journal de 19h30, tandis que les autres membres de l’équipe braquent leurs yeux sur l’émission «High Tech» qui débute dans quelques minutes. La rédaction retrouve de nouveau son effervescence. Et c’est reparti…

Offrir une télévision sportive, enrichie et éclaircie, en travaillant sa forme. Déjà plus regardée et plus connue que la 4e chaîne, le défi d’Arriyadia est de ne pas s’installer dans un confort qui ne saurait être que fragile et éphémère.

Repères

• 50 millions de dirhams est le budget annuel d’Arriyadia, soit, à titre de comparaison, 75 % du budget de Arrabia (la 4e) et à peine l’équivalent de trois saisons de Studio 2M.

• 80 est le nombre des membres d’Arriyadia dont 19 jeunes journalistes encadrés par dix journalistes seniors, tous venus de la presse écrite.

• 26 est la moyenne d’âge du personnel de la chaîne.

Ainsi le paysage audiovisuel marocain (PAM) s’est enrichi avec l’avènement de la nouvelle chaîne consacrée au sport, Arriyadia. Ces dernières années, pour avoir un paysage audiovisuel digne de ce nom, des chaînes thématiques ont fait leur apparition. C’est le cas de la 4e chaîne, pour l’éducation et la culture, et la 6e, pour le Saint-Coran.

Arriyadia est la dernière-née et ambitionne d’emblée de remplir sa mission, celle d’éduquer « sportivement » le téléspectateur. Pour autant, le pari sera-t-il gagné ? Une telle chaîne est-elle nécessaire sachant que TVM et 2M s’appuient beaucoup sur le sport et en font même le noyau de leur programmation ?

Avec «Alam Arriyadi», la retransmission des différents matches du championnat national, celle de la Golden League d’athlétisme, le tennis… , TVM honore largement le sport. Quant à 2M, avec «Almajala Riyadia», « Planète foot», du foot anglais, français et hollandais, le grand show de la NBA, elle réserve une place de choix au sport.

La nouvelle chaîne sera-t-elle capable de concurrencer un tel programme ? «Arriyadia existe déjà. C’est à elle de prouver maintenant que sa création était nécessaire», commente M. Abdelwahab Rami, professeur à l’Institut supérieur de l’information et de la communication (ISIC).

Mission délicate, certes, mais pas impossible. Arriyadia, pour survivre, est appelée « à créer l’événement à travers l’organisation de manifestations sportives et à promouvoir le statut du Maroc en tant que pays sportif» ajoute M. Rami.

Etre créative, distrayante, et surtout rigoureuse, voilà la perspective qui devrait être celle d’Arriyadia.

L’éducation sportive du citoyen est une mission noble, nécessaire et nécessitant un volontarisme sans faille. C’est apparemment cet esprit qui émane de l’équipe jeune qui anime la nouvelle chaîne. Espérons qu’elle sera la tâche de couleur dans cet univers de grisaille qui prévaut dans notre PAM !

Arriyadia, la chaîne de tous les sports

L’ambition de la chaîne sportive est de faire découvrir aux téléspectateurs marocains les sports les moins médiatisés dans les autres chaînes. Ainsi, le hockey sur glace, le billard et le bowling ont leur place dans la grille d’Arriyadia. Une émission «Génération intense» est même consacrée aux sports extrêmes (surf, kit-surf…) Cependant, le football restera le sport phare qui sera décliné dans toutes ses formes.

Fatima-Ezzahra Saâdane

LE MATIN

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