Les jardins du Monde : Keukenhof, le somptueux bouquet floral de la Hollande

[img align=right]http://www.lematin.ma/journal/photos/20050814-b-Jardin-hollande.jpg[/img] Les visiteurs – on en comptabilise plus de 700 000 chaque année – qui viennent des Pays-Bas mais aussi de diverses destinations ne peuvent qu’admirer le savoir-faire et la dextérité de l’escouade de jardiniers qui s’activent tout au long de l’année, pour offrir pendant quelques semaines au printemps, de magnifiques parterres multicolores composés de tulipes, jacinthes, narcisses etc.

Ces jardins se trouvent sur la propriété de la comtesse Jacomine de Bavière qui, au XVe siècle, aimait se promener, chasser et cueillir les plantes aromatiques de son jardin pour la cuisine du château. D’où le nom de Keukenhof qui signifie jardin de la cuisine Transformé en jardin à l’anglaise en 1850 par le paysagiste Zocher qui est également le créateur de Vondelpark d’Amsterdam, le parc a retrouvé une seconde vie en 1949, lorsque le bourgmestre de Lisse, la ville voisine, à la tête d’un groupe de cultivateurs et d’exportateurs de bulbes développa l’idée d’une exposition, florilège de leur savoir-faire.

S’étalant sur 32 hectares plantés de 7 millions de bulbes de tulipes, narcisses, muscaris, iris, jacinthes, lys, etc., le parc floral de Keukenhof propose aussi plusieurs sortes de jardins : pour les amateurs de tous horizons : à la française, vers le pavillon Orange Nassau, japonais dans le fond du parc, vers le moulin de Groningen reconstruit de 1892, à l’anglaise pas très loin du pavillon de la Reine Juliana, jardin naturel, jardin historique, etc.

Cette année, c’est du 24 mars au 20 mai que Keukenhof a célébré sa 56e édition en présentant, comme chaque année, une composition différente de la précédente mais toujours aussi éblouissante. C’est une véritable débauche de couleurs, avec cette floraison programmée où l’on peut découvrir jusqu’à 600 sortes de tulipes différentes…

Ceux qui ont eu le bonheur de visiter le parc de Keukenhof parlent de fleurs flamboyantes, suaves, vives, pastels, simples, biscornues, chatoyantes, discrètes. A côté, quelques centaines d’arbustes à floraison printanière – viornes, seringats, forsythias et lilas – se mirent dans les plans d’eau ombragés d’arbres centenaires.

Les amoureux de la nature et des fleurs ont ainsi pu se promener dans les 15 km d’allées du parc entre des pelouses où sont mis en scène les massifs de fleurs printanières et au milieu des hêtres âgés de plus de 160 ans, des fontaines, des ponts et des sculptures. Les sous-bois magnifiquement fleuris.

De grandes et de petites pièces d’eau, ainsi qu’un petit canal (on est en Hollande) irriguent cet endroit de rêve.

Les espèces plus fragiles ainsi que les azalées et rhododendrons sont exposés dans une immense serre : le pavillon du Prince Willem Alexander. Au pavillon de la Reine Beatrix, ce sont des orchidées mystérieuses et envoûtantes qui accueillent le visiteur.

Pendant quelques heures, le visiteur peut se perdre dans ce délice printanier et profiter pleinement de cette halte florale car le parc ferme ses portes au bout de deux mois, le temps de préparer la plus grande fête florale du monde, dont personne ne ressort complètement le mêmeexpliquent les habitants de Lisse, la commune qui s’enorgueillie d’offrir au monde une vitrine de son savoir.

Histoire d’une tulipe

Partout au monde, celui qui voit une tulipe pense immédiatement à la Hollande. Cette fleur est devenue le symbole du pays, bien que cette dernière ne provienne pas du tout des Pays-Bas.

Depuis 1593

Carolus Clusius (Charles de l’Écluse), le célèbre biologiste du Hortus Botanicus (jardin botanique) de Leiden, est généralement reconnu comme étant celui qui a introduit en 1593 la tulipe aux Pays-Bas. Il n’y serait probablement jamais arrivé s’il n’avait pas été l’ami du Flamand De Busbecq. En sa qualité d’ambassadeur à Constantinople, ce dernier était tombé sous le charme d’une merveilleuse fleur des jardins du palais: la tulipe. Il en envoya quelques bulbes à Clusius qui décida de les cultiver dans le jardin de Leiden.

