Les élus de la Kabylie défient Alger

Les membres de la direction du parti qui étaient en tête de la marche ont alors instruit les élus de s’asseoir à même le sol, en continuant de scander des slogans dénonçant la mesure prise par le gouvernement algérien de dissoudre les assemblés élues en Kabylie.

Le président d’honneur du parti Front des forces socialistes algérien, Hocine Aït Ahmed, a qualifié de ras-le-bol la manifestation, organisée jeudi dernier à Alger, par les élus du parti pour s’opposer à la dissolution des assemblées locales en Kabylie y voyant un véritable événement politique.

Dans une déclaration publique parvenue dimanche à MAP- Alger, le leader du Front des Forces Socialistes souligne que ce ras-le bol jette une lumière crue sur le règne d’un pouvoir qui a fait faillite et qui se croit acculé à toutes les formes de répression, de non droit, de fraude, de corruption et de manipulation.

Ce mouvement de protestation, ajoute-t-il, redonne du sens à toutes les luttes syndicales et sociales qui se multiplient de wilaya en wilaya contre les injustices, les provocations et les impérities d’un système en folie.

Ce sursaut met à jour les intentions stratégiques des fossoyeurs de l’unité nationale qui s’avancent masqués devant le soi-disant problème kabyle , s’accrochant au statu quo ante pour continuer à refuser toute sortie de crise politique, démocratique et nationale, poursuit-il, tout en de félicitant de la lucidité et du sang-froid dont le FFS a fait preuve en organisant une manifestation à Alger. A l’adresse des décideurs, il a lancé : Celui qui ne respecte pas et méprise son peuple et ses compatriotes, se refuse à lui même la dignité des hommes libres, même si jouer de la menace et de l’esbroufe avec la communauté et l’opinion internationale réussit pour le moment.

Par ailleurs, le premier secrétaire national du FFS, Ali Laskri, a mis en garde contre les risques que comporte la décision de dissolution des assemblées locales en Kabylie dénonçant la persistance des autorités à vouloir enfoncer la région de Kabylie dans le chaos et la dislocation. Dans une déclaration, Ali Laskri met en cause la volonté des autorités à vouloir imposer une structure (NDLR: le mouvement des Arouchs ,) dont la seule aptitude est sa capacité à organiser le désordre, comme représentant exclusif d’une région aux traditions démocratiques incontestables, y voyant la preuve de la consécration officielle de la prime à la violence contre la politique”.

Il est à rappeler que la dissolution des assemblées élues en Kabylie a été décidée en conseil des ministre, la semaine dernière, dans le prolongement de l’accord conclu en janvier dernier par le gouvernement avec le mouvement citoyen des arouchs, d’obédience tribale, qui conteste la représentativité des partis politiques en Kabylie.

Aujourd’hui, tous les observateurs politiques s’accordent à dire que la création de la structure des Aarouchs par les laboratoires de la police politique répond à l’obsession incurable des décideurs à vouloir terrasser et calciner politiquement la région de Kabylie pour casser les forces représentatives, élément essentiel de la dynamique nationale de dissidence démocratique et pacifique, souligne le premier secrétaire national du FFS.

Il voit dans l’accord sur la dissolution des assemblées locales dans la région une entreprise raciste, régionaliste clairement affichée par les décideurs qui escomptent reconfigurer la scène politique en ne laissant en sa surface que les organisations-maison, les structures clientélistes et les délégués chargés de mission.

Il est à rappeler que la marche à laquelle a appelé le FFS jeudi dernier à Alger a été bloquée peu après son départ, par les forces de l’ordre qui ont empêché les manifestants de se rendre devant le siège de la présidence de la république algérienne.

Le FFS qui compte organiser d’autres actions de protestation à travers des manifestations, meetings et conférences en signe de protestation contre la dissolution des assemblées locales élues en Kabylie, entrevoit dans ce mouvement des perspectives de rassemblement de toutes les forces et syndicats autonomes qui patîssent des pratiques de verrouillage du champ politique en Algérie.

Le parti appelle dans cette optique à la création d’une commission d’enquête internationale sur les dépassements observés en Algérie, à commencer par la question des disparus en passant par le problème posé par la dissolution des assemblées élues en Kabylie.

Le FFS détient la majorité des sièges dans les assemblées locales en Kabylie, suite aux élections d’octobre 2002, rappelle-t-on, et se considère comme étant le principal parti visé par la décision de dissolution qu’il juge inconstitutionnelle.

La dissolution des mairies de Kabylie devra permettre l’organisation d’élections partielles dont la date n’a pas encore été fixée, alors que le mandat des élus locaux ne devrait expirer que dans 18 mois.

Le FFS focalise actuellement son action sur la contestation de la dissolution des assemblées locales élues de Kabylie et n’a pas encore décidé s’il participera ou non aux élections partielles envisagées dans la région.

source:lematin

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