Un adliste exécute sa mère à Agadir

L’un des badauds, attroupés autour du cadavre, alerte la police en composant le numéro 19. Les éléments de la police judiciaire de la ville touristique se sont dépêchés rapidement sur les lieux. Les badauds ont été dispersés pour procéder au constat d’usage : la femme, quinquagénaire, ne portait aucune blessure au niveau de son corps, à l’exception de sa tête fracassée. Le sang qui coulait de sa tête est coagulé.

«Il semble qu’elle a été tuée, il y a quelques heures», a confié un élément de la PJ de la sûreté d’Agadir à son collègue qui continuait à regarder attentivement le cadavre et notait les remarques dans son calepin. La victime portait un blouson bleu, la tenue des ouvrières.

Est-elle une ouvrière ? Etait-elle accompagnée par quelqu’un ou seule ? Les questions se multipliaient et les enquêteurs cherchaient sur les lieux un seul indice les menant au meurtrier. Mais en vain. Personne n’a assisté au crime. Le cadavre a été évacué vers la morgue de l’hôpital Hassan II à Agadir. Portait-elle sur elle une carte d’identité nationale ? Non. En fouillant ses poches, les limiers de la police judiciaire d’Agadir ont trouvé plutôt sa carte de travail. Ce document leur a permis d’identifier la victime. Elle s’appelle Jemaâ, née en 1954 et divorcée. Elle travaillait dans une société de conserve de sardine depuis dix-huit ans. Elle demeure dans un douar non loin du lieu où son cadavre a été découvert. Est-elle partie ce jour à son emploi? «Elle est sortie vers 11 h du matin après que son fils l’a appelée…», a révélé ses collègues aux policiers. S’agit-il d’une affaire de matricide ? Les enquêteurs sont rapidement allés vers la demeure de la défunte pour chercher son fils. Quand ils ont frappé à la porte, c’est lui qui leur a ouvert.

Barbu, le jeune Ahmed, âgé de trente-deux ans, leur a demandé s’ils sont des policiers. Après quoi, il leur a tendu ses deux poignets en signe de soumission. Coffré dans un fourgon, il a été conduit au commissariat pour être soumis aux interrogatoires.

Il a avoué avoir tué sa mère. Il a également avoué être un ancien membre d’Al Adl Wal Ihssan et qu’il a quitté ses rangs depuis quelques mois. Pourquoi a-t-il quitté ce mouvement ? Il n’a donné aucune explication aux enquêteurs. Ces derniers lui ont demandé s’il s’est enrôlé dans un autre mouvement islamique. «Non», a répondu Ahmed qui a précisé aux enquêteurs qu’il croit toujours aux principes d’Abdeslam Yassine qu’il apprécie toujours. Existe-t-il une relation entre le meurtre de sa mère et ses croyances ? Non, a-t-il précisé aux enquêteurs.

Il leur a avoué avoir toujours soupçonné ses origines. Il croit dur comme fer qu’il est le fruit d’une relation extraconjugale entre sa mère et le deuxième ex-mari de cette dernière, et non le fils de son premier ex-mari comme lui expliquait-elle. Des soupçons infondés qui ont obsédé son esprit. Sa mère n’a pas réussi de le débarrasser de telles idées. Mardi 20 mars, il l’appelle de l’usine. Les deux engagent une conversation.

Arrivé sur le lieu du crime, Ahmed a reculé quelques pas, laissant sa mère en avant. Soudain, il a saisi une pierre et l’a surprise par plusieurs coups sur la tête jusqu’à son évanouissement. Paisiblement, il a quitté le lieu pour rentrer chez lui comme si rien ne s’est passé. Est-il vraiment le fruit d’une relation extraconjugale ? Son père, qui a été convoqué par la police, a confirmé sa parenté. Ahmed a été traduit, le vendredi dernier, devant le parquet général de la Cour d’appel.

Abderrafii ALOUMLIKI

Aujourdhui.ma

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