Des citoyens inégaux face à l’accès aux soins

Celui-ci s’avère toutefois insuffisant par rapport aux pays similaires. Les ménages doivent encore supporter une charge financière directe de 54%. Le financement collectif de la santé ne couvre, en effet, que 46% des dépenses : 25% couverts par le budget public, 16% par l’assurance maladie et 5% par d’autres institutions.

L’entrée en vigueur de l’Assurance maladie obligatoire et bientôt du Régime d’assistance médicale aux économiquement démunis (RAMED) devrait renforcer ce financement collectif et solidaire de la santé. Ainsi, cela contribuera à participer, un tant soit peu, à l’égalité des chances en matière de soins. Les populations les plus démunies recourent moins que celles aisées aux services de santé.

De nos jours, la médecine traditionnelle prévaut encore car elle est moins coûteuse, donnant l’occasion à bon nombre de charlatans de mettre en péril la santé des citoyens. Nombreux sont ceux qui, à cause de la faiblesse de l’infrastructure en soins sanitaires, ont perdu leur vie ou ont dû, durant toute leur existence, subir les séquelles d’un traitement prescrit par un herboriste ou un voyant.

Le recours aux marabouts et aux sanctuaires permet de combler le déficit enregistré en matière de soins, notamment en ce qui concerne les maladies psychiques favorisant l’enracinement d’une culture fondée sur le mysticisme.

Et pendant longtemps, l’Etat ne pouvait pas combattre ce genre de comportement car les moyens mis en place ne répondent pas aux besoins des millions de Marocains.

«La demande insatisfaite est 2,4 fois plus élevée chez les malades les plus défavorisés qui représentent 55% de cette frange sociale contre 22,8% pour les plus aisés», selon le rapport.

Quelque 41,6% des malades pauvres en milieu urbain et 60% en milieu rural ne parviennent pas ou très difficilement à accéder aux prestations de soins. Les ruraux doivent parcourir en moyenne 21 km pour se rendre à un centre public et 31 km pour recevoir des soins privés.

Ceux qui en ont les moyens (77,2%) recourent aux prestations du secteur privé. La moitié des populations urbaines peuvent se déplacer à pied à un centre de soins contre 14% seulement pour les populations rurales.

Les campagnes souffrent plus que les villes de l’insuffisance des infrastructures. En moyenne, la dépense annuelle par ménage urbain en soins de santé est de 511 DH contre 189 DH par ménage rural. Les plus nécessiteux consacrent 2,4% de leurs dépenses totales pour se soigner contre 5,8% pour les moins démunis.

Même au niveau des villes, on note encore des disparités.

Selon le rapport, les populations urbaines les plus riches bénéficient des hôpitaux publics sept fois plus que les plus nécessiteuses. En milieu urbain, de tous ceux qui accèdent aux dispensaires, 8,5% seulement sont pauvres contre 26% pour les plus riches.

Par ailleurs, le secteur de la santé au Maroc fait également face à un problème de taille : l’insuffisance des ressources humaines et le déséquilibre de leur redéploiement à travers le territoire. La solution est d’obtenir plus de postes budgétaires pour bien répondre à la croissance constante de la demande.

Le défi est grand surtout que le Maroc doit, dans les années à venir, affronter de nouveaux problèmes comme le vieillissement des populations et l’apparition de nouvelles maladies. Notre pays compte de plus en plus de vieux. Aussi, la problématique de la prise en charge se posera-t-elle avec acuité.

L’état de santé au Maroc s’est globalement amélioré ; Cependant, les données chiffrées montrent que l’effort n’a pas été suffisant. Ressources publiques limitées, mauvais ciblage des programmes de santé publics, faible gestion des hôpitaux de l’Etat, insuffisance des performances techniques du système de santé… Autant de problèmes qui ont participé à ancrer davantage les inégalités entre les villes et les campagnes.

A l’heure actuelle, le ministère de la Santé, Mohamed Cheikh Biadillah, mise sur la régionalisation pour contrecarrer tous les problèmes avec l’aide notamment de l’Union européenne et d’autres organismes internationaux. La régionalisation en matière de santé nécessite un effort de longue haleine pour bien desservir les régions de la même manière.

Mohamed Cheikh Biadillah a, à plusieurs reprises, signalé la détermination de son département à rendre la régionalisation l’une des premières priorités, car les problèmes sanitaires ne cessent de changer et d’être liés à d’autres facteurs déterminants comme le changement des habitudes alimentaires, la pollution, l’exode rural… Espérons que cette stratégie tiendra ses promesses pour que tous les Marocains accèdent sans difficultés aux soins de santé.

Jihane Gattioui

LE MATIN

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