Rafic Hariri avait été menacé par la Syrie

L ‘ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri faisait l’objet de menaces syriennes plusieurs mois avant son assassinat intervenu le 14 février dernier, a affirmé vendredi 30 décembre l’ex vice-président syrien Abdel-Halim Khaddam, qui a annoncé sa démission.

Hariri était l’objet de nombreuses menaces de la Syrie (…) des choses dangereuses ont été dites. Il a été une fois convoqué à Damas où le président Bachar el-Assad lui a parlé en termes extrêmement durs, a-t-il ajouté dans une interview à la chaîne Al-Arabiya depuis Paris, la première depuis son départ de Syrie.

[b]Instigateur de la politique syrienne au Liban[/b]

Abdel Halim Khaddam, 73 ans, considéré comme l’instigateur de la politique syrienne au Liban avant le retrait des troupes syriennes de ce pays, a annoncé: J’ai décidé de démissionner. Il se dit convaincu que le processus de développement et de réformes, qu’il soit politique, économique ou administratif, ne réussirait pas.

Interrogé depuis Paris par la chaîne arabe, il a ajouté qu’il avait préféré choisir la patrie plutôt que le régime.

Le responsable syrien, en poste depuis 1984, a assuré que ses relations demeuraient amicales avec le président Bachar al-Assad.

Il a expliqué qu’il se trouvait avec sa famille dans la capitale française, où il dit rédiger ses mémoires. Il a affirmé ne pas avoir été menacé et ajouté qu’il retournerait en Syrie.

[b]Je ne le permettrai pas[/b]

D’après lui, Bachar el-Hassad avait affirmé à Rafic Hariri: Tu veux amener (un nouveau) président au Liban (…) Je ne le permettrai pas. J’écraserai quiconque essaye de renverser notre décision.

La Syrie avait imposé une prolongation du mandat du président libanais pro-syrien Emile Lahoud, ce que refusait Rafic Hariri. Les pressions syriennes avaient déclenché une crise politique au Liban.

Après cet entretien violent, relate Abdel-Halim Khaddam, Hariri est parti avec une forte tension artérielle. L’ancien vice-président syrien a souligné toutefois qu’il n’accusait pas la Syrie de complicité dans l’attentat au camion piégé qui a coûté la vie à Rafic Hariri et 20 autres personnes le 14 février à Beyrouth. C’est à la commission d’enquête de l’ONU de faire la lumière sur cette affaire, a-t-il dit.

[b]Tensions au sein du régime[/b]

La commission a souligné le rôle de la Syrie dans l’attentat, ce que dément Damas. Abdel-Halim Khaddam, qui a démissionné en juin dernier, explique dans son entretien à la chaîne de télévision panarabe qu’il rompait formellement tout lien avec le régime de Damas, critiquant l’autoritarisme du président du président el-Assad. Il affirme cependant être resté en bons termes avec lui. Il y a des divergences d’opinions mais du respect mutuel, a-t-il ajouté.

Ses propos reflètent les tensions au sein du régime de Damas. Le ministre syrien des Affaires étrangères Farouk al-Chareh a affirmé mercredi au cours d’une conférence de presse que Rafic Hariri a menti en déclarant à des responsables politiques libanais qu’il a été menacé par Assad lors d’un entretien le 26 août 2004.

[b]Accusations de corruption[/b]

Abdel-Halim Khaddam a appartenu pendant près de 30 ans à la direction du Parti Baas au pouvoir en Syrie.

Principal responsable de la politique syrienne au Liban jusqu’en 1998, il a mis en cause le chef des services de renseignement syriens au Liban, le général Rustom Ghazale, l’accusant de corruption et d’avoir demandé à Bachar el-Assad d’amener Rafic Hariri à Damas pour lui couper la tête, pour avoir créé cette situation au Liban. La Syrie a mis officiellement fin le 26 avril dernier à 29 ans de présence militaire au Liban, où les forces de Damas étaient entrées en 1976. Ghazale a été interrogé par les enquêteurs de l’ONU, comme plusieurs autres responsables des services de sécurité syriens.

Khaddam était lui un ami proche de Rafic Hariri et était le seul responsable syrien à assister à ses obsèques.

(AP)

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