Les socialistes Bulgares arrivent en tête des législatives

A LA RECHERCHE D’UNE COALITION

Le PSB, héritier du Parti communiste qui a gouverné le pays pendant 45 ans remporterait entre 79 et 87 des 240 sièges de la prochaine Narodno sabranie (assemblée nationale). De ce fait, le PSB, sans majorité, devra trouver un, voire plusieurs alliés pour former un gouvernement. Nous sommes prêts à engager immédiatement des consultations avec toutes les forces politiques démocratiques pour garantir la stabilité politique du pays, a déclaré le chef du PSB, Sergueï Stanichev, 39 ans, en revendiquant la victoire devant la presse. Interrogé s’il pourrait constituer une grande coalition avec le Mouvement national Siméon II (MSN II), le parti du premier ministre sortant, il a répondu : Nous ferons le nécessaire pour que la Bulgarie ait un gouvernement stable. Avec 53 sièges, le MSN II est en capacité de constituer une majorité avec le PSB. La formation d’une grande coalition a été évoquée par plusieurs responsables politiques, dont l’ex-roi Siméon II. Plus le prochain gouvernement sera large, mieux cela vaudra. On décidera plus tard, a-t-il déclaré à des journalistes. Auparavant, son ministre des Finances, Milen Veltchev, avait estimé qu’une alliance de gouvernement entre le MNS II et le PSB, où le premier ministre sortant serait reconduit dans ses fonctions, est la seule solution pour éviter un blocage institutionnel.

Le vice-président du PSB, Roumen Petkov, s’était pour sa part dit prêt à des consultations pour former un gouvernement socialement responsable. Avec ces résultats, il n’est même pas question de (M.) Stanichev comme premier ministre, a estimé Andreï Raïtchev, de l’institut Gallup. Il peut tout au plus espérer former une ‘grande alliance’ avec le MNS II mais il perdra alors l’initiative, a-t-il ajouté.

Le Mouvement pour les droits et libertés (MDL), le parti de la minorité turque qui gouvernait depuis quatre ans avec le MNS II, obtient quelque 32 sièges, soit un nombre insuffisant pour former une majorité avec le PSB comme il l’avait envisagé pendant la campagne.Le chef de ce parti, Ahmed Dogan, a néanmoins réclamé une coalition de centre-gauche avec les ex-communistes réformés.

UNE PERCÉE XÉNOPHOBE

Ataka (Attaque en bulgare), un parti xénophobe apparu cette année sur la scène politique a créé la surprise du scrutin en obtenant entre 7 et 8 % des votes, soit probablement 22 sièges. C’est la première fois dans l’histoire récente de la Bulgarie qu’une telle formation enverra des députés au parlement. Cette victoire n’est rien. Aux prochaines élections, nous gagnerons beaucoup plus, a assuré le vice-président du parti, Petar Beron. Ataka a fait le plein du vote protestataire avec l’électorat xénophobe, les eurosceptiques, les adversaires de l’Otan (dans laquelle la Bulgarie est entrée en 2003) et les radicaux de l’extrême gauche, a expliqué Jivko Georgiev, de l’institut Gallup.

Ce résultat sans précédent marque une percée de la xénophobie dans un pays balkanique qui, malgré d’importantes minorités turque et tzigane – elles représentent chacune 9 % de la population – avait réussi à sauvegarder l’harmonie entre ses différentes communautés. Dirigé par le journaliste Volen Siderov, Ataka a pris pour cible les Tziganes et les Turcs. Pendant la campagne électorale, M. Siderov a exhorté ses partisans à se dresser contre l’occupation du pays par la mafia, terme utilisé pour désigner les minorités turque, musulmane et tzigane. Vous êtes les attaquants, je suis votre arme. Enfonçons le glacis de la mafia. Rendons la Bulgarie aux Bulgares, avait-il lancé lors de l’un de ses meetings. Ataka milite parallèlement contre la corruption endémique à laquelle est en proie le pays, un thème porteur dans l’électorat, pour la fin de la mise sous tutelle de la Bulgarie par le Fonds monétaire international, imposée à Sofia après une très grave crise économique en 1997, et contre l’Union européenne, dans laquelle le pays veut entrer dès 2007.

Selon les projections des instituts spécialisés, les Forces démocratiques unies (FDU, droite, opposition) recueillent entre 7,6 et 9% des votes, soit 20 sièges. Les Démocrates pour une Bulgarie forte (DBF, droite, opposition), des scissionnistes du FDU dirigés par l’ancien premier ministre Ivan Kostov (1997-2001), ont recueilli entre 5,7 et 6 % des suffrages (19 sièges).

Le taux de participation a été estimé à 63 % par l’institut Alpha Research en légère baisse par rapport aux dernières élections générales en 2001 (66,62 %).

source:lemonde

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