Une plaisanterie tourne au meurtre

Mais, ils sont des clients fidèles qui fréquentent souvent le lieu. Les videurs, les barmaids, les serveurs et serveuses et la majorité des clients les connaissaient. Faute de place au rez-de-chaussée, les quatre amis se sont installés au premier étage. Ils ont pris place autour d’une table. La serveuse s’est présentée à eux. Elle les connaissait tous. La preuve : Elle leur a fait la bise. Qu’est-ce qu’ils voulaient boire ? Bière, vin rouge ou whisky? Les quatre amis se sont mis d’accord de cotiser cent dirhams chacun pour s’offrir une bouteille de whisky. La serveuse a disparu quelques minutes pour revenir avec le whisky. Tout d’un coup, l’un des quatre amis, Mohamed, est tombé à la renverse et a perdu connaissance. Les clients n’ont pas su ce qui lui est arrivé. Ses trois amis ont arrêté de boire, ont essayé de le réveiller et l’ont aspergé d’eau, lui ont mis du parfum près de son nez, lui ont donné à boire de l’eau. Mais en vain. Du sang coulait de sa tête. Qu’est-ce qu’ils devaient faire pour l’aider à reprendre conscience ? Le caissier du bar a appelé un médecin privé qui est venu en un clin d’œil. En l’examinant, il leur a lancé la mauvaise nouvelle : Mohamed a passé de vie à trépas. Aussitôt, la police judiciaire de Hay Mohammadi-Aïn Sebaâ a été avisée. Les enquêteurs sont arrivés quelques minutes plus tard. Le fourgon mortuaire a évacué le cadavre à l’hôpital médico-légal. Les policiers ont demandé s’il était seul ou en compagnie de quelqu’un. «Ils étaient quatre», a répondu l’un des clients. Mais un seul ami, Abdellah, s’est présenté devant eux. Où sont les deux autres ? Abdellah leur a donné leurs adresses. Quelques éléments de la brigade, qui s’est chargée de l’affaire, se sont dépêchés à leurs domiciles pour les conduire au commissariat où se trouvaient le troisième ami, les barmaids, les serveurs, le gérant du bar. Qu’est-ce qui est arrivé à Mohamed? Une bagarre ? Non, il ne s’agit que d’une plaisanterie qui a mal fini. Comment ? Les quatre amis se sont rencontrés vers midi au marché de légumes en gros. Après quoi, ils se sont rendus au quartier Bournazel pour se rendre ensuite à un restaurant de Kariat Al Jamaâ où ils ont déjeuné. Ils ont pris un plat de friture de poissons. Heureux, ils ont décidé d’acheter des bières pour les consommer sur la plage d’Aïn Sebaâ. Quand ils ont vidé les bouteilles, ils ont pris le chemin à destination du bar «Transport». Autour de la table, Abdellah n’a pas voulu boire du whisky. Mohamed lui a commandé dix bières. Et ils ont commencé à s’enivrer en plaisantant. Rapidement, Mohamed a bu deux verres au moment où ses deux amis ( ils sont deux frères) qui buvaient également du whisky, n’ont ingurgité qu’un seul. Ils lui ont reproché d’avoir bu un verre de plus qu’eux. Mais, Mohamed a continué à boire rapidement tout en dansant. À ce moment, Abdellah lui a demandé de se calmer. Mohamed s’est avancé vers lui en disant : «Tu te tais puisque tu ne peux pas boire du whisky». En buvant sa bière, Abdellah lui a répondu : «Ah vraiment tu as une dure tête». C’est à ce moment-là que Mohamed, tout en plaisantant, s’est apprêté à donner un coup de tête à Abdellah. Seulement, ce dernier était plus rapide et plus fort que lui. Toujours en bavardant, il lui a donné un seul coup de tête. Mohamed tombe à la renverse. Un instant plus tard, il a rendu l’âme. L’autopsie a révélé que Mohamed, qui était diabétique, a rendu l’âme suite à un traumatisme crânien. Et Abdellah, âgé de quarante-cinq ans, père de trois enfants, s’est retrouvé derrière les barreaux pour une plaisanterie de mauvais goût.

Abderrafii ALOUMLIKI

Aujourdhui.ma

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