Moscou coupe le robinet du gaz à l’Ukraine

Cette interruption des livraisons à l’Ukraine, qui correspond à 120 millions de mètres cubes par jour, découle du refus de Kiev d’accepter que le prix du gaz russe qui lui est livré passe de 50 dollars les 1.000 m3 – le prix de 2005 – à 230 dollars au cours de cette année.

Samedi soir, Kiev a refusé d’accepter une proposition de dernière minute du Kremlin voulant que l’Ukraine continue de payer le gaz au prix de 2005 tout au long du premier trimestre 2006, avant de le régler au prix du marché dès avril. Kiev accuse Moscou de faire deux poids deux mesure en fixant des prix différents selon les clients : 120 dollars pour les pays baltes, 110 pour les pays du Caucase et 47 dollars pour la Biélorussie.

Un porte-parole de Gazprom a indiqué que 360 millions de mètres cubes par jour continuaient d’être acheminés par la Russie via l’Ukraine vers d’autres pays d’Europe. Si les fournitures à l’Europe de l’Ouest étaient perturbées, l’Ukraine en serait seule responsable, a-t-il tenu à souligner.

Les autorités ukrainiennes étaient résolues à engager un bras de fer dès le début, et, à partir du 1er janvier, à se mettre à voler du gaz aux consommateurs européens, a accusé ce porte-parole, Sergueï Kouprianov.

Quatre-vingt pour cent des exportations de gaz russe vers l’Europe occidentale transitent par l’Ukraine. De son côté, l’Europe importe un quart de son gaz de Russie. L’Union européenne a prévu une réunion de crise de ses responsables du secteur énergétique le 4 janvier pour débattre de la situation.

La compagnie ukrainienne Naftogaz a contredit les chiffres de Gazprom en affirmant que le volume de gaz russe transitant par l’Ukraine avait diminué de 187 millions de mètres cubes par jour et non de 120 millions m3/j.

REVANCHE RUSSE SUR LA RÉVOLUTION ORANGE?

Selon Alexandre Nemoudrov, un responsable de Gazprom dans une station de pompage slovaque, le volume de gaz arrivant d’Ukraine est d’ores et déjà en diminution dimanche. Ce responsable, cité par la chaîne russe NTV qui appartient à Gazprom, a ainsi laissé entendre que Kiev compensait le manque de gaz lui étant destiné en se servant sur celui qui est dirigé vers le restant de l’Europe.

Les plus gros importateurs européens de gaz russe sont l’Allemagne, l’Italie et la France.

Cette crise du gaz survient au moment où la Russie prend en charge pour 2006 la présidence tournante du G8 (Groupe des huit) pour la toute première fois.

La Russie a dit vouloir faire de la sécurité énergétique la pierre angulaire de sa politique au sein du G8, et simultanément l’énergie devient source de danger, analyse Valery Nesterov, expert des questions énergétiques à la société de courtage moscovite Troika Dialog.

De source proche du secteur énergétique, on déclare que des installations se tiennent prêtes ici et là en Europe à puiser dans des dépôts de secours et à demander un surcroît d’approvisionnement à d’autres fournisseurs comme la Norvège et les Pays-Bas, pour que les consommateurs ne pâtissent pas d’un ralentissement éventuel des livraisons russes.

Nos abonnés espèrent qu’il y aura suffisamment de gaz en stock pour les deux ou trois prochains mois, déclare Wulf Binde, de l’association VIK des consommateurs industriels allemands d’énergie.

Une crise de l’approvisionnement risquerait d’entraîner les prix à la hausse à travers l’Europe, où ils sont déjà prêts de leurs niveaux records, étant alignés sur les cours du pétrole.

Elu il y a un an après la révolution orange, le président ukrainien Victor Iouchtchenko a cherché à émanciper son pays de la tutelle russe en le tournant vers l’Europe occidentale, l’UE et l’Otan. Les Ukrainiens affirment que c’est pour cette raison que le Kremlin cherche à punir leur gouvernement en quintuplant pratiquement ses prix du gaz.

L’express FR

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