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Un exorciste viole une femme à Khémisset

«Ton cas ne relève pas de la médecine…», lui a-t-elle expliqué. Elle lui a relaté les histoires de quelques voisines, amies et proches qui ont enduré le même calvaire que Fatima et qui ont été soignées par un Fkih soussi dont elle lui a donné l’adresse.
De retour chez-elle, Fatima s’en est ouverte à son mari et lui a demandé de l’accompagner chez le Fkih. Il s’en est abstenu, lui suggérant de se faire accompagner par sa mère.
Ce qu’elle fit le lendemain. Après l’avoir longuement regardée en marmonnant des mots incompréhensibles, le charlatan lui dit de bout en blanc : «Tu es possédée par des djinns…». Il lui a expliqué qu’elle en est devenue l’esclave depuis belle lurette et que c’est eux qui sont la cause de ses maux. La solution ? Se soumettre à plusieurs séances d’exorcisme. «Il te faut faire preuve d’un peu de patience…», lui a-t-il recommandé.
Elle a donc commencé à se rendre chez lui de temps en temps. Seule, comme il le lui a demandé. Le rituel était toujours le même. Le Fkih récitait des versets coraniques et des incantations incompréhensibles avant de brûler tellement d’encens qu’elle perdait connaissance. Et l’issue de chaque séance, elle était obligée de s’acquitter d’une certaine somme d’argent. Un premier mois puis un deuxième se sont passés. Sa santé s’est-elle améliorée ? Non, mais elle en avait l’espoir.
Au bout de deux ans de séances d’exorcisme, nul changement ne s’est opéré pour elle. Et pourtant, elle a continué à se rendre chez le Fkih. Du moins jusqu’au jour où elle a découvert qu’il y avait des traces de sperme sur sa culotte. Elle en a alors parlé à son frère et ce dernier en a fait état au mari de Fatima. Plainte a alors été déposée auprès de la police judiciaire de la ville de Khémisset.
Le Fkih a été arrêté et soumis à interrogatoire. Il a avoué avoir couché avec Fatima «avec son consentement» et qu’elle était même tombée amoureuse de lui; ce que cette dernière a nié avec force.
Dans le cadre de leurs investigations, les enquêteurs ont néanmoins découvert que ce Fkih avait déjà purgé une peine d’emprisonnement pour attentat à la pudeur sur une mineure.
A l’issue de leur procédure, ils l’ont donc traduit devant la Cour d’appel de Rabat pour les seuls crimes de viol et d’escroquerie. Le désistement de sa femme lui a, entre-temps, permis de ne pas être également poursuivi pour adultère.

Abderrafii ALOUMLIKI
Aujourdhui.ma

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