Tulpomania

La nouvelle se propagea rapidement. De riches Hollandais, touchés par sa beauté, étaient prêts à payer de fortes sommes pour un bulbe de tulipe. L’esprit commercial bien connu des Hollandais frappa ici aussi, car des acheteurs étrangers firent également leur apparition sur le marché quelque temps plus tard. La tulipe était ‘hot’ et il a même été question d’une fièvre de l’or, comparable à celle de l’Internet des années quatre-vingt-dix.

Cette fièvre tomba aussi vite qu’elle était montée. 1637 connut un krach de la tulipe et la tulpomania n’était plus qu’un souvenir. Tout bien réfléchi, la tulipe n’était pas aussi rare qu’on pouvait le penser, de sorte que ces prix faramineux n’étaient plus justifiés. La surabondance provoqua la chute des prix et la faillite de nombreux commerçants.

Un produit d’exportation

Le commerce de la tulipe n’a cependant pas changé. Cette dernière, suivie de près par le lys, le glaïeul, le narcisse et bien d’autres magnifiques fleurs d’ornement, est toujours un des produits d’exportation les plus importants des Pays-Bas. La majeure partie est destinée aux États-Unis, à l’Allemagne et au Japon. La plus grande partie du milliard de bulbes qui restent aux Pays-Bas est surtout utilisée pour la culture des tulipes coupées. ‘Un petit bouquet de fleurs pour la fête des mères ?

Histoire

C’est en 1949 que l’ancien maire de Lisse, M. W.J.H. Lambooy, et une dizaine de bulbiculteurs de premier plan ont pris l’initiative d’organiser une exposition florale annuelle en plein air. Ils ont très vite opté pour le domaine du Keukenhof: l’emplacement idéal.

Le jardin des fines herbes

Le Keukenhof n’a pas toujours été le merveilleux domaine que nous connaissons. Au 15e siècle, les 32 hectares du parc actuel faisaient partie de l’immense domaine du château de Teylingen. Jacoba van Beieren, la comtesse de Hollande, y a tenu le sceptre de 1401 à 1436. Elle utilisait une partie de son domaine comme jardin de plantes aromatiques et comme jardin potager. Chaque jour, la comtesse venait cueillir de ses propres mains les ingrédients frais pour la cuisine. Et c’est de là que le domaine du Keukenhof (Le jardin potager) tient son nom.

Un concept de 1840

En 1840, les architectes paysagistes renommés ‘Zocher & Zn’ (Zocher père et fils) ont reçu l’ordre de concevoir un parc. Ces messieurs avaient déjà accompli une tâche similaire à Amsterdam : ils avaient créé le Vondelpark. Il suffit de se promener dans le Keukenhof pour reconnaître leur main dans les environs de l’allée de hêtres (la Beukenlaan). Les arbres majestueux et la pièce d’eau datent de cette époque. Le domaine du Keukenhof a continué de s’agrandir dans les années qui suivirent pour devenir le parc actuel de 32 hectares.

Les grands de ce monde

Dès la première année, plus de 236.000 personnes visitèrent l’exposition. La preuve que le maire Lambooy et les bulbiculteurs avaient bien calculé la chose. Au fil des ans, le Keukenhof a vu le nombre de ses visiteurs augmenter pour atteindre les 600.000 à 700.000 personnes par an, avec des pointes de plus de 900.000 visiteurs.

Nous retrouvons parmi ces derniers les grands de ce monde tels que les présidents américains Eisenhower et Clinton, ainsi que la reine Elizabeth d’Angleterre. Le Keukenhof a eu aussi l’honneur d’être le décor de la première apparition en public de la princesse Máxima, qui était à l’époque encore la fiancée du prince héritier Willem-Alexander.

Keukenhof de nos jours

Le nombre de bulbiculteurs est depuis passé de 10 à plus de 90, mais le caractère est resté le même : les meilleures et les plus belles fleurs des Pays-Bas sont exposées chaque année au Keukenhof. Le Keukenhof est devenu l’un des endroits les plus connus de notre pays et l’un des centres d’intérêts les plus photographiés au monde.

source:lematin

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