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Tony Blair recherche un accord sur le climat et l’aide à l’Afrique

Avec réalisme, Tony Blair n’a jamais cru un seul instant que George Bush changerait d’avis cette année sur le protocole de Kyoto, signé par Bill Clinton, jamais ratifié par le Sénat et dénoncé en 2001 par Washington. Dans son entretien avec la chaîne de télévision britannique ITV, diffusé lundi, M. Bush a réaffirmé que le protocole était un accord pourri qui aurait détruit l’économie américaine .

Faute de pouvoir convaincre le premier pays pollueur de la planète de s’engager à réduire ses émissions de gaz à effet de serre, le premier ministre britannique compte atteindre, dans cette affaire, trois objectifs, avec le soutien de ses six autres partenaires signataires du protocole, en particulier la France, qui refuse de conclure un accord au rabais. Primo, le communiqué final devrait reconnaître sinon la réalité du réchauffement climatique, du moins le consensus de la communauté scientifique qu’un tel phénomène est en train de se produire. Une telle subtilité sémantique permettrait d’obtenir l’accord de Washington.

Secundo, le G8 devrait s’entendre sur les moyens d’accélérer le développement et l’adoption par l’industrie de nouvelles technologies plus propres, économisant de l’énergie et émettant moins de dioxyde de carbone.

Le troisième objectif de M. Blair est peut-être le plus crucial à long terme. Il concerne les pays émergents, notamment l’Inde et la Chine, qui émettront dans les vingt prochaines années d’énormes quantités de CO2 et n’ont pris aucun engagement de les réduire. Leur pollution ruinera largement les efforts écologiques engagés par les pays riches. M. Blair veut donc ouvrir un dialogue avec eux sur le réchauffement climatique et, sans brider leur croissance, les faire bénéficier de transferts de technologies nouvelles et contribuer au financement de leur développement propre.

MÉCANISME INNOVANT

La France, qui espère l’adoption à Gleneagles d’une sorte de socle minimal d’action commune , a souligné, mardi, la complète convergence de vues et d’objectifs entre Paris et Londres sur la lutte contre le réchauffement climatique (comme d’ailleurs sur l’aide à l’Afrique). Paris a deux autres souhaits pour le G8 : l’ouverture d’une perspective sur l’avenir international du climat au-delà de 2012, échéance de Kyoto ; un engagement sérieux à travailler sur les mécanismes de marché, et notamment sur les passerelles entre les marchés de permis d’émission fonctionnant sous le régime de Kyoto et ceux qui se développent en dehors de Kyoto, en particulier aux Etats-Unis, au niveau de chaque Etat et dans les entreprises.

S’agissant de l’Afrique, les engagements pris ou à prendre concernent deux gros dossiers : effacer la dette des pays pauvres, doubler l’aide au développement. Le premier volet, le plus symbolique, a été adopté par les ministres des finances du G8 les 10 et 11 juin. Ils ont annulé leur dette bilatérale au profit d’un premier groupe de 18 pays, et les dettes dues à la Banque mondiale, au Fonds monétaire international (FMI) et à la Banque africaine de développement. Les pays riches se sont engagés à compenser, comme le désirait notamment la France, le manque à gagner pour les institutions financières internationales.

Le deuxième objectif, qui vise à porter de 50 à 100 milliards de dollars le montant annuel de l’aide publique au développement (APD), sera au menu du sommet. Londres souhaite que les pays riches s’engagent sur un calendrier pour porter leur contribution à l’APD à 0,7 % de leur produit intérieur brut (PIB), comme l’ont fait quinze pays de l’Union européenne en promettant d’y parvenir à l’horizon 2015. A cet effet, la Grande-Bretagne a proposé de mettre en place une facilité financière internationale (IFF), un mécanisme d’emprunt obligataire destiné à financer l’aide. Les Etats-Unis ont refusé ce projet. Une IFF, dite pilote, qui financera un programme de vaccination, a néanmoins été mise en place par la France, le Royaume-Uni et la Suède.

Paris et Berlin, rejoints par quatre autres capitales, ont proposé, comme mécanisme innovant, d’instaurer une contribution de solidarité sur les billets d’avion. Cette taxe financerait la lutte contre les grandes pandémies. Elle a désormais le soutien de Londres.

Ainsi Français et Britanniques pourraient coupler leur action dans un domaine crucial pour le continent noir : la santé publique.
Jean-Pierre Langellier
source:lemonde

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