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TV : la télé-réalité, ascenseur social ?

L’attrait principal est limpide : sortir de l’anonymat, obtenir une reconnaissance, devenir une « star », et gagner du fric. Plus que tout, court-circuiter les modèles de réussite sociale obtenue par les études ou l’acharnement au travail, tous deux hors de portée du plus grand nombre. La télé se mue alors en tremplin idéal. D’autant plus que les lieux d’expression pour la créativité, largement étouffée par la famille et le modèle scolaire, sont quasi inexistants. La télé-réalité serait-elle un ascenseur social ? Beaucoup de candidats et bien peu d’élus… Pour l’édition 2004 de « Studio 2M », 1500 candidats se sont présentés pour la seule Casablanca. Un tel succès que, cette année, la chaîne élargit le recrutement à huit villes du Maroc, et y ajoute Montréal. L’ampleur de ce phénomène est significative. La télé-réalité s’est de fait imposée comme une des rares fenêtres d’expression de toute une jeunesse, plus de 60% de la population. Pour l’instant, insiste Selma Sqalli : « On ne fait pas de télé-réalité. La télé-réalité, c’est Star Academy, quand on entre dans la vie privée des gens. Nous on cherche des jeunes, on les forme, on fait émerger des talents », Pourtant, le petit écran fait miroiter le succès tant espéré, même éphémère, à de jeunes talents, dans la chanson et le foot, des domaines qui se vendent facilement, en fonction des codes dominants, souvent occidentaux.

De la désillusion dans l’air
La télé véhicule et crée des modèles d’identification. Témoin, la popularité de ses élus. Témoin aussi les réactions passionnelles qui accompagnent ce phénomène : engouement à la limite de l’hystérie ou rejet non moins épidermique d’un fait perçu comme importé et qui peut potentiellement perturber le schéma sociétal classique. Selon le sociologue Jamal Khalil, rien de plus normal que cette ambivalence quand le fait est récent et qu’il touche à la production de modèles : « De toutes façons, il est trop tôt pour faire un véritable bilan. Mais on peut d’ores et déjà reconnaître que ce type d’émission donne la parole à ceux qui ne l’avaient jamais eue », Réserve de taille : ils sont cantonnés dans un créneau démagogique et commercial, qui use et abuse d’un ressort de séduction, sans valoriser ni la compétence ni le travail. 90% de part de marchés en prime time pour « Studio 2M », 57 points d’audience : si le succès est incontestable pour la chaîne et ses téléspectateurs, ce n’est pas aussi vrai pour tous les candidats. Alors que Joudia accumule les sollicitations dans la chanson francophone, Aziz échoue dans la chanson arabe. Son cas donne à réfléchir. Eté 2004, il remporte la finale de « Studio 2M ». Pour ce, il avait quitté l’Italie et son travail. Il était pourtant le soutien financier de sa famille. Un an plus tard, Aziz fait la plonge dans un restaurant de Casablanca. La télé-réalité n’omet pas les réalités.

source:lejournal-hebdo

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