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France: l’état d’urgence prolongé

Chirac veut aider les jeunes
Le gouvernement français a adopté lundi un projet de loi prolongeant pour trois mois l’état d’urgence face aux violences dans les banlieues alors que le président Jacques Chirac a promis solennellement aux Français de s’attaquer au poison des discriminations pour mieux intégrer les jeunes d’origine immigrée.
Le retour au calme semblait cependant se confirmer dans la nuit de lundi à mardi dans les banlieues françaises où 162 véhicules ont été incendiés et 42 interpellations ont été enregistrées à 04H00, contre respectivement 271 et 112 relevés la nuit précédente à la même heure, selon un bilan provisoire de la direction générale de la police nationale.
FOCUS:
La banlieue va mal
PHOTO: Incendie d’un parking dans la nuit du 4 au 5 novembre à Surennes dans la banlieue parisienne

« C’est notre mai 68 » s’insurge un jeune issu de la banlieue devant les caméras d’une chaîne française. Cela fait maintenant onze nuit consécutives que les quartiers français défavorisés et à forte population immigrée s’embrasent.

En quelques jours près de 3500 véhicules ont été brûlés, des bâtiments publics saccagés, des voitures béliers jetées contre des commissariats, 800 arrestations ont été effectuées. Le moins que l’on puisse dire c’est que la France des banlieues va mal.

Tout a débuté le 27 octobre lorsque deux jeunes Français, d’origine immigrée qui se croyaient poursuivis par la police meurent électrocutés dans l’enceinte d’un transformateur électrique à Clichy-sous-Bois, une banlieue pauvre au nord-est de Paris. Le drame déclenche le soir même des violences.

Depuis les nuits se suivent et se ressemblent en France. Le phénomène loin de s’apaiser prend de l’ampleur et s’étend à tout le pays. Le mot « racaille » utilisé par le Ministre de l’Intérieur M. Sarkozy pour qualifier les fauteurs de troubles ne fera qu’accentuer les tensions. Ces dernières nuits ont été les plus violentes. 1408 véhicules brûlés et 395 interpellations pour la nuit du 7 au 8 novembre.

Des observateurs n’hésitent pas à mettre en garde contre une « guerre civile » alors que le débat fait rage dans les rues, les milieux intellectuels politiques ou associatifs de l’Hexagone avec, en suspend, une question centrale. Pourquoi ? Pourquoi ce qui à l’origine est une tragédie malheureusement courante de la vie urbaine prend soudainement des proportions gigantesques. Les réponses diffèrent.

« GHETTOISATION »

certains, sensible au discours ultra-sécuritaire d’un Nicolas Sarkozy en campagne présidentielle, voient dans cette montée de la violence le produit d’un laxisme des autorités vis-à-vis de la délinquance, d’autres y voient plutôt le symptôme d’une société inégalitaire, déboussolée et divisée.

Dans une intervention lors d’une émission télévisée, le ministre délégué à la Promotion de l’égalité des chances, Azouz Begag, tout en dénonçant l’attitude des casseurs, a rappelé en pointait du doigt sur la situation déplorable des quartiers déshérités ceinturant les grandes villes, que l’ascenseur social était en panne.

La sphère associative travaillant dans ces quartiers rappelle que le chômage, la pauvreté, l’échec scolaire et le sentiment d’être mis à l’écart de la société sont en autant de tares qui étouffent l’espoir d’un avenir meilleur pour les jeunes. Certains responsables estiment que l’explosion de la violence est le produit d’une politique de « ghettoïsation » d’une frange de la population.

Un des signes indicateurs forts de cette réalité est rapporté par l’Association Droit Au Logement (DAL) qui souligne sur son site que les difficultés d’accès au logement des ménages modestes ou pauvres, notamment immigrés, s’accroissent. Fait nouveau et inquiétant : ce phénomène touche même des personnes qui travaillent et qui se retrouvent SDF !

Depuis quelques temps font remarquer les obsevateurs l’Etat français adopte face aux violences urbaines une attitude répressive, à défaut d’être préventive. Pour de nombreux analystes c’est cette méthode même qui pose problème comme l’expliquait il y a quelques années Rémy Leveau et Michel Wieviorka dans la revue Conflit et culture (n°6: Emeutes urbaines) : « Face aux incertitudes, à l’insécurité, la tentation des Etats n’est-elle pas de monter contre les sauvages urbains , ces nouvelles classes dangereuses, des opérations de type vigipirate , d’adopter une attitude purement répressive ? ».

Et de mettre en garde. « Les résultats (de la démarche répressive) peuvent vite s’avérer producteurs de ce qu’il s’agit d’éradiquer, en enfermant des groupes entiers dans une définition ethnique, voire radicale, autant imposée du dehors que voulue ou assumée, en enclenchant ou en accélérant une dialectique des identités, qui fait qu’à toute affirmation identitaire d’un groupe ne peut que correspondre, en réponse l’affirmation d’autres groupes » Comment ne pas penser dans ce contexte aux déclarations et à la politique de Nicolas Sarkozy ?

